01/11/2015
Concomitantes.
Cette angoisse qui monte dès qu’un projet est terminé, la crainte de subir les foudres de ceux qui ne vous autorisent pas à vous emparer d’un sujet qu’ils voudraient ne garder que pour eux. Celles de ceux qui vous reprocheront de ne pas les avoir sollicités et qui feront une lecture centrée sur cette frustration-là. Pourquoi écrit-on, pourquoi soumet-on à la lecture, à chaque sortie, les mêmes questions se posent jusqu’à ce que un, puis deux, puis plusieurs avis plus neutres, moins investis, vous disent qu’ils ont aimé, la démarche, l’intention, l’écriture. Hier, j’ai assisté à la projection du film de Curro Sánchez Varela sur son père : un beau documentaire que ce Paco-là, avec ses qualités - le fait qu'il se confie à son fils nous permet de voir un Paco détendu, ce qu'il n'a jamais été avec les médias, quels qu'ils fussent, depuis ses premiers succès et une barre à placer continuellement haute, sous peine d'être fustigé, ce qui l'a aigri, selon ses propres termes - et ses défauts, comme le fait de ne pas aller assez loin dans sa relation avec Camaron, ou l'ellipse totale des femmes de son parcours. Mais un Paco attachant, qui prend Diego, son petit dernier, à parti en lui demandant si son Papa est l'homme à l'exigence incommensurable qu'on décrit (et qu'il ne dénie pas être) ou celui qui aime rire tout le temps, ce que confirme Dieguito, qui ne sait pas que deux mois après ces dernières images, son Papa, en jouant au foot avec lui... Un bon moment, rien de très inédit à part deux-trois archives audio (un duo avec son père!), mais le beau regard d'un père sur son fils, comme on rêverait qu'un fils nous regarde un jour. Ce film-là, j’ai eu la drôle d'impression d’en avoir écrit le scénario: rien d’étonnant, parce que tout a déjà été dit sur Paco, et que je ne rajoute que ce que la fiction me permet de rajouter. Mais bon, alea jacta est. Et je me suis posé les mêmes questions à propos de « Tébessa », alors…
17:47 Publié dans Blog | Lien permanent
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