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14/11/2023

JYS

couv_livre_3305.jpegÉvidemment, dans la vie, il y a des gens qui marquent davantage que d’autres. Il faudrait encore que je raconte la façon dont, très jeune enseignant, j’ai compris en le regardant faire, à quel point une veste bien portée et le verbe haut peuvent aider à mettre à distance n’importe quel impétrant, quel que soit son rang, quelle que soit sa fonction. Il était ainsi, JYS, cet ami dont j’ai serré la main longuement dimanche pour la dernière fois, capable de se faire instantanément détester – toujours pour de mauvaises raisons – mais prompt à défendre n’importe quelle cause, pourvu qu’elle lui paraisse juste. Et extrêmement fidèle en amitié, ça n’est pas donné à tout le monde. Il faut aussi dire que ce libraire-anarchiste, devenu professeur d’éducation socio-culturelle au lycée horticole de Dardilly – ne lui demandez pas où se trouvent les serres, il ne sait pas (pas plus que moi) – a su s’adapter au tournant politique de sa vie, quand il est devenu responsable de la sécurité de la ville de Lyon, juste avant les attentats de Charlie-Hebdo. Il faut savoir à quel point les rangs des pompiers ou des forces de l’ordre ont aimé travailler avec cet homme droit et efficace, jusqu’à venir, du plus simple au plus prestigieux d’entre eux, le visiter à l’hôpital, ces derniers mois. Le service a compté jusqu’à 25 visites par jour, paraît-il, et il ne s’en est jamais fatigué, jusqu’à la fin, jusqu’à dimanche pour moi, jusqu’à la nuit que son ami Daclin a passée à ses côtés, avec Vincent, sans doute, son fils. Qui ressemble pour beaucoup au JYS dont je veux me souvenir, aux avis tranchés – face aux connards – et à la culture rock inépuisable. Le vent politique l’ayant plus ou moins mis de côté ces dernières années, il s’est enfin consacré à l’écriture d’une bible Pop-music, un abécédaire exhaustif et grinçant, sa marque de fabrique pour qui se souvient que, sur son blog, les fans de Genesis s’étaient déchaînés quand il avait écrit qu’il assurait la sécurité du concert, mais pas leur intégrité musicale ! Il m’avait demandé d’ouvrir un pare-feu, en riant, je m’étais amusé à rajouter un peu d’huile dessus. Les élèves et étudiants qu’il a eus se souviennent de lui comme d’un monstre de culture et de références, pas toujours saisies. Il a gardé longtemps ses vieilles VHS, ses cours dactylographiés à l’en-tête à son nom. Je garderai ces rires partagés avec tout ce qui se prenait au sérieux dans le monde professionnel que nous avons partagé, les moments où je devais lui rappeler le nom d’un collègue pourtant dans l’établissement depuis plusieurs années, le concert d’Oscar D’Leon à Vic-Fézensac, pas très loin de chez sa maman à laquelle je pense intensément, aujourd’hui : elle a 102 ans, elle perd un fils qui était quelqu’un de bien. Tant pis pour ceux qui ne l’ont pas connu comme ça. De mon côté, j’ai dit à Vincent que trente ans après mes débuts, je savais exactement à quel moment, dans le milieu professionnel, il fallait faire du Sècheresse, comme pour imposer une évidence, avant même qu’elle soit formulée. Une marque d’autorité, en somme. Dans tous les sens du terme. Ciao, Jean-Yves : je n'ai jamais eu de maîtres - pas le genre de la maison - mais j’ai eu quelques modèles, et tu resteras l’un d’eux.

 

18:18 Publié dans Blog | Lien permanent

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