22/11/2021
39.
Je suis outré que la société ne m'ait toujours pas récompensé de mon manque absolu d'ambition.
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21/11/2021
40.
Un article qui date de 2009, qui a lancé mon blog et que je retrouve inopinément.
IL FAUT SOURIRE À DRUCKER
Belle rencontre, à l'instant, avec Jean-Louis Murat, dans cet atroce et inconfortable forum de la FNAC Bellecour; j'ai hésité à y aller, parce que je suis toujours réticent à l'idée d'aller voir ceux que je lis et que j'écoute en vrai, mais l'époque a fini de me convaincre: il est difficile, désormais, de "défendre" l'auvergnat, tant ses dernières prestations médiatiques l'ont soumis à la vindicte populaire. Ce qui me le rend immédiatement sympathique, de fait. Il allait forcément, l'aborder, ce point-là, j'étais curieux de l'entendre, lui, sur la question. Et je n'ai pas été déçu; oubliée très vite la formule interviewer/interviewé, le portrait en filigrane via les oeuvres qui l'ont inspiré. On a bien eu droit à une petite analogie entre John Ford et Claude Zidi pour souligner un éclectisme d'autodidacte, sans chapelles ni barrières précises. On a eu quelques prescriptions de musiques et de livres qui ont pour fonction "d'enlever le mal de tête". Une heure avec Simenon, par exemple, pour Jean-Louis Murat, c'est la santé assurée. Peut-être parce qu'entre "brutes sophistiquées", l'oxymore muratien du jour, ils se comprennent, qui sait, souffle-t-il, admiratif des "trois femmes jour" de l'auteur de Maigret. Dans les musiques qui sont bonnes pour la santé, des musiques de dentiste ("parce qu'on sent plus la douleur") ou de bouddhistes ("une religion pour les gens fatigués"), il y a Neil Young et "Bob dit l'âme", dont il (et on) reparlera. Parce qu'il est déjà parti sur autre chose, Jean-Louis, il a de lui-même donné la parole au public, sans attendre la fin de l'entretien, l'exortant de ne pas poser des "questions de journalistes". Alors on a droit au chapitre auvergnat, aux lieux dont la charge poétique est désormais, chez lui, "ventilée par les éoliennes", à son séjour à Nashville, sa passion pour le blues, "la dernière musique où les grands-pères ont le droit de chanter". "Je cherche la nouveauté dans la voix des grands-pères", assène celui qui se proclame par ailleurs esclave des mots "ange", "âme", "amour" aussi, le terme le plus usité chez Racine. Un mécréant qui assume ses références sacrées, qui redresse une croix quand il investit un lieu...
Puis on ripe, Jean-Louis Murat redevient Bergheaud et s'emporte en tant que lui-même, par pour donner un change médiatique, puisqu'il est là comme à la maison: c'est l'industrie du disque, la situation "dramatique" - le mot est répété cinq, dix fois, des musiciens, des personnels des maisons de disque, plus encore, une agonie qu'il nous raconte parce qu'on ne veut pas la voir. Il dit être très proche de ces techniciens ou musiciens qui ne trouvent plus de travail et dont certains achètent des fusils après avoir épuisé les anti-dépresseurs. En six ans, les ventes de disques ont chuté de 60%, lui-même est passé de 200 000 exemplaires en début à 20000 pour Taormina, 15000 pour l'exellentissime "Cours ordinaire des choses"... S'il est allé à Nashville, dit-il, c'est parce qu'il est loin d'être sûr de pouvoir faire un autre album, c'est aussi parce que le cours du dollar lui était bénéfique. Il dit ces artistes - pourtant reconnus - obligés d'hypothéquer leur maison pour financer un album pour lequel la maison de disque n'avance pas un centime. Il confie être "périmé" dans sa façon de faire, voit les nouveaux groupes qu'il appelle "les jeunes job-à-côté", ou les groupes d'instituteurs puisque, comme pour la littérature, l'Education Nationale est le premier fournisseur de deuxième-boulot-qui-devient-le-premier... Et là dessus, il y arrive, aux journalistes radio et télé pour qui il est impératif de faire comme si tout allait bien, comme si, une heure avant, on n'était pas justement avec un musicien désespéré qui menaçait de se faire sauter le caisson... Pour lui, il est désormais impossible de dire que "ça ne va pas", de la "ramener", puisqu'il est acquis que tout doit aller bien, et que la fonction policière des médias et de l'opinion fait que si on va à contre-courant, si on n'offre pas le visage attendu, la condamnation est globale, via Internet immédiatement, via l'opinion publique qui ne veut pas plus de vagues que les médias qu'elle consomme. Pourtant, dit Bergheaud, "il faut déraper!" Il raconte l'envers de ce qu'on a dit de lui, Nagui qui fait effacer la bande de sa prestation en cabine, Pascale Clarke qui le reçoit froidement et qui, avant même qu'il ait quitté le studio, lance sur Internet une vidéo alors même qu'il ne savait pas qu'il était filmé. Il dit les cours de "coaching" que reçoivent les nouveaux artistes, dispensés à prix d'or par les mêmes qui les intervieweront après, satisfaits de leurs réponses de "footballeurs" ou de "députés UMP". "Pas d'autres solutions que d'être imbuvable", lâche-t-il enfin, le coeur gros mais en confiance. Et de citer encore en exemple Dylan ou Neil Young dont il a appris à Nashville qu'ils étaient absolument odieux en studio. Seul moyen selon lui de "préserver la source", "ce moi intime" qu'il ne faut absolument pas altérer. Dylan était génial, dit Murat, quand il donnait une interview par an; maintenant qu'il en donne trente, rien n'en ressort. Il faut préserver la source, jusqu'à la folie peut-être, au prix d'une immense solitude, souvent. Murat ne dira rien d'autre. Il s'est auto-proclamé à l'agonie, déjà mort. Il n'y aura ni live, ni dvd, peut-être même pas de concerts puisqu'un chanteur qui ne vend pas ne remplit pas de salles et que les petites salles ferment puisqu'il n'y a plus de chanteurs pour les remplir. L'absurdité du système est démontrée, mais ce que est bien avec Bergheaud, c'est qu'il ne nous épargne pas puisqu'on est aussi responsable de l'état dans lequel on se trouve. Il est "tricard", y compris dans les dernières forteresses qui l'abritaient - dont Inter. Nous aussi, sans doute, dans notre quotidien.
