28/06/2024
Danse & dense.
C’est très étrange, un – premier – concert de Eddy de Pretto, dans le cadre de mon Farewell Live Tour qui me verra, si tout va bien, pour moi comme pour eux, faire mes derniers tours de piste avec Sanson, Mc Cartney en décembre, Springsteen fin mai, après que Murat, Higelin, Arno ont anticipé la rupture. Tous ces artistes qui ont marqué ma vie de leurs chansons, je n’en verrai plus que quelques-uns, encore, comme Eicher ou le Voyage de Noz, lequel devrait m’enterrer, si tout va (encore) bien. Alors hier, au théâtre de la Mer, voir des techniciens s’affairer, lors du changement de plateau, sur autre chose que des instruments, ça a un poil perturbé mes quarante années de concerts (depuis Tears for Fears à la Bulle Tony Garnier). Il fallait finaliser une espèce de plateau suspendu, une passerelle, derrière laquelle un écran géant montre des musiciens filmés, en bande-son, devant lesquels l’artiste, qui arrive dans son Marcel blanc classique, commence à chanter, en les présentant, comme s’il était avec eux. D’ailleurs, si j’ai bien compris, il y a un morceau qu’on le voie jouer avec eux : il a quitté la scène côté cour, est réapparu sur l’écran, dans la salle de musique, avec le même débardeur. C’est donc un spectacle écrit au cordeau, à la seconde près, et un immense niveau d’interprétation, d’effets et de rapport au public. Avec des apparitions stroboscopiques (les Rimbaud, Verlaine, Genet, Elton, Freddy et Cie, un fond de flammes, d’électro, puisqu’il a délaissé les montagnes pour la mer du théâtre du même nom. Des chansons que je ne connais pas, mais qui sont, là aussi, un écrin pour exprimer la solitude (personne pour l’hiver, magnifique), l’anormalité qu’on nous affecte, dans l’apparence, les désirs etc. Il faut voir ce garçon se démener sur une bande son en athlète, en danseur, en pro de la caméra (un mini drone, un face à face à terre, à même les planches). J’ai été surpris qu’il annonce une heure ensemble, ravi qu’il tienne davantage, qu’il fasse danser le public, l’intègre à sa catharsis. A sa thérapie. Love n’Tendresse,finalement, c’est ce qu’il nous reste. La fête de trop clôt le spectacle, atypique, je la reconnais et l’envoie à mon enfant, il s’y reconnaîtra. On ne peut qu’aimer ce garçon sur scène, se dire qu’il faudrait revoir ce spectacle – puisque c’en est un – en indoor, avec un light show encore plus impressionnant. C’est un chorégraphe de haut niveau, dont les textes, qui plus est, sont nourris, complexes à chanter : c’est danse et dense. Bon, les musiciens virtuels, c’est dur pour un quinquagénaire qui a applaudi l’arrivée du piano de Véro à Fourvière en 1998 comme à Sète, deux jours avant Eddy de Pretto. Il faut vivre avec son temps, quitte à ce qu’il soit celui des autres.
15:05 Publié dans Blog | Lien permanent
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