28/03/2015
Les ateliers Divonne (3).
Les ateliers d’écriture ont parfois des vertus thérapeutiques : en travaillant sur l’humain, et de façon collective, s’il vous plaît, on multiplie les chances de concentrer des angoisses, des transferts, des méfiances, qui sait. Pour la troisième étape de notre travail, la deuxième passée ensemble, toutes les inquiétudes ont émergé rapidement, dès le café : quid du cadre, de la consigne, du lien avec l’autre atelier ? Avec un message, à peine voilé : donnez-nous de la contrainte ! Alors même que l’exercice est inverse, et qu’au vu de ce que j’avais lu de ce que les membres proposaient, dans un premier jet, l’histoire de cette femme, à la moitié de son temps donné à elle, qu’on extrait, via un événement inattendu, de sa perpétuelle mesure de tout ce qui lui arrive, me semblait déjà, avant d’arriver, un matériau suffisant pour qu’on continue. Drôle de mise en abyme, de fait, comme si Gabrielle – qui n’est ni rousse ni serveuse dans un bar à Harfleur, je le souligne – était une partie de ce qu’ils étaient eux : quelqu’un qui a besoin de tout contrôler. Les éléments étaient là, tous : la voiture comme habitacle de la pensée, le fils, parti vivre sa vie, le manque qu’elle ressent