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23/05/2012

Aux frontières de l'Enfance.

Image 7.pngJ’avais promis de parler du EP de Denis Lecarme, dont je disais ici à quel point il était rassurant, pour un animiste comme moi, de savoir qu’il y avait toujours quelque part un bout de notre enfance éternelle, fût-elle en train de s’enfoncer dans un marais berrichon. La production de ce petit bout d’album, faite de bric, de broc et des conseils avisés de BobX et de Chocko laisse un peu pantois quant au son final, absolument parfait et équilibré. Les arrangements électro de Fred Dubois, dont j’ai toujours dit le plus grand bien, ses voix en contrepoint sur « Misono », les grattes – puisqu’il en faut – saturées sur les programmations, l’assemblage est étonnant et fonctionne. Laisse quand même la part belle au texte, aux différentes tonalités du « Little Big chief », qui monte un peu en voix de tête, ajoute une pointe de gouaille (« la démocrraatie ») pour balancer ses vérités, sans prétention : juste, « ouais », rappeler ce qui est beau, en « optimiste étourdi ». Quand il chante la « foutue poésie de nos vies », Denis Lecarme se situe à mi-chemin entre la chanson réaliste, mais à peine s’aviserait-on d’y rajouter – forcément - un accordéon larmoyant, le voilà qui fredonne en italien sur fond de distorsion.  Il y a plus de variété dans la version disque que dans la configuration concert, c’est le lot malheureux des chanteurs non solvables (emprunté au « Non Solvables Tour » de Guillo, Vitas & Fergessen, on dirait le nom d’une agence de notation). Il faut être super fort dans la chanson pour entrer dans la narration chantée, alterner le récit et l’oralité comme il le fait, et ça marche avec ce super fort grand monsieur, un iconoclaste qui s’est toujours mis là où on n’attendait personne. Entre la vision de sa ville qu’il a de sa fenêtre (et par effet miroir ce qui se passe dans son lit) et son « Fatalitas » amoureux – une fatalité qu’il envoie paître, puisqu’on vous dit qu’il est optimiste – les six petites chansons se succèdent, s’enchaînent, se complètent, filent un discours optimiste, amoureux, érotique, satirique, inversé quand il décrit une société des « moins d’1m » dont les adultes auraient peur (« les enfants sont méchants »). Pour les amateurs d’analogie, on croit entendre un Thiéfaine en voix mâtiné de Frehel qui chanterait du bon Higelin, puis on se rappelle qu’avec tout ce qu’il a fait et tout ce qui lui reste à raconter, Denis Lecarme n’a besoin de personne. Sauf d’autres étourdis qui, pour le coup, n’oublieraient pas de lui donner quelques euros pour avoir chez eux un disque qui ne paraîtra jamais nulle part ailleurs. On parle beaucoup de personnes dont on devrait moins parler, pas assez de celles qui nous apportent un petit bout de quelque chose. Rien ne nous empêche de rééquilibrer ça.

17:56 Publié dans Blog | Lien permanent

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