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17/06/2015

La notion de la dévotion.

Obsédante chanson sur le couple que ce « Pour être deux », de Rose, une artiste à qui je dois mon « Ciao Bella » - qui ressortira sous une forme musicale l’année prochaine – à qui je l’ai emprunté, pour être plus juste. Et idéale façon pour moi de reprendre mes chroniques muratiennes, moi qui ai été privé de ses concerts cette année, parce qu’on n’a pas su se croiser, parce que le « Babel » tant attendu n’a pas sur moi l’effet qu’il semble avoir eu sur certains journalistes dont on se demande si, par effet miroir, ils ne cherchent pas à plaire à Murat plutôt que l’inverse. Et voilà que le bougnat accepte de chanter en duo avec une femme issue de la « variété », qui plus est une chanson qu’il n’a pas écrite. Parce que, selon ses dires rapportés par Didier le Bras, il a trouvé le texte d’une justesse absolue (en ses termes « pas niais pour une gonzesse », il y a de la volupté dans le fait de se faire détester), si juste qu’il n’a pas vu comment il aurait pu ne pas le faire. Si tant est qu’on m’aime… Vingt-quatre ans après le duo avec Mylène Farmer que certains ayatollahs de la Muratie ne lui ont pas encore pardonné, le voilà qui vient répondre d’une voix chaude aux affres qu’énonce Rose avec fatalisme : il est question de la place, toujours, mais pas celle qu’on demande, celle qu’on refuse. Par peur de l’engagement, par l’égoïsme protecteur que la morale réprouve, la société aussi (ça va de pair). Comme s’il se répondait lui-même, vingt-quatre ans aussi (tiens, tiens…) après son « Sentiment nouveau ». « J’ai pas dans les gènes, le don de moi-même » assène Rose dans le premier couplet, avant que le Bougnat n’arrive et lui reproche de ne pas s’en mêler, de le laisser s’emmêler. Paronomase classique de variété, certes, avec quelques chœurs et violons dispensables, mais le sujet est entêtant, et universel. Les douleurs d’en face, y pense-t-on toujours quand on rencontre ? Les habitudes de la solitude, nouveau mal du siècle, alors ? Une forme de complaisance dans l’autosatisfaction, au sens propre, en tout cas : les mots me reviennent de cette femme qui m’a dit qu’il ne fallait toujours compter que sur soi-même, avant de me planter, sur la place, la vraie, la réelle… Quel autre atrabilaire amoureux que Murat pouvait faire résonner ces mots-là, en surprenant, une fois encore : dans cette cérémonie, c’est lui qui est quitté, c’est lui qui souffre et c’est nous qui aimons. Enfin, moi. Pris au dépourvu.

17:05 Publié dans Blog | Lien permanent

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