11/07/2024
Let me see your hands!
Il faudrait être fan hardcore pour dire si le concert de Simple Minds hier au théâtre antique de Lyon était mieux qu’un autre (de la tournée) ou un des meilleurs d’un groupe tellement antique lui-même que les Lyonnais les plus vieux l’auront vu dans des salles aussi diverses que le Palais d’hiver (en 1983), le Palais des Sports, la Halle Tony-Garnier, la salle 3000, et donc, hier, à guichets archi-fermés, au théâtre de Fourvière, dans ce cadre que le groupe semble affecter, en témoignent leurs passages à Taormina, Rome ou autres enceintes idylliques, par leur disposition, la beauté du site. On peut avoir jugé le concert d’hier un peu mou, avant une première session ramenée à New Gold Dream, l’album sorti en 1982 – après, quand même, que Jim (Kerr) a enflammé le site, d’entrée, sur Waterfront, puis Someone somewhere, le titre-phare de NGD, celui que n’importe quel quinqua a accompagné, dans sa jeunesse, d’une danse new-wave pénétrée, en espérant que la fille de la fac le regarde enfin. SM, depuis 2015, ce sont des concerts en deux parties, au milieu desquelles le chanteur-patriarche, toujours aussi classe, va se rafraichir en loge devant un ou deux whiskies, de son propre aveu. C’est aussi un lead-singer qui a accepté de vieillir et qui confie des parts vocales – voire des chansons entières, comme Book of brilliant things - à sa superbe choriste Sarah Brown, résurgence d’Aretha Franklin à la robe lamée. C’est sur elle que Jim s’appuiera pour lancer le mythique Mandela Day, qui nous fait nous rappeler qu’on a tous levé le poing un jour en chœur et qu’on a tous aussi rêvé du t-shirt noir manches longues porté lors du concert de Wembley, en 1988, juste avant que Johnny Marr vienne assister un Charlie Burchill toujours aussi cristallin dans un son que seul ce groupe a su faire perdurer. Mandela Day, alors, dans un light-show aux couleur sud-africaines, pour saisir qu’on est dans la deuxième partie, plus tubesque, plus enlevée, forcément. Il y a Sanctify yourself, pour faire – enfin – se lever les vieux (dont moi), un dernier sursis avec le long et progressif « Belfast Child », la formation est rodée, le bassiste excellent et la batteur(e), Cherisse Ossei, animale, finissant la moitié des morceaux debout. L’immense frontman qu’a toujours été Jim Kerr se contorsionne, nous met minables avec ses génuflexions, nous qui souffrons d’arthrose et d’un manque de place, dans les gradins, pour étendre nos jambes. Il n’y eut guère de surprises, ou je ne les aurai pas reconnues, quelques morceaux, peut-être nouveaux, tentés pour se convaincre d’une actualité qui est, quand même, l’essence des artistes qui nous font vivre. Et puis, comme un exutoire, le Don’t you que tout le monde attendait, qui fait qu'en une seconde, on se demande qui de Bender, d'Andrew, de Claire, de Brian ou d’Allison – les personnages de Breakfast Club – nous sommes restés, à moins qu’on ait construit nos vies, comme le film, sur un mélange des cinq, avec la même question, toujours en suspens, celle pour laquelle les élèves du lycée Shermer ont été collés, le samedi 24 mars 1984 : Qui pensez-vous être ?
Il y a tout ça dans un concert de Simple Minds, enfin, pour moi, même un peu plus. Et puis les aléas, les accidents, ça vous incite, quand vous recroisez quelqu’un qui a été très proche, à le regarder sortir de scène jusqu’au bout, sans ciller. En vous disant, sans urgence, qu’il ne s’est finalement passé que quarante ans, ou presque, depuis le premier concert. Le final de Dont’you, ça n’est pas compliqué, se souvient cet ex-groupe de stades : la, lalalala, lalalala, lalalalalalalalalalala, et on recommence, à s’en casser la voix. Jim s’amuse, regarde sa montre, les coussins voler dans la lumière, ils pourraient finir là-dessus, mais il propose d’en faire une dernière, et c’est Alive & Kicking, qui se termine, variation, par palalalalala, palalalalala, palaooo, palaooo, ad libitum. De quoi partir heureux, en se donnant rendez-vous pour le prochain. Sans savoir quand, ni si. C’est le jeu.
07:41 Publié dans Blog | Lien permanent
Les commentaires sont fermés.