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22/01/2012

Los zapatos rojos.

20235_I_VAL_2024MfB.jpgJ’ai perdu l’usage de mes mains, cet après-midi, à force d’applaudir à tout rompre Rafaela Carrasco pour sa dernière performance à la Maison de la Danse. Un flamenco puro de toute beauté, réglé au millimètre, avec du très haut de gamme à tous les niveaux : musique, chant, danse. Impressionnant. Son spectacle, « Vamos al Tirotea », reprend les chansons de Garcia Lorca qu’interpréta en son temps La Argentinita. Et se veut une passerelle entre passé et futur, elle pour qui le flamenco, art populaire s’il en est, est transmission. Des tableaux courts, peu de mano-a-mano, mais une scénographie qui lui a fait décrocher le Prix de la chorégraphie à la Biennale de Séville, cette ville dont le fleuve est loué dans une des scènes qui la fait s’amuser avec ses danseurs, vêtus de robes à traine. Soit l’inverse de la façon dont elle se présente, en début et fin de spectacle, dans une tenue futuriste très masculine. Comme s’il était important pour elle que les codes soient inversés, qu’on sache que la grâce et le duende n’ont que faire des apparences. Il me faudrait du temps et des termes techniques pour dire à quel point ce spectacle atteint la perfection : Antonio Campos et Gena Caballero au chant sont divins, sans forcer, juste à la justesse et l’émotion. Il y a un violoncelliste et un piano, chose rare dans les formations flamenca. Et les danseurs… Les danseurs… La danse est un art qui m’échappe, mais je paie toujours mon écot en allant voir les plus grands flamencistes. Avec à chaque fois la même perception surnaturelle. C’était splendide, vraiment. Et le tableau final, une sorte de nature morte avec une lumière sépia sur tous ces artistes immobiles, après qu’ils sont sortis de scène un par un, au tableau précédent, m’a fait penser, et ce devait être le but, à la lanterne magique chez Proust, où l’on voit en filigrane, derrière un rideau de lamelles rouges – la couleur des chaussures des danseurs et de Rafaela – des âmes s’agiter et faire le lien entre passé et immortalité. Ole !

17:00 Publié dans Blog | Lien permanent

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