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22/10/2010

Jean-Louis Clavaizolle

Déférence gardée envers les formidables Jimenez et Reynaud,  c’est avec une  véritable émotion que j’ai retrouvé hier, à St Genis Laval – un endroit improbable pour un concert, qui montre que la ville de Lyon n’est plus à-même d’accueillir comme il se doit des artistes entre deux âges et deux publics – l’adjuvant historique de Jean-Louis Murat, celui des sessions planantes de Murat en plein air, celui des concerts acoustiques du Dolorès Tour, celui, déjà retrouvé, du Murat chante Ferré qui chante Baudelaire. Clavaizolle, c’est le retour de nappes de synthé – un instrument que je ne manque jamais d’honnir par ailleurs – et des quelques boucles qui équilibrent les envolées solistes d’un Mumu dont on m’a dit hier à la fois qu’il devrait prendre un guitariste (comme dans « le parfum d’acacias au jardin ») et qu’il n’avait jamais aussi bien joué de la guitare… On le sait, j’en ai déjà parlé ici (sur l'article le plus diffusé de l'histoire de ce blog!), l’auvergnat ne laisse personne indifférent, entre sa maîtrise absolue des enflures médiatiques (insultes, comportement de gougnaffier) et sa radicalité musicale (des albums à foison, entre trash expérimental et merveilles abouties, comme son dernier « Cours ordinaire des choses », enregistré à Nashville et album incontesté de l’année 2009) qui le pousse à laisser derrière lui des trésors que bien des Florent Marchet paieraient pour en chanter ne serait-ce qu’un. Attaque gratuite mais assumée.

Murat hier à St Genis-Laval, c’est une atmosphère d’outre-tombe avec laquelle il se plait de jouer, des éclairages moins présents sur scène que dans la salle, le service minimum de mots au public qui lui évite de dire n’importe quoi et quatre types sur scène qui se complètent parfaitement. Denis, donc, mais aussi cette excellente session rythmique aux notes rondes et profondes, ces intro étirées qui laissent penser à tout moment qu’un « Jim » ou qu’un « lien défait » peut arriver, et puis non. On joue chez Murat les albums qu’on défend, tant pis pour les nostalgiques. Qui se consoleront quand même avec un « train bleu » féérique, même si, là aussi, comme s’il avait peur lui-même de sa sanctuarisation, Jean-Louis détourne, trompe, fausse (la voix), propose une autre version que celle attendue. Il ne faut s’attendre à rien avec Murat, c’est la leçon des multiples concerts que j’ai vus de lui depuis 1993 et ses premiers pas sur scène, au Transbordeur. Quand il interpellait les « endimanchées » qui partaient plus tôt. Hier, il y en a quelques-unes qui sont parties aussi, lassées, peut-être, d’entendre ces intros qui se ressemblent pour tromper l’ennemi et qui font la part belle, une fois la rythmique en place, à la déstructuration muratienne, la guitare qu’on sature, le Neil Young qui revient. Quand on pense au chanteur de charme qui sévissait chez Drucker, on se dit qu’il a bien vieilli ; mais quand on repense aux versions qu’il a faites des chansons qu’il y chantait en 2000 ou 2004 par exemple, on se dit qu’il pourrait quand même faire quelques concessions, placer quelques vieilleries au milieu de ses amours vagabondes. Puis on se reproche de l’avoir pensé. Une soirée avec Jean-Louis, c’est toujours surprenant ; il n’y a que les personnes que l’on retrouve qui ne changent pas vraiment. Et quand Jean-Louis, Denis et les deux autres finissent par « l’examen de minuit », c’est abruti de bonheur et de beauté qu’on quitte la place.


 

17:33 Publié dans Blog | Lien permanent

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