Murat s'est emballé, il est temps d'en finir. Je lui glisse à lui aussi une petite enveloppe kraft, il est important de rendre ne serait-ce qu'une infime partie à ceux qui nous ont beaucoup donné. Il signe mon "Baudelaire/Ferré/Murat", un peu hébété peut-être de la violence de son propos. Mais à part ça, "il va bien", rassure-t-il. Oui, finalement, dans ce marasme, la bonne nouvelle est là, elle reprend la relativité: l'heure que j'ai passée avec lui, je ne l'ai pas perdue.
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20/11/2021
41.
Dans le tiroir d'un vieux secrétaire virtuel :
"Camille, je vais devoir vous parler de cette place que vous avez eue pendant cette longue absence ; cette Valse devenue ma signature officielle, ce texte ressuscité puis enregistré enfin, avec la participation de la belle Isabelle et d’un inconnu talentueux rencontré sur le Net. Je vous dirai, Camille, que pas un jour ne s’est écoulé sans que fût prononcé votre nom, sollicité votre souvenir. Sans douleur, pour autant, juste avec cette imperceptible pointe de tristesse qui reste quand on perd ceux qu’on aime. Décuplée quand on ne sait pas ou plus pourquoi on les a perdus.
Camille, votre souvenir, pourtant, n’en a jamais été un. La force est vive, chaotique le chemin. Mais j’ai toujours vu la Valse bouger, en la fixant. Illusion d’optique, me répétaient les pessimistes. Ceux que j’ai failli suivre, quand l’étoile a commencé, de nouveau, à scintiller très imperceptiblement. Quand la Chouette, sollicitée, a un peu rechigné mais a admis ma requête, finalement. Quand nombre de mes faits d’armes partaient en toute petite partie (secrète) vers vous.
Il était très ambitieux, dès le départ, d’espérer tenir une vie. A la moitié de la mienne, je suis heureux de savoir que c’est un dessein qui nous est devenu naturel. Evident, comme aux premiers jours. Que ces mots-là sont primesautiers, comme vous aimez à le dire. J’en ai d’autres à vous offrir, que je joins à cette lettre, que j’interromps là : laissez-moi, s’il vous plaît, le bonheur de pouvoir vous écrire à nouveau..."
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19/11/2021
42.
En retard sur tout: je vous souhaite une bonne année 2009.
20:54 Publié dans Blog | Lien permanent
18/11/2021
43.
Il reste quand même quelque chose de sartrien dans ce siècle (encore) débutant: cette impression qu'une part de ce qu'on vit se fait dans son absence de conscience, par derrière, l'objet même de la Nausée. Il m'arrive d'écrire 2011 à la place de 2021 sans que ça m'interpelle, et c'est la prise en compte de l'erreur qui en définit la nature, et la sensation de béance.
15:10 Publié dans Blog | Lien permanent
17/11/2021
44.
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16/11/2021
45.
Mon ami Eric m'envoie 30 s. du clip qu'un cinéaste a fait de "Quantifier l'amour" : lui-même n'en a pas plus, il le recevra prochainement et le film sera diffusé sur les réseaux et ailleurs, bientôt. Mais c'est un autre élément de mesure: je me souviens de cette discussion tendue à Eloise, il y a plus de dix ans, de cette femme qui se sentait répudiée et le prenait d'une façon agressive, m'accusant de tous les maux. Je me souviens que c'est Eric qui s'est amusé de cette situation et qui, pour détendre l'atmosphère, a demandé tout de go si on pouvait quantifier l'amour. D'où est-ce que c'est venu, lui-même ne le sait pas. Mais quand une expression est marquante, on la note, et puis ensuite, dans le studio, on griffonne quelques paroles. Qui seront chantées, ensuite, pour la première fois, dans la belle librairie "Jules & Jim" de Cluses - à destination d'une autre femme, qui destitua la première et la rejoindra dans la rancoeur - puis dans celle du Tramway, mon lieu de coeur et d'accueil. Une version brute et sauvage, immortalisée par un autre homme d'images, Tristan Grujard. Il y a dix ans.
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15/11/2021
46.
Les mots doux durent :
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