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13/06/2010

Après tout, qu'est-ce qu'on est?

IMG_0419.JPGPremier salon de la grande petite édition à Roanne, ce week-end. : les Edites. Trois jours de rencontres, d’expositions, de réflexions sur l’avenir du livre méconnu, peu diffusé, mal distribué, mais soumis aux mêmes impératifs économiques que son illustre aîné des grandes maisons d’édition, tout aussi mal en point. Une affluence correcte, dirons-nous : il est difficile d’orienter des personnes vers un événement nouveau, livresque, quand la communication préalable n’a pas les moyens du « Mc Donald’s Iron Kids » concurrent. Personnellement, j’ai la chance incroyable de ne jamais m’ennuyer dans les salons : « Tébessa, 1956 » y rencontre un succès permanent, à son échelle. Des personnes s’arrêtent, interpelées par le titre, qui engagent une discussion, qui dépassent le stade de mon âge et de la fiction. Quelques agacements, néanmoins, subsistent : je crois fondamentalement que les problèmes de la petite édition viennent en partie d’elle-même, de son absence de discernement dans les choix, de sa propension à l’auto-satisfaction, l’auto-congratulation, à l’entre-soi. A Roanne, comme ailleurs, les mêmes exposants de (très) mauvais livres, qui noient de fait les (très) bons qu’on peut trouver. Il est des romans que je parcours au fil des expositions qui sont bons à jeter aux cabinets, si je reprenais la franchise d’Alceste (le vrai, pas Badin). Malheureusement, ce sont souvent leurs auteurs qui prennent les postures les plus fats (un adjectif qui n’est usité qu’au masculin, mais franchement repris par quelques auteures : la nullité n’a pas de genre) et les éditeurs qui cautionnent, souvent motivés par les subventions dont ils bénéficient. Le cercle vicieux est en marche : il faut parfois éditer pour pouvoir continuer d’éditer, c’est de là que vient souvent l’absence de discernement. Nicolas Rodriguez, qui a mené un Master sur le sujet, soulignera bien le paradoxe et le discours biaisé de l’édition : certains de ses secteurs se portent très bien, mais le livre qui ne se soucie pas du marketing (terme odieux, pardon) est en danger. La petite édition génère des ouvrages formidables, qui ne sont pas assez défendus. La responsabilité est partagée : l’égotisme de l’auteur qui se persuade qu’il a écrit LE livre, qui dépassera allégrement le temps de lecture qui lui est imparti, l’éditeur qui voudrait qu’on reconnaisse ses auteurs comme incontournables quand ils ne le sont pas toujours. Je me demande pourquoi des petites éditeurs ne se regroupent pas pour financer un ou plusieurs représentants qui iraient présenter les ouvrages en librairie. Peut-être parce qu’ils défendraient systématiquement un auteur, dans cette sélection, dont ils sauraient pourtant qu’il n’est pas le meilleur de ceux qu’il faudrait défendre ? Allez, je cesse ma diatribe et poursuis mon chemin. J’ai passé un excellent week-end en compagnie de Christian Chavassieux et de Pascale, sa compagne. J’ai rencontré des personnes formidables, dont la formidabilité, c’est étonnant, n’est jamais manifeste… J’ai participé à la première d’un événement qui sera reconduit, je l’espère. Comme j’espère qu’il évoluera dans les bonnes directions, les mêmes que devra prendre l’édition en général. D’ici l’année prochaine, j’aurai moi-même participé à l’exercice de vanité collective en ajoutant un titre supplémentaire à tout cela. Un de ceux qui n’attirent pas automatiquement le passant, par contre. On verra si je fais autant le malin à ce moment-là.

 

21:46 Publié dans Blog | Lien permanent

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