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10/10/2018

Baudelaire, mon cul!*

Au début, j’ai presque cru à une chanson parodique tellement la rime riche me semblait forcée. Et puis j’ai écouté, mieux, mû dans ma curiosité par le fait que cet artiste-là fait partie du réseau des Fergessen, de longue date, à ce que j’ai cru comprendre. Je suis bon public quand j’entends des airs mineurs, comme le disent, mieux que moi, les deux chevelus sus-cités. Et là, je dois dire que le tout m’a touché, profondément. Plus qu’à la normale, en tout cas. L’approche de la cinquantaine, l’idée de la transmission, le finale de la chanson en guise d’héritage… Récemment, j’ai, à sa demande, réexpliqué à une amie ce qu’était une vie d’existentialiste – en soi un concept – l’idée, réutilisée dans un portrait, du projet, de l’individualité, d’une forme de double conscience, et de responsabilité. Le truc qui empêche et condamne à la fois : on est lucide, ni la vie ni l’histoire n’ont de linéarité, et le quiétisme du désespoir n’est qu’un abandon de la morale bourgeoise, donc de la tranquillité. Pas sûr que ce soit l’objet exact de la chanson, mais il ne dit pas autre chose, Riatto, quand il remonte l’écheveau de son existence et qu’il s’arrête sur deux phénomènes, la descendance – celui à qui il s’adresse, dans une forme de lettre ouverte – et la conscience, dans ce vers sublime et retenu (« Comment j’ai fait pleurer ta mère »), sachant toute la difficulté de l’exercice, puisqu’être conscient de sa descendance, c’est aussi se retrouver face au vide de son existence et la façon – responsable ou pas – dont on s’est chargé de le combler… J’aime aussi quand il dit « Pour de vrai », mais pour d’autres raisons, plus sensibles. Bref, c’est une chanson, « vide comme la matière », dit-il dans un chleuasme. Mais elle sonne, et résonne. Entrée dans ma vie, littéralement.

* outrage emprunté (et partagé) au portrait de Frédérique Ettori, qui sait le poids des ex-voto adolescents : "Elle montrera peut-être à Sacha ce « Groundhog Day » qui l’a fait rêver, avant d’aller se coucher, avant Minuit, son examen, avant que l’horloge ne dicte une nouvelle fois le rythme de sa vie. Baudelaire ? Mon cul. "

 

18:56 | Lien permanent

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