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29/01/2017

NIE FERGESSEN (4/4).

IMG_0234.JPGCette histoire a inversé tous les codes : les spectateurs, pour la première fois de leur histoire, se retrouvent à partager l’espace de l’arrière-cour de la Souris Verte, au pied des escaliers en colimaçon qui mènent au catering. Elle hésite, il est temps encore de faire demi-tour, voire de quitter l’endroit. N’y a-t-il de meilleure revanche sur le sort et le temps que de tout faire pour les défier et se retirer au dernier moment ? N’est-ce pas davantage la démarche qui compte que le résultat ? On se presse autour du duo, manière de rattraper une entrée distanciée, en pleine contradiction avec leur proximité sur scène. Il y a des attroupements, elle sait qu’il n’en sera pas, que ce n’est pas là qu’elle le verra si elle doit le voir. Faut-il qu’elle aille plus loin ? « Des amours » n’est-elle pas une chanson que le duo a laissée derrière eux, changeant d’image, de références, de répertoire ? Elle fait volte-face, retourne sur la scène, vide, joue des repères laissés au sol, se met à la place de Michaëla, se penche sur le pied de micro sculpté, que chanterait-elle si on le lui laissait faire ? Il fallait sans doute qu’elle revienne sur les lieux pour se rendre compte qu’elle n’était plus celle qu’elle était quand elle les avait quittés, deux ans avant. Deux années pour une projection, une cristallisation, l’idée que tout pourrait recommencer, autrement. Parce qu’un manque est pallié, qu’une écoute s’est faite, telle qu’on ne l’espérait plus. Elle pourrait s’attarder, mais le plateau se remplit, de nouveau. Pour une séance spéciale : les cadreurs collent aux visages de David et Michaëla, pour les gros plans à venir, et le moment des ears monitors est arrivé : du coup, l’espace est un peu préempté, et il n’y a pas de retour voix. David amuse la galerie, dans les moments d’attente, avec une version reggae de « Tu veux la guerre ? » - aux intonations de Charlélie dans l’accent – fait participer le public, moi non rime vite avec « Tu veux Fillon ? » (ou Hamon, c’est pratique). Le set reprend, dans l’ordre, « Tangerine » sans retour ressemble à une confidence susurrée. Sans retour, comme le val, comme la rivière, comme elle, finalement. Elle a une vue d’ensemble sur le public, maintenant elle le voit, accepte de le regarder. Celui qu’elle attendait n’y est pas. N’a peut-être jamais considéré l’idée d’y être, même. Au moment où tout s’éclaircit, Fabien remet le son, fait péter les Watts, pour le troisième et même set, à l’envers : Tangerine, « je reste là, les yeux fermés, je vous imagine », rien de tout ça, David lâche les chevaux – et les dauphins avec – lance un « Heroes » inattendu et très suivi. « C’est bon, on peut bosser maintenant ? » lâche Fabien, hilare. On en est à la troisième heure d’enregistrement, la huitième de présence et de travail, le matériel est dans les consoles, le troisième passage, c’est celui qui donne la note artistique. Et elle est salée : ça marche, dans les rangs, sur la scène, on commence à se dire que cet instant ne va pas durer, que d’ici peu, il deviendra souvenir. Mémoire, enjolivée ou pas. Michaëla raconte qu’un jour, un ami leur a demandé pourquoi ils ne faisaient que des trucs en mineur qui sont tristes, ils lui ont répondu parce que. Et parce que cette réponse n’était sans doute pas complète, ils ont composé « la mélancolie ». Comme on écoute des airs tristes pour se dire au final que ce ne sont que des airs. I want love, more than anything ? Elle se rappelle une autre chanson du duo, une vieille, comme on le dit dans un répertoire d’une chanson qui a correspondu à une époque et qui est passée avec elle. Comment était-ce, déjà ? « En attendant le bonheur ». Qui résonne avec les étapes de leur transformation, les siennes, aussi. « Paul, il en veut encore ? » C’est parti pour une fête. Epinal n’aura signé la fin de rien, sinon celle du regret. On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, elle a déjà lu ça quelque part, mais où ? Elle partira sans les saluer, avant que la fin s’éternise, se souviendra des choses les plus simples, jamais oubliées. Nie vergessen.

 

NB : pour mémoire, cette nouvelle a été écrite (pour les épisodes 2,3&4 in situ, à la Souris Verte, à Epinal, en direct de la captation vidéo de cinq nouveaux titres). Un beau moment partagé avec Anne, Vincent & Jo, des visages retrouvés sur la route, d’autres dont on fait la connaissance, Michel, Olivier, Pauline… À chaque fois le plaisir est décuplé par le fait d’en être, d’y revenir, comme une marque de permanence renouvelée. Merci à Michaëla & David, évidemment, à Fabien Cruzille, Thomas Jedwab-Wroclawski, Cyril Magi et tous les autres. Être de l’autre côté de la barrière est une expérience toujours fascinante pour ceux qui aiment la musique et les arts vivants. Les projets ne manquent pas, les rendez-vous non plus. Cooool

15:49 Publié dans Blog | Lien permanent

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