Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/11/2023

Baratin - 9.11.2023

image0-3.jpegIl n’y a que de bons conseils, rétroactivement. Mais aborder une deuxième soirée dans un endroit complètement différent, le très convivial Baratin – bons vins, bons mets – de Zazou, comprenait sa part de risques, que nous avions anticipée : un public pas forcément là pour ça, une acoustique différente, une position à affirmer, d’entrée. Aussi Clara et moi avions décidé de commencer par la part savante – la présentation du livre, le morceau de Silvestrov en hommage à Bach – avant de laisser les convives boire et manger, et reprendre pour un deuxième temps plus impromptu, ce qui était un bon calcul en soi, mais a mal supporté une contextualisation mal emmenée (il eût fallu introduire l’intrusion littéraire dans un tel endroit) et un morceau technique qui s’accordait mal avec les chuchotements, à ma gauche, de la première table. Laquelle a un peu déstabilisé le binôme qui décide, pour la deuxième partie, de passer directement au jeu de ping-pong préparé l’après-midi : un texte ancien, écrit quand Clara s’est produite avec l’Orchestre des jeunes de l’Opéra de Lyon, à l’Auditorium Maurice Ravel, adapté suivant les dix ans qui se sont écoulés. Elle répond musicalement quand je parle de son effronterie supposée, singe les premiers violons dont je me moque, met du Bach quand je parle de Sacré, reproduit le son grave des contrebasses, imite une cacophonie, un sifflement, les repères sont bien calés, ça fonctionne très bien, le public est réceptif. Évidemment, après coup, on regrettera d’avoir supprimé, au dernier moment, le sublime Chant des oiseaux, alors même que le public était captivé. Mais c’était pour finir fort, sur un Camille dont la vidéo de la veille m’a moi-même impressionné. On est véritablement ensemble sur ce morceau (aussi), c’est un duo sur une musique que tout le monde connaît mais qui porte tellement ce texte intemporel (pour oublier que son édition a déjà dix ans, et qu’il en a beaucoup plus). La magie du spectacle, c’est qu’au fur et à mesure que je lis la première page, j’ai l’impression d’avoir perdu la deuxième, je ralentis, sans bafouiller, mais les repères ne sont plus exactement les mêmes que la veille et Clara doit un peu freiner, me récupérer, et me laisser finir, sur le dernier vers, là où la veille c’est elle qui terminait. Mais les applaudissements sont nourris, et la table revêche laisse s’exclamer des bravos ! Pas un livre ne sera vendu dans une soirée qui ne s’attendait pas à ce qu’un écrivain se confie (je le fais moi-même), mais l’essentiel est ailleurs, une fois encore, dans cette Beauté portée au pinacle, avec les encouragements épatés d’un certain nombre de gens présents. Tant mieux. Des spécialistes nous disent qu’il faut une trace de ce duo, on y réfléchira. Zazou (zélée), violoniste elle-même (désolé !) vient annoncer les prochains rendez-vous et a aimé que nous nous inscrivions dans son lieu. Ça tombe bien, je compte y revenir vite, en simple client, si bien reçu. Clara et moi attendons des signes du libraire de Mulhouse et de Thann, où nous devons nous produire en décembre. De Montpellier, où nous irons jouer à l’ES Factory. D’autres endroits, qui devraient s’intéresser de près à ce petit prodige qui m’oblige à m’élever, pour être à sa hauteur. C’est du bonheur pur. Demain, elle sera loin de moi, qui présenterai Aurelia aux Mangeurs d’étoiles, mais je serai bien accompagné aussi, par mes vieux rockers générationnels. Mais je la retrouverai vite, sur la route, parce qu’entre elle et moi, et depuis dix ans, il y a un chemin. Les photos du fantastique Valéry Girou – celles du studio l’après-midi, du concert le soir – seront un baume au cœur du souvenir. On vit pour ces intensités : je le vis décuplées depuis mon aventure avec la fin. Peut-être parce que je sais que celle-ci n'est pas encore programmée et que tout ce que l'on fait pour la repousser, par l'esthétique, nous inscrit dans l'intemporalité. Ça n'est pas mon ancien étudiant, devenu collègue (ex) qui dira le contraire: il se souvient encore de moi il y a trente ans, ça tombe bien. C'est Aurelia qui nous offre ça? On prend.

Photo : Magali Mastrosimone

00:24 Publié dans Blog | Lien permanent

Les commentaires sont fermés.