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18/09/2012

De ma fenêtre.

Cette femme présente bien, sous tous rapports : imperméable beige Burlington, jupe plissée, les cheveux blonds savamment ramassés en chignon. La cinquantaine impeccable. Et pourtant, au coin de la rue, elle ne peut se contenir : elle hurle au téléphone, interloque les passants. On n’échappe à rien de sa conversation et, de facto, de la vie qu’elle a vécue jusque-là : elle intime (sic) l’ordre à son interlocuteur de lui verser la pension alimentaire dont visiblement il ne veut pas entendre parler. Elle lui dit qu’il paiera, qu’elle le harcèlera jusqu’à sa mort s’il le faut. Qu’elle a dû, cet été – la séparation est donc récente – tout avancer pour que ses enfants mangent à leur faim. Qu’elle a besoin de bouffer elle aussi, qu’elle n’a plus aucun revenu. Les insultes fusent, « connard », « gros lard », « pervers » et je pense aux mots doux qu’ils ont dû un jour s’échanger sur l’oreiller. L’homme doit lui dire qu’il prendra un avocat, elle éructe : « garde ta salive pour quand tu devras répondre de viol sur mineur ! ». On rentre dans le sordide, non, on ne l’a jamais quitté. Je voudrais qu’elle se taise, qu’elle cesse de prendre tout le monde à partie, mais je la comprends aussi. C’est sur elle qu’elle pleure, maintenant, certainement. La séparation est le seul révélateur des amours qu’on a perdues.

12:44 Publié dans Blog | Lien permanent

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