15/11/2013
Une journée avec Laurent Cachard.
14h30 – Pour bien montrer que l’écriture est une question d’exigence envers soi-même, Laurent Cachard décide de ne pas sacrifier le rituel de la sieste. Compte-tenu de l’exiguité de son appartement, dont il s’excuse auprès de l’équipe de tournage, il demande aux techniciens de l’attendre en bas, le temps, promet-il, d’un premier cycle de sommeil. « L’apanage des grands hommes, comme Churchill ! ».
16h30 – Répondant au 71ème coup d’interphone, Laurent Cachard se réveille et d’un « Ouais ! » peu engageant, ouvre à l’équipe, qui s’impatientait. On décide rapidement de le filmer en pleine création, devant l’ordinateur, parce qu'on est un peu là pour ça.
16h45 - Laurent Cachard répond au téléphone : sa compagne lui demande s’ils se voient ce soir. Il répond qu’il est en pleine écriture et qu’il ne pourra sans doute pas. L’équipe de tournage apprécie son abnégation et lui en veut déjà un peu moins.
16h47 - Laurent Cachard s’inscrit sur Facebook à l’apéro qu’organise un de ses amis. Ce soir à 19h.
16h50 – Concentré, l’air habité, Laurent Cachard écrit quelques mots. Une caméra filme ses mains en action sur le clavier. Les doigts virevoltent, le grand ballet de la création peut commencer.
16h52 - Laurent Cachard télécharge illégalement « l’Equipe » pour savoir si Saint-Etienne va mieux, question récurrente chez lui depuis 1976. Il participe activement sur un forum à la discussion : « Jean-Michel Aulas est-il un f… de p… ? »
17h30 – Le présentateur, fébrile, demande à voir la création originale qui s’est dessinée sous ses yeux. Sur la feuille, qu’il imprime, cinq mots se détachent : Et si c’était vrai ? A l’impudente remarque du caméraman qui dit que ça a déjà été fait, Laurent Cachard répond sèchement : Oui, mais pas comme moi.
17h32 – Laurent Cachard rappelle sa compagne pour lui dire que non, il ne la verra pas ce soir : il est obligé d’assister à un colloque sur la condition de l’écrivain au XXII° siècle, suivi d’un de ces pince-fesses auquel, tu comprends, mon amour, il est obligé de se montrer.
17h45 - Laurent Cachard fait chauffer de l’eau pour le thé. Qu’il offre aux membres de l’équipe pour les remercier de l’avoir invité à déjeuner. Il ne reste qu’un cookie, qu’il mange, parce que ça favorise l’inspiration.
18h – Le présentateur aimerait bien en savoir plus sur le roman historique qu’il est en train d’écrire. Toute cette frénésie de début de siècle, ce doit être fascinant ! Comment vous y prenez-vous pour les recherches ? Laurent Cachard l’invite dans la bibliothèque, jette habilement sa veste sur les Tout l’Univers et lui montre sa collection impressionnante d’encyclopédies - dont les pages ne sont pas séparées - et l'histoire de l'Union soviétique, de Nicolas Werth, qui trône sur son bureau. Le cadreur, lui, s’arrête sur la réédition reliée en papier molletonné de « l’Alchimiste », préfacée par Nadine Morano, et les mémoires de ce philosophe israëlien qui s’est défenestré dans l’indifférence générale..
19h- Laurent Cachard aimerait bien en dire plus sur le processus de l’écriture et de l’histoire en train de se faire, mais il a un apéro Facebook. Il demande au cadreur s’il a fait le technicien toute sa vie, l’autre lui répond qu’il écrit aussi des livres, mais qu’il fait ce métier pour vivre. Dans l’enthousiasme, il lui donne l’argument de son dernier roman. Prétextant un coup de fil urgent à passer, Laurent Cachard note les idées remarquables du technicien dans un carnet de Moleskine : ça lui permettra de faire patienter son éditeur, d’obtenir des à-valoir conséquents et, cerise sur le gâteau, de faire sa note de blog quotidienne.
19h15 – L'écrivain regarde sa montre : Laurent Cachard déteste être en retard, annonce-t-il brutalement. Il prend congé de l’équipe, les remerciant de s’intéresser à la culture et aux auteurs émergents.
Nous remercions Laurent Cachard pour son accueil et pour nous avoir conseillé de faire un reportage sur l'écrivain Christian Chavassieux.
11:33 Publié dans Blog | Lien permanent
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