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06/01/2018

"L'Eté" en chaussettes douces.

Fergessen-nouvel-album-lété.jpgC’est compliqué de rentrer dans « l’Eté », le dernier album de Fergessen. Le 3ème et, de source plutôt avertie, le dernier, parce que le support n’existe plus vraiment, ou du moins, dans ce qu’il reste de l’industrie du disque, n’a plus la même importance qu’avant. Et permet, de fait, de ne plus attacher autant d’enjeu à l’unité qu’auparavant : dans un monde numérique où seul le single subsiste, on n’aborde plus une « galette » comme on le faisait avant, et c’est ainsi. C’est comme ça que Fergessen, le duo de chevelus rock, engage « l’Été » dans une rythmique de programmation comme on n’en a plus vu depuis Eurythmics, dans les 80’s. Les références qui sont venues dès qu’on les a vus apparaître dans le paysage, d’ailleurs : comment mieux définir un duo homme-femme aussi bien distribué, une égérie revendicatrice, un Pygmalion dépendant de sa muse ? Le ton est donné, et ça surprendra ceux qui ont découvert les titres sous l’égide de Paul (Grémillet) le Batteur, à la rythmique dansante : « l’Eté » est électro dans ses programmations et petits flashs numériques. Le disque installe une ambiance dansante, breaks (dans « Tu veux la guerre », par exemple) à l’appui, qui va à l’encontre de paroles plus sombres qu’elles l’ont jamais été : faire bouger les derrières sur des textes sur la dépression, l’été pluvieux ou des illusions défaites comme au temps du Magicien d’Oz, il fallait le faire. Le duo n’existe plus seulement dans le crescendo rock comme au temps des guitares épileptiques, qu’on n’entend plus du tout, sauf dans le pont musical de « I want Love ». Ce sont les synthés, doublés d’un vrai clavier, comme dans « Tangerine », qui font penser au Depeche Mode des débuts, mais avec un fond qu’il faut porter : comme si, dans le discours, Fergessen s’était défait des strates musicales pour continuer de surprendre et d'énoncer. David dans un « Wet Dragon » cinématographique à la Cimino, Michaëla dans « Tangerine » cassent le duo au profit d’un solo alterné et soutenu, c’est surprenant et finalement pas étonnant de la part d’un binôme qui n’aime rien tant que de ne pas rester dans l’attendu. Ça fait des SHEBAM! POW! BLOP! WIZZ! psychédéliques – supplantant les wwwooooooooooohhhhh historiques - mais quand on connaît leur souci du perfectionnement et leur sens de la réalisation, on se dit qu’il faut le réécouter pour mieux l’entendre. Jusqu’au « Temps », leur exploration - après l’épisode « The Voice » et l'initiation du Maître Jedi  Essertier - de la pop-rock FM, qui fera hurler les puristes mais devra les interroger aussi sur leur démarche. C’est un peu la métonymie de l’album, ce morceau : le plus abouti mais le plus incongru. J’ai déjà dit, ailleurs, le bien que je pensais des « Explosifs », celui que je préfère, parce qu’il traite d’un sujet grave de façon dansante, toujours : faire groover sur la dépression, même Fauve, visé dans le titre éponyme, n’y est pas arrivé. A force, pour comprendre, on se le repasse, cet album de 34 minutes (pour trois ans de travail) et, comme on le dit dans les milieux autorisés, on rentre dedans, on finit par les reconnaître. Et dans « Euphoria », qui le clôt, il y a toute la superbe et la part désabusée du Duo qui écume l’Hexagone et qu’on ira retrouver, encore et toujours, loin de chez nous et de chez eux. En Eté comme ailleurs. « L’Eté », l’album, ne se livre pas du premier abord : les chaussettes moelleuses des kisskissbankers étaient autant de fausses pistes. Dire le contraire serait méconnaître les Fergessen. Prétendre les connaître ne vaudrait pas mieux, pour le coup.

Sortie officielle le 22 janvier

http://www.fergessen.fr

 

23:09 Publié dans Blog | Lien permanent

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