"Tébessa, 1956" a beau avoir - déjà - cinq ans d'âge, qu'on continue de le découvrir et de l'apprécier me comble de joie. D'ici quelques mois, je pourrai - enfin - proposer la version de "l'Embuscade" que j'espère de tout mon coeur, avec Eric, Gérard et Clara. D'ici là, je joins à ce billet les mots de mes amis de "La Maison Vieille", dont j'ai beaucoup parlé, qui permettent à des auteurs comme moi de croire encore en la librairie. Qu'ils me collent, sans que j'aie rien demandé, avec des auteurs que je vénère comme Nancy Huston - à qui je me suis promis d'envoyer un jour "la partie de cache-cache", elle, l'habitante du Boischaut Sud - et Pierre Jourde - qui, lui, est parti avec quand il m'a précédé, dans la maison de Roiron - me gonfle non pas d'orgueil, mais de remerciements.
"Et puisque l'on parle de bonnes feuilles, voici parmi d'autres des ouvrages que vous découvrirez à la Maison vieille et dont nous vous recommandons in petto la lecture : des infusions récentes Danse noire de Nancy Huston et La Première pierre de Pierre Jourde, ou plus anciennes La petite fille qui aimait trop les allumettes de Gaetan Soucy et Tébessa, 1956 de Laurent Cachard.
Avec Danse noire, Nancy Huston nous dit trois vies nouées dans l'espace et le temps, le rythme fiévreux du livre et celui du berimbau, l'instrument de base de la capoera, s'entremêlent et nous aspirent vers une issue... écrite d'avance. La maestria d'une très grande romancière.
Pierre Jourde, quant à lui, revient avec La Première pierre sur la blessure physique et morale que fût l'accueil du magnifique Pays perdu par les habitants de son village du Cézallier. Il nous livre tour à tour sa colère, ses remords, sa légitimité et ses doutes, réveillant son effroyable peur d'avoir à tout jamais perdu ce pays auquel il mesure tous les jours un peu plus son attachement vicéral.
La petite fille qui aimait trop les allumettes est indéniablement un livre qui compte. Gaétan Soucy, grand écrivain québécois, nous entraîne dans une histoire sans concession d'une noirceur intense et que l'on aimerait irréelle, sa maîtrise de la narration est telle qu'il est difficile de ne pas être aimanté par ce court texte qui bouscule l'ordre établi...
Enfin Tébessa, 1956 de Laurent Cachard, n'est pas le énième livre sur la Guerre d'Algérie, c'est le dense récit des derniers moments d'un appelé, quand le temps n'en finit plus de finir et que les grands enjeux de l'existence reviennent à la surface. Roman simple, profond et très émouvant d'un écrivain particulièrement digne d'intérêt."
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