29/10/2021
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En 1986, mon histoire avec Marie-Ophélie n'a pas dépassé le stade des lettres enflammées qu'on s'était envoyées l'été, et ça n'est rien de dire qu'elle l'a très mal pris. Mais mon coeur était déjà occupé, même s'il m'a fallu attendre trois ans de plus pour que cette jeune femme s'inscrive - très durablement - dans ma vie. On achetait des pirates chez Bouldingue ou JPC, on allait boire des coups après les entraînements de basket, manger des pizzas au Popolo, on rentrait du concert de Simple Minds à Grenoble sous une tempête de neige, en 2CV, sans savoir comment monter à La Croix-Rousse. En 1986, j'écrivais encore à Marie-Pierre Dussaux, cette correspondante avec qui j'ai grandi, de nos 14 ans jusqu'à nos 25, des centaines de lettres que j'ai gardées, là aussi. Ça dit tout d'une époque, les correspondances, ça inscrit surtout celle qu'on vit dans un vide lipovetskien. Mais en 86, surtout, se préparait (déjà) le grand remplacement: à Limonest, fin décembre, la veille de mon anniversaire, je vivais mon premier concert d'Aurelia Kreit. Et deux mois après, au Vaisseau Public, celui du Voyage de Noz. Les similitudes étaient grandes, et nos morgues d'angry Young men se chargeaient d'ironiser un peu. On ne savait pas que l'année d'après, Pétrier chanterait avec eux les Jardins d'Ellington à la fête de l'INSA, qu'ils joueraient encore ensemble en ouverture du dernier groupe soviétique (ça situe!), avant que les Kreit se séparent, que les Noz continuent, que les deux groupes se retrouvent trente ans après, que le Voyage se poursuive ce soir au Radiant. Oui, "en 35 ans, tout a changé, sauf la passion." Mais si je suis la logique (capricieuse) du temps, il faudra retrouver Aurelia d'ici peu.
Photo des protagonistes, 35 ans après. Copyright : Stéphane Thabouret
11:46 Publié dans Blog | Lien permanent
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