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27/10/2021

65.

La chronique d'Olivier Melville (de l'Ambidextre) sur la soirée d'hier:

contrebassiste1.jpgÉvidemment, on dira qu’il a parfois parlé un peu vite, dans les énumérations, surtout, qu’on n’a pas toujours pu profiter du propos, technique, musical ou amoureux, puisqu’il est question de (tout) ça dans son « Contrebrassensiste », un de ces chemins de traverse dont Bernard Lonjon, le directeur scientifique du Centenaire dit que Brassens aurait aimé. C’est le seul moment, après deux-cents spectacles, où l’on ait évoqué aussi directement le fidèle contrebassiste de Brassens, sinon l’excellente contrebassiste du projet Contrebrassens (essayez de dire cette phrase à voix haute et à toute vitesse !). C’était une première, due à un pari un peu fou, que Lonjon a expliqué en présentation du spectacle : une rencontre inopinée au marché forain, une discussion et un pari. Qu’il a fallu tenir hier soir, devant un beau parterre : lui qui aurait signé pour une trentaine de convives est monté sur scène devant plus de quatre-vingt-cinq personnes, dixit le maître des lieux. De quoi, dira l’auteur après coup, regretter les inévitables défections et déceptions qui auraient permis d’exploser le compteur et qui sait refuser du monde. On s’est pressé – un peu trop – dans les escaliers du Roquerols, ce bateau-phare qui abrite les événements Brassens depuis mai, jusqu’en décembre. Il avait pourtant prévenu, Laurent Cachard, c’était une lecture-théâtrale, il n’est pas comédien, il ne faudra pas venir se plaindre après… Il faudra lui dire ce matin qu’au sortir des urnes, on lui a trouvé, dans le désordre, un charisme certain, une très bonne diction, un sens aigu du cabotinage, aussi, quand il s’est agi de tourner autour de la grand-mère, de la cajoler, de lui reprocher tout un tas de choses, aussi. Mais d’en faire ressortir la sensualité, dira cette dame. Une autre annonce qu’elle a traversé la France, pas pour lui, mais pour la semaine Brassens et que sur le papier, c’est le premier spectacle qu’elle a choisi. Une troisième est elle-même contrebassiste, elle est venue voir un collègue sur scène, s’est ruée sur le livre – belle édition de l’An Demain – et compte l’épuiser et le conseiller. Tous sont ravis, restent longtemps après au bar du bateau, à refaire le monde. L’auteur est fatigué, compulse nerveusement deux-trois photos et vidéos, en efface, comme d’habitude, les trois quarts, mais ne comprend pas l’essentiel : on peut ne pas aimer se voir soi – un paradoxe, quand on monte sur scène – et donner du plaisir aux gens. Que lui manque-t-il, après tout ? Un comédien qui le remplace, un metteur en scène qui organiser tout ça ? Il le sait, répond qu’à force de solliciter dans le vide (il est auteur de trois pièces de théâtre éditées, dont un Dom Juan en alexandrins !), il finit par se les servir lui-même, ses textes. Et il a bien raison : il y a dans la salle un amateur, qui monte des pièces, joue lui-même, annonce, dans la discussion, qu’il se verrait bien le faire travailler, lui, de par sa présence scénique. Ou bien s’approprier le monologue, le dire lui-même. Cachard ne sait rien de tout ce qui s’est passé là : quand on est sur scène – « Parce que la scène, c’est comme la vie, y’a ceux qui brûlent les planches et ceux qui regardent. » - ou dans les loges, on ne présume pas de ce que la pièce a laissé. Il y aura toujours meilleur comédien que Cachard. Mais ils joueront peut-être du Cachard, à l’avenir, quand l’ordre des choses aura été rétabli. O.M Photos : Valérie Coulet-Lonjon

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Contrebrassensiste, de Laurent Cachard, Ed. l'An Demain, 8€ // en vente sur le Roquerols ou sur http://www.blonjon.com/librairie-catalogues.ws

 

10:56 Publié dans Blog | Lien permanent

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