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30/09/2019

Lost in the mists of time (1/2).

IMG_5366.jpgC’est le moment que j’attendais et appréhendais le plus : quand j’ai poussé la lourde porte coupe-feu de la salle de concert de la MJC Ô Totem, à Rillieux, quand, après les salutations d’usage des gens croisés dans l’entrée – qui s’affairaient au marchandisage – j’ai fait la jonction entre ces deux époques tant évoquées, ces derniers jours. Ainsi, trente années de nos vies respectives étaient rattrapées et, pour la première fois – si j’excepte la répétition publique du théâtre de la Mi-Graine, le 22 février 1987 – j’entrai dans l’intimité du groupe en accédant aux balances, fort de mon joli badge backstage aux couleurs des deux groupes, et des deux K7 de l’époque. Les balances – je l’ai suffisamment vécu avec Fergessen - c’est le moment où le trac se transforme en langage codé avec l’ingénieur du son, jusqu’au filage de l’entrée du premier morceau. Je me cale contre le mur du fond, je fais tout pour qu’on ne me remarque pas, mais Muriel m’a vu entrer, me salue, JJ aussi, de ses baguettes croisées. C’est maintenant, ou l’avant-maintenant, je ne sais plus. Je sors d’une bonne heure et demie dans une librairie blindée, à raconter l’histoire d’Aurelia via les questions de Romain, j’ai retrouvé, comme à chaque passage à Lyon des visages amis et bienveillants, l’émotion m’a rattrapé une première fois quand les gros livres rouges ont défilé sur ma table, pour que je les signe et que leurs nouveaux propriétaires partent avec, s’emparent de son histoire. Ce week-end ouvrait à Lyon une faille spatio-temporelle forte, et la rencontre au Tramway n’y a pas manqué. J’ai eu le temps de voir mon fils acheter un livre et s’en aller sans mot dire (je l’ai retrouvé le lendemain, pas de panique), sa cousine me dire qu’elle avait mis la jupe qu’Aurelia. J’ai vu un copain de basket – qui fait lire mes livres par sa femme – s’arrêter devant Thierry Mortamais, immense comédien venu en ami et lui dire qu’ils avaient joué au foot ensemble à Chasselay il y a à peu près quarante-cinq ans. J’ai vu Olga, personnage du roman, entrer dans la librairie sous les traits de Véronique, l’historienne à l’origine du projet, mais pas à sa conclusion. Christian Chavassieux, aussi discret dans l'assemblée qu'essentiel à la réalisation du roman, j'y reviendrai. Des amis, des ex-amants, des curieux, mais pas suffisamment de livres pour tout le monde ! Les 35 exemplaires commandés sont écoulés, ceux qui pourront l’acheter le soir le rétrocèdent à ceux qui ne seront pas du concert, un exemplaire non dédicacé pourrait se vendre sur Ebay au même titre que les places introuvables du Totem. Sur la place, je retrouve des petites grappes de personnes après ma longue séance de dédicaces, c’est drôle de voir des livres rouges sur les tables. C’est le moment où l’on voudrait retrouver une normalité, mais on est encore un peu au centre des débats ; d’autant qu’il ne faut pas traîner, monter vivre le deuxième acte d’une journée folle. Le matin, je confiai à Gaële qui m’interviewait pour Lyondemain.fr* que ma carrière d’écrivain ne m’avait pas mené à une distribution folle de mes œuvres –pérenne, tout de même – mais qu’elle m’avait mené au Bordas pour Tébessa, à Grignan pour « cache-cache », à la Moutète avec Alain Larrouquis et au cœur d’un groupe que j’ai tant aimé pour mon petit dernier. Mon frère, dans sa ville, me conduit au Totem, sur l’esplanade, c’est Xavier Desprat et les techos que je vois en premier, comme un continuum. Je rentre, d’office, on me tend ce badge VIP pour lequel, il y a trente ans, j’aurais pu tuer (des gens que je n’aime pas, hein !). L’espace de vente est très étroit, déjà occupé, pas adapté du tout aux livres que l’éditeur a apportés. On se placera dans un premier temps debout, sur une banque en face, mais l’étroitesse du lieu, la file d’attente du bar nous ramèneront vite, en deuxième période, entre les disques de Simplex Records et les t-shirts d’une héroïne qui n’est plus la mienne, plus tout à fait la leur à eux seuls. On salue les mêmes têtes, Eric Martin, qui a produit tout ça, Stéphane Pétrier et Christophe Simplex presqu’un an après un bon repas pour aborder la question. Au bout du couloir, la salle de concert. J’ai retardé l’instant, mais je sais qu’il faut y aller, maintenant, que c’est l’heure de la jonction. Dans le sas, on n’entend quasiment que les frappes de caisse claire de JJ. Une respiration, et je pousse la lourde porte coupe-feu.

* le son en ligne dans les prochains jours, entre deux retours.

15:53 Publié dans Blog | Lien permanent

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