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07/01/2016

Soulage à Sète.

IMG_4625.JPGIl y a toujours deux façons d’aborder un événement subit : on peut pester contre la Terre entière de ne pas avoir été prévenu, ou apprécier qu’une journée pût être illuminée sans qu’on l’ait envisagé. De trouver l’annonce d’un concert de Guillo dans ma (nouvelle) ville, de voir les affiches ornées des mots que j’ai écrits pour lui fut la belle surprise du jour, prise comme telle. J’ai découvert le lycée des métiers, dans la salle polyvalente duquel le Tour sous les toits sétois du Monsieur était organisé, par l’action conjointe de ID of Arts, présidée par Yvette Gallinaro, et le lycée lui-même. ID of Arts, dans ce que j’en ai compris, est un mécénat qui amène l’Art dans l’entreprise et dans d’autres lieux atypiques, à en croire sa fondatrice. Un assemblage qui a conduit la création de « Corps Distants », par Jean-Jacques Di Tucci, pour 2 cors et 12 percussionnistes du Paris Percussion Group, à l’occasion du festival FMAJI, l’année dernière. Qu’un tel organisme s’intéresse à Guillo ne peut être qu’une bonne nouvelle : le chanteur d’Amou est un de ces auteurs-compositeurs-interprètes que je n’ai eu de cesse d’écouter depuis que les routes de Gérard Védèche, Nicolas Vitas et Fergessen me l’ont fait rencontrer. Un artiste pour qui j’ai écrit des lignes, certaines parues, d’autres non, une biographie, des chroniques, une nouvelle, même. Qui nous a hébergés chez lui, dans les Landes, pendant l’épique tournée à la Moutète, pour le Poignet d’Alain Larrouquis. Guillo dans ma ville, à quelques encablures de la sortie de son deuxième album, dont j’ai eu la chance d’écouter la maquette d’abord, puis la version numérique réservée à ceux qui l’ont aidé à le financer via une plate-forme participative. Un album enregistré dans les Vosges, sous la houlette de David Mignonneau, l’oreille critique de Michaela Chariau… Un Guillo en mode roots quand même, avec un beau tapis de scène mais un éclairage artisanal, en équilibre instable : les bonnes volontés ne font pas forcément les meilleurs plateaux, et les loges n’existent pas, mais c’est aussi à ça qu’on reconnaît les talents, quand on dépasse les écueils et quand on tient une scène seul, guitare, harmonica, programmation. Une petite heure de musique avant le dîner des mécènes, des morceaux inédits (dont un superbe texte sur la Palestine, signé Fox Kijango, me dira-t-il après), des morceaux du premier album, « Super 8 », écouté en boucle, jusqu’à saturation, récemment, quand je montai une vidéo sur « Que restera-t-il de tout ça ? », une des chansons que j’ai panthéonisées (et que j’ai chantée avec lui en duo un jour, eh ouais). Des chansons de « Soulage », son prochain, un « Décors » que j'ai préféré à la version studio, « le chien de la fille », version mordante, et les sublimes, déjà, « Long Fleuve » et « Des hommes et des fleurs », en mode Rémy Bricka, applaudissements à contretemps compris. Une présence scénique toujours aussi irradiante, une voix ad hoc, un sourire mortel, même dans les moments durs à l’enceinte. Le set à Sète est bien monté, néanmoins, et si les retombées l’amenaient à se produire un jour en full band, ce serait amplement mérité : quand on embarque dans une salle pareille deux ou trois générations de spectateurs, de vieux profs dissipés et des élèves attentifs, peut-être parce qu’il les rencontre demain en master-class, on peut voir (plus) loin, encore. Dans la force de l’âge, avec une chanson pour chacun de ses enfants et d’autres pour ceux qui veulent bien les prendre pour eux. J’aurais pu, ce soir, rentrer chez moi et écouter Guillo, comme souvent. Je suis allé l’écouter, c’est beaucoup mieux : quand les artistes sont vivants, c’est nous qui respirons mieux.

20:57 Publié dans Blog | Lien permanent

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