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19/06/2014

Start from the Back.

photo-10.JPGIl y a des artistes avec lesquels j’ai un pacte autobiographique, et Fergessen est de ceux-là. Ce duo explosif sur lequel j’ai déjà tant écrit arrive à me surprendre à chaque fois que je le retrouve, sur la route, avec la fraternité de ceux qui se doivent mutuellement, et la frustration de ne pas avoir suffisamment de temps pour nourrir le lien. Hier, David et Michaëla étaient au Fil, à Saint-Etienne, en vedette américaine de la journée des diplômes du Conservatoire, et prioritairement les élèves du niveau 2, à qui ils avaient consacré une masterclass en plein milieu de leur Home Sweet Tour, en mars. Une classe que j’avais chroniquée en direct, au cours de laquelle les élèves avaient repris « The Wind », le poème de Robert-Louis Stevenson qu’ils ont mis en musique dans leur deuxième album, « Far Est ». Ils étaient là, alors, sur la belle scène du Fil, celle le long du bar, et il y avait du monde, au moins au début, pour voir cet attelage qui dure toute une journée, pendant laquelle des étudiants sont évalués sur leur performance, leur niveau de voix, l’orchestration, je ne sais quel critère encore, qui fera question en toute fin de nuit, quand des trois impétrants au D.E.M, deux seulement seront reçus, et pas ceux qui auront eu les faveurs du public, par exemple. Il y eut un léger flottement en fin de concert du duo des Vosges, qui reviendra pour un rappel pas forcément prévu, qui pallia l’absence du jury et des candidats, le temps d’une paire de chansons de plus, dont une des toutes premières de Fergessen, que je ne connaissais pas, puis d’un Be toujours communicatif.

La réussite de Fergessen, je l’ai écrit mille fois, c’est cette technicité vocale et instrumentale d’une part, doublée d’une harmonie des voix, de l’énergie et du jeu de scène à nulle autre pareille. Mais Fergessen, c’est aussi l’armada humaine qu’ils arrivent à fédérer, dont une unité, hier, m’a conduit à considérer le concert de derrière, où je ne me trouvais pas, mais où j’ai croisé le chemin d’une jeune femme qui, de son propre aveu, a tout quitté pour les suivre et leur rendre l’intensité que leurs chansons lui ont donnée, dans une vie qui ne la satisfaisait plus et qu’elle remet à l’endroit, avec leur aide, leur soutien, en échange d’un abandon qui n’a rien de sordide, mais relève du choix,  celui qu’on fait par amour. Quand on l’aborde, et qu’elle ne connaît pas, elle minimise son être, son importance, son rôle, mais en confiance, elle émet des idées, des propositions, des choses qui iraient dans le sens d’un élan qu’ils ne maîtrisent pas, dont ils ne peuvent avoir conscience. Elle fait la petite main, avec charme, élégance et discrets tatouages, propose des contraintes inédites dans les mots échangés, surtout un. C’est intéressant, une fois n’est pas coutume, de détourner son regard de la scène pour aller voir tout derrière, là où il n’y a plus personne, la regarder vivre son concert, en triturant sa médaille et en entonnant des refrains qu’elle connaît par cœur. On a envie de mieux la connaître, cette femme qui regrette d’avoir cédé à l’appel des Rolling Stones au SDF parce qu’ils lui ont fait rater Fergessen à Nancy, dans la configuration artistique qu’on regrette tous de ne pas avoir vue, mais qu’on attend pour l’hiver prochain, puisque ça s’annonce. De savoir ce qu’elle a réellement lâché dans sa vie, entre les renoncements qu’on a forcés chez elle et les lâcher-prises qu’elle a concédés. En partant, on se dit qu’elle méritait une note, pas de celle qu’on octroie pour valider un examen ou pas, mais quelque chose qu’on écrit, qui personnalise, et qui en dit plus sur ceux qu’elle a choisis que sur elle-même, au final.  Un truc qui élude des moments forts, entre la Fergessenmania qui provoque ses premiers malaises chez Anne, qui s’écroule juste devant moi (par amour pour David ou parce qu’on lui a offert un Mars gratuit ?) ou la métaphysique toujours d’aplomb du duo, dans les transitions et dans ces paroles, dont on ressent le manque juste après qu’on les a entendues. Hier, au Fil, il y avait les trois hôtes des concerts du Home Sweet Tour du printemps, Joël, Yannick et Vincent, revenus en amis. Je regardais derrière, mais je n’ai rien raté. Du tout.

02:53 Publié dans Blog | Lien permanent

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