22/02/2016
La vie choisie.
Quitter mon île pour revenir dans ma ville y retrouver les artistes que j’ai connus beaucoup plus haut, plus au Centre, fêter avec eux, dignement, le chemin parcouru dans tous les sens du terme, puis les laisser aller, en éclaireurs, là où ma vie d’artiste à moi s’est posée depuis quelques années, partir, de mon côté, au rendez-vous fixé avec cette femme qui ne m’a pas oublié et dont le métier consiste à parler et faire parler des œuvres : passer un long et bon moment avec elle, ressortir confiant d’une interview, ce qui est rare, satisfait d’avoir pu lire un passage de son travail, d’en avoir dit ce que pensais qu’il fallait dire. Retrouver, sitôt après, d’autres compères de route, mes musiciens, retarder l’instant du départ vers l’endroit où tous, le soir, se retrouveraient. Vers où d’autres convergeraient, pour un instant de vie, de ceux qu’on note dans une biographie, une bibliographie… Voir des personnes dont j’admire la vie et/ou le travail se rencontrer, parler, échanger, promettre. Râler un peu contre ce qui me semble ne pas correspondre du tout à l’esprit – du lieu et du moment – mais effacer très vite la contrariété, parce que l’instant qui suit lui est tellement supérieur… Et ça jusque tard le soir, jusqu’au lendemain, quand les chansons succèdent aux photos, quand les projets en appellent d’autres, quand tout, dans cette vie qu’on s’est choisie, valide les errances, les regrets, les éloignements, aussi. Se retrouver, alors que rien n’était prévu, dans une quatrième ville, encore, à écouter, avant tout le monde, ce que d’autres de mes amis ont fait ensemble, trouver ça beau et emballant. Longtemps j’ai pensé que ce qui nous arrivait de bien cachait quelque chose qu’il allait falloir payer : j’en ai même fait l’intention de ce roman que rien ni (plus) personne ne peut m’empêcher de reprendre, maintenant, revigoré. Aux deux-tiers du temps donné, puisqu’il a bien fallu reprendre le texte de la chanson, je m’efforce de penser l’inverse, désormais : ces moments-là sont ceux qui en annoncent d’autres, et ainsi de suite, jusqu’à ce que ce soit terminé. Après, il restera ce que nous avons fait.
photo: Daniel Damart
11:43 Publié dans Blog | Lien permanent
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