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04/04/2021

272.

akpc2.jpgC’est très étrange d’aller parler d’un livre qui a près de deux ans à une époque où la moindre rencontre littéraire est illico annulée. Mais là, dans l’intimité (extérieure) de la toute petite librairie associative « Prose Café », dans la belle ville de Frontignan dont je ne connaissais pas encore les ruelles vénitiennes, j’ai pu m’asseoir à une petite table de fer forgé sur laquelle trônent quelques-uns de mes livres, dont le gros rouge, le dernier. Ce livre qui m’a tant demandé et qui, depuis, m’a tant offert, tant il est, par dessus tout, le livre que je voulais écrire un jour, celui qui me fige, un peu, comme un écrivain du XIX°s., ce que j’adore. Béatrice, la propriétaire des lieux, connaît bien l’édition, en relectrice attentive – et ghost writer – de grandes maisons d’éditions. Elle qui n’en défend, dans son lieu que les petites. Elle est pugnace, puisque cette rencontre était programmée en décembre, et repoussée plusieurs fois. Ce samedi pascal nous offrait la dernière fenêtre et la dizaine de personnes qui sont venues ont dû rester dehors, au soleil, comme l’auteur, mais le moment, une fois encore, était intéressant, et partagé. On a évoqué la genèse – je n’y échappe jamais – et j’ai gardé, une fois de plus, les derniers secrets de la photo de couverture : c’est Aurelia Kreit, point. Le thème fixé, sur l’exil et l’identité, arrive vite, puisqu’il est le sujet d’interrogations, et de mises au point historiques : qui fait le Juif, dirait Lévinas, sinon celui qui le détermine comme tel ? Mais alors, dans les rues de Iekaterinoslav, comment reconnaît-on un Juif, sinon par association d’idées et de projections, de rage envieuse ? Un jeune homme, présent sur les lieux et très curieux, veut en savoir plus sur ce que l’auteur met de lui dans la fiction, et taxera sa maman de 20€ pour repartir avec le livre : le monde n’est pas tout à fait pourri, encore. Il fait très chaud, en plein soleil, et je vois les spectateurs reculer, non pas parce que je les fais fuir, mais parce qu’ils cherchent l’ombre. Je sais qu’il faut clore, parce qu’on ne peut pas indéfiniment garder des lecteurs dont certains attendent justement de pouvoir entrer dans le roman. La matinée m’emmène dans l’atelier d’un artiste local, Jean-Louis Delorme, dont je reparlerai bientôt, ici. Je suis allé parler d’Aurelia, un matin d’avril 2021, c’est déjà un double privilège. L’autre, c’est de rentrer chez soi et continuer ses aventures, entrer dans les deux derniers tiers de sa dernière partie. C’est peu de choses, mais c’est déjà ça.

photo: Gérard Grenier

05:15 Publié dans Blog | Lien permanent

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