Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/10/2021

62.

77275E15-6725-4D74-BD92-41DA5810126F.jpegIl leur fallait un concert comme ça, aux Noz, un vrai, dur, sauvage, avec un Xavier Desprat aux commandes qui n’aime rien tant que le son envoie du bois. Le Voyage de Noz était en concert au Radiant-Bellevue, hier, deux ans après qu’ils sont venus présenter leur album « le début, la fin », ou l’inverse, c’est selon. Là, ils venaient défendre l’amour, leur dernier album, dont il semblerait, selon eux, qu’il fût, avec ou sans le subjonctif imparfait, et qu’il menace de ne plus être, dans ces sociétés pré-mâchées, sur-protégées, qui incitent, on le dit, à ne plus rien risquer, et surtout pas (plus) sortir, aller en concert, retrouver de vieux amis, et profiter de ce que la musique fait de mieux, rassembler ceux qui ont envie de suivre, dans la permanence, l’idée qu’ils sont encore vivants, et bien vivants. Niveau capillaire, le chanteur continue de se frotter les cheveux comme avec une lotion qui ferait tomber ceux de son bassiste, puisque Pedro (l’âne), on le sait, ralentit la chute des cheveux. On vient par le train, comme ils disent, de loin ou de la proche banlieue, parce qu’on s’est excentré, à la cinquantaine. Les Noz n’en ont cure et balancent, dans l’ordre et dans l’intégralité, les dix-huit titres de leur dernier opus: ça va de l’apocalyptique - et stroboscopique - titre éponyme jusqu’aux excuses que l’auteur présente,  non pas au public mais au double autobiographique qu’il s’autorise dans cet album, jusqu’à se nommer lui-même pour mieux se dédouaner. Le concert est linéaire, mais le groupe est plus conséquent que jamais, Pétrier laisse plus de place qu’il en a jamais laissé, à Marc Baujard, le guitariste, pour le « Je préfère qu’on reste amis » ou à Nathalie, pour « la chambre d’hôtes ». Il faut le voir, Stéphane Pétrier, ce show-man unique, mille fois recensé ici, se mettre en retrait pour laisser le texte prendre le dessus. On comprend vite - nonobstant les habituelles bécasses qui jacassent plus fort que la musique - que ce concert sera du même acabit que celui du Ninkazi, quand ils étaient venus jouer « Bonne Espérance », en entier et de façon unique. Trente-cinq ans que ces hommes-là entretiennent la passion, disait  Pétrier, la veille. Leur manifeste amoureux, romantique en diable (mais dans les quatre éléments du mouvement, l’amour, la mort, le temps et l’élément naturel) se vérifie de bout en bout, Stéphane Thabouret n’a plus d’autre souci photographique que de poser entre deux tours jumelles, le rappel de vieux titres - intégrant la Tempête, shakespearienne en diable - ne leurrant personne de sensé : il s’est encore passé quelque chose avec les Noz, et c’est toujours inattendu. Je peux (re)partir tranquille, ils m’ont donné, comme à chaque fois, la force de revenir. Dans leur thématique, il y a une zone (libre) entre le train qu’on prend et celui dont on s’excuse de ne l’avoir pas pris. On en est tous là, quand on est conscient. Mais la conscience ne se décrète pas, elle se mesure. Et j’ai fait encore un sacré bout de chemin avec ce groupe fondateur de mon âge d’homme. J’irai vérifier ça à la prochaine date.

03:20 | Lien permanent

Les commentaires sont fermés.