22/07/2015
Mon plombier (1).
Mon plombier est le troisième du nom que je fréquente, ici. Aucun d’entre eux ne l’était, d’ici, d’ailleurs, ce qui justifie, sans doute, qu’ils appellent les autochtones les « saignent du nez », du genre à secouer un peu fort avant de les laisser installer leurs règles. Il n’empêche, mon plombier est moins désirable que ma banquière, mais il se trouve que j’ai davantage besoin de lui, au jour J, que mon clone de Sade. Aujourd’hui, il est venu, et entre philosophes, enfin, nous avons acté la phase active, après une longue conceptualisation à base de détails techniques que je faisais semblant de comprendre. Une histoire de tuyau de 28, tu penses, et de broyeur mal adapté, j’en passe. Il est Lorrain d’origine, je parle de la ville de Nancy, que j’ai aimée et dans laquelle j’ai passé une année folle et déterminante. Tout pour le mettre à l’aise, que les travaux soient finalisés, que la phase de nettoyage ne me soit pas laissée non plus, comme pour plombier 2. Son fils. Qui ne mettra plus les pieds chez moi après s’être pris un geyser de merde en pleine figure. Je sais, les habitués de ce blog s’attendent à plus de poésie. Elle arrive : ce matin, quand, intrigué, il m’a demandé ce que je faisais dans la vie, j’ai répondu, sans hésitation, « écrivain ». Parce que c’est précisément ce que j’étais en train de faire quand lui démontait les tuyaux, et que j’ai eu la chance, à l’instant T (gradation inversée), d’être dans un travail qu’on attendait de moi, comme j’attends de lui que mes toilettes fonctionnent et ne m’incommodent plus. En face en face, il a dû juger que j’étais un écrivain suffisamment baraqué pour qu’on ne s’interroge pas sur mon vrai travail. Pour le coup, je lui ai offert un verre : demain, il revient avec un véritable SFA, pas un ersatz. De quoi lancer un nouveau feuilleton ?
17:28 Publié dans Blog | Lien permanent
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