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16/12/2023

Librairie Bisey - Thann / 15.12.2023

clara@I.jpegC’est tout petit, Thann, et on comptait un peu sur la jurisprudence Megevette, cette idée que quand un seul événement est programmé sur un seul soir, à un seul endroit, on pourrait compter sur un peu de monde à la librairie Bisey, l’autre. Les fidèles de Luc (Widmaier, le maitre des lieux) sont venus, une petite grappe, mais Clara et moi, comme l’avant-veille à Mulhouse, nous étions décidés à jouer coûte que coûte, fût-ce pour prendre des images, monter un produit d’appel, bref, ce qu’il faut faire pour que le projet perdure. Alors nous avons joué, pour les rares présents, qui devraient pouvoir dire qu’ils ont passé une bonne soirée. Le duo est rodé, on sait depuis le Baratin qu’il faut une ouverture et Clara s’y colle, je présente la thématique Aurelia, l’aspect local, j’intègre aussi mon triumvirat féminin, Camille-Clara (l’autre)-Aurelia, j’enchaine, comme mercredi, les extraits des jardins d’Ellington – entre Zillisheim (bien prononcé, cette fois !), Dornach ou Altkirch – avec un bout de la Valse, Claudel, en restituant l’époque de l’attente avant les portables, rue de Varenne ou pas, Clara commence le morceau de Sandro en pizzicati, avant d’en jouer la mélodie, ça passe mieux que mardi, mais ça sera le morceau faible, en tout cas pas adapté, qui ne restera pas. Je prends un peu plus de temps pour situer Aurelia dans son époque – l’Ukraine du début du XXe siècle, celle des pogroms – et son action, l’urgence des départs obligés et la certitude d’une destinée pour ce personnage incroyable. J’aborde les thèmes et les souvenirs qui me font me répéter, mais dont je dois convaincre l’auditoire : l’écriture est une chose sérieuse qui demande un travail permanent, dont le premier est fuir toute sorte de paresse. Depuis le début, Clara me propose en parallèle d’Aurelia cet hommage à Bach de Valentin Silvestrov, une pièce exigeante, aux répétitions hypnotiques, c’est à la fin de ce morceau que les spectateurs l’applaudissent, comme s’ils ne pouvaient plus se retenir. C’est le moment de désacraliser, de lancer notre ping-pong commun sur un texte que j’ai écrit pour elle : il y a des sourires, on joue avec le plus grand des sérieux, celui que Nietzsche appelle quand il s’agit de retrouver nos jeux d’enfants. C’est juste avant le Chant des oiseaux, une pièce éthérée, qui confine au sublime dans ses dernières notes, de si légers pépiements pour un visage presque déformé par la concentration. Notre clôture, c’est notre marque de fabrique, c’est un Camille que je pourrais presque dire sans texte tellement je m’inspire d’une chanson que j’ai écoutée un milliard de fois depuis dix ans. Ça tombe pile, juste, l’objectif de nos retrouvailles ici est atteint, rédiger le projet, le connaître parfaitement, maintenant, chercher, à l’avenir, à en tirer une moëlle encore plus substantifique, et le proposer à qui veut l’entendre. Le voir, aussi, presque surtout, tant c’est entre nous que ça se passe, moi les deux pieds dans la terre de l’écrit et elle, sublime, dans les étoiles qu’elle tutoie. Qu’elle m’a permis de côtoyer deux fois encore, après les deux (avant)premières et avant qu’on aille faire un tour du côté de Montpellier, le 3.02. De Sète, la veille, peut-être. De la Casa – au sens propre comme au figuré – au printemps. Nous reprendrons chacun notre route, un jour, qui arrivera vite, mais on aura connu ça ensemble. Et nous sommes déjà invités à revenir dans la librairie Bisey, l’historique, quand elle aura été rénovée. Rendez-vous est pris, puisqu’il n’est pas de hasard.

Photo: Myrina/ non-contractuelle, portable oublié dans la voiture de retour! 

00:54 Publié dans Blog | Lien permanent

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