13/12/2023
Librairie Bisey - Mulhouse 13.12.23
Il y a parfois des étapes dans l’existence, et celle qu’on s’était fixée, avec Clara, était de lancer en Alsace, sur les traces de mon héroïne, la première pierre d’un projet défendable professionnellement. De sortir de nos heureuses coïncidences ou de nos ratés rattrapés pour savoir, au temps près, à quel moment lancer le morceau, nous rejoindre, passer la voix sur le jeu ou l’inverse. La belle librairie Bisey de Mulhouse, dont on ne pourrait deviner, au premier abord, qu’elle occupe des lieux provisoires est immense, superbement dotée – je vois un Pascal Ory, en passant – et Luc et Myrina nous accueillent avec sympathie, le temps de savoir où se placer, aller manger un bretzel sur le Marché de Noël et espérer que quelques bonnes âmes viennent nous écouter. Période difficile, d’après les libraires – la rencontre de demain vient d’être annulée – mais Myriam, la régionale de l’étape, a fait son travail et c’est une bonne dizaine de personnes qui viennent quand Clara et moi avions décidé que même seuls, nous jouerions pour nous, et ceux qui se sont démenés pour que l’on vienne. Que je traverse la France, via le train de 5h11 ce matin pour arriver dans un appartement mal isolé sous les toits, gelé tout l’après-midi avant que je laisse le chauffage à 29° pour pouvoir, dans quelques minutes, passer une nuit complète et réparatrice. Deux heures de répétition, de repères, de notes, et une volonté absolue de ma part, élever mon niveau, de diction, d’intonations. Ne plus rien précipiter, ne dire avec force que ce qui le nécessite. Ma pépite à côté de moi, comme un bonheur permanent : 55mn, nous le tenons, notre spectacle, il est au point, ça s’enchaîne avec limpidité, exigence quand il le faut – le Silvestrov n’est pas facile – maestria pour finir sur notre inédit à nous, ce Camille sur lequel les auditeurs s’en vont, avec le texte quand tout va bien. Il faudra revenir, un jour, là où nous avons tâtonné, et ne pas (jamais) crier victoire : à Thann, vendredi, dans la même librairie Bisey, il faudra remettre l’ouvrage sur le métier, mais c’est avec un plaisir renouvelé. Qui créé des besoins, des nécessités que ça arrive encore et encore. À Montpellier, en février. À Sète, à Lyon, au Printemps. Plus nous jouerons, plus nous aurons envie de jouer et ceux qui sont là auront envie de nous voir jouer. C’est plutôt simple, la musique. Simple et tranquille, comme une bergamasque de Debussy. Quoi, celle-ci ?
PS: merci aux autochtones d'avoir supporté mon accent défaillant. C'est vrai que prononcer Burnhaupt comme Burn-out ou Aspach comme espoir n'aide pas l'auditeur à la concentration. C'est pourtant une écoute impressionnante - jusqu'à ne pas oser applaudir Clara - à laquelle nous avons fait face.
Burnhaupt- le-Haut/Aspach-le-Bas,
23:49 Publié dans Blog | Lien permanent
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