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10/09/2017

0695.

Je reçois un appel sur mon téléphone portable, je suis au volant et ne répond donc pas. Arrivé à destination, je cherche à savoir qui voulu me joindre, m’arrête aux quatre premiers chiffres, 0695, ne vais pas plus loin : ils sont ceux de quelqu’un dont j’ai effacé le numéro, pour ne pas vivre la déchéance numérique qui nous menace tous, pauvres riches occidentaux. Je ne vais pas plus loin, non, je ne vais pas plus loin. Quoique… Et si, un dernier message, un retour assez sec, demander s’il s’agit d’un véritable appel ou si la machine, comme souvent, a composé seule mon numéro à moi ? Il y a tellement d’interprétations dans le virtuel, quand plus rien n’est tangible, ni le regard dans la rencontre, ni la main qu’on a lâchée. J’envoie, un peu honteux. La conversation qui suit est un modèle d’antiphrases, vouvoiement à l’appui : il ne me semblait pas que la distance fût si marquée… Il me faut un temps certain pour comprendre qu’en fait mon interlocuteur n’est pas celui auquel je pensais, qu’il s’agit là d’une autre histoire, d’une autre rencontre, avec son lot de surprises et de curiosités. Je suis, un moment, dans la peau de Félicie, qui, pour avoir confondu Levallois et Courbevoie, a perdu, de fait, l’amour de sa vie (bon, là, c’était avant les portables et vous aurez reconnu « Conte d’hiver »*). Les sensations s’inversent, je mets autant d’empathie dans la réception que je destinais d’antipathie à l’autre 0695. Les existences ne tiennent à rien, parfois. Je pense à Vanneyre, à son « temps adouci », mise sur la surprise, le lâcher-prise, quoi qu’il arrive et quoi que ça entraîne.

*« Ce n’est pas parce que j’étais follement amoureuse de Charles et que je suis très triste de quitter Loïc que je ne serai pas heureuse avec Maxence. »

18:38 Publié dans Blog | Lien permanent