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01/03/2015

Elise.

Je me suis tout de suite dit que c’était possible, que ce pourrait être elle, aux deux bouts d’une vie remarquablement réussie. Quand elle est entrée sur scène, en fond, côté jardin, que la poursuite s’est posée sur elle et que les premières notes de son violoncelle ont illuminé ce récit qui parle d’enfance et de ballons rouges, quand le chanteur – voix grave et physique imposant -  l’a présentée par son prénom, tout est revenu, d’un seul coup. La scène initiale, fondatrice, qui partira avec ses secrets, le texte que je lui ai consacré il y a une éternité, la vie que lui a donnée Fred Vanneyre, ces chansons trop tristes pour qu’on ait envie de les écouter, maintenant, mais ce refrain, incantatoire, un prénom, supplié, le rappel d’une petite fille de trois ans qu’on prend pour témoin, sans rien lui dire, de l’impossibilité d’une histoire. Elise… EliseDix ans après tu auras oublié, dit la chanson, l’autre, revenue en abyme, hier soir, par le simple effet d’une musicienne « additionnelle », que rejoindront le morceau d’après quatre de ses comparses, au violon, à l’alto, au piano, toutes plus belles et talentueuses les unes que les autres, toutes aussi jeunes que doit l’être cette Elise sur qui j’écrivis, à trente ans : je ne laisserai personne dire etc. Peut-être était-ce elle, alors, hier, et si ce ne le fut pas, peu importe. J’y aurai cru, j’aurai imaginé tout un parcours entre-temps, qui l’aurait menée vers cet instrument qui m’émeut le plus au monde, qui m’aura permis, hier, une infidélité à Clara, MA violoncelliste. Je l’ai regardée tout au long du concert, j’ai vu les sourires qu’elle rendait au chanteur, éternel séducteur face à un gynécée de rêve. Je l’ai vue appliquée, rendant la note au millième, avec cette surprise permanente qu’ont les musiciens d’un équilibre auquel ils consacrent leur vie. Je me suis dit que c’était elle, Elise, que près de vingt ans après, le double de la chanson, la mienne, quarante-huit après celle du chanteur, quand je n’étais même pas né moi-même, tout pouvait enfin correspondre. Et les larmes couler. Celles de ma maman sur un texte ramenant son frère à la surface, l’arrivée du « Ville d’Oran » sur les côtes d’Alger, des années avant, là aussi, le roman qui l’a fait pleurer de joie, la chanson qui va avec,  que je pourrai livrer bientôt, enfin. Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous.

09:40 Publié dans Blog | Lien permanent

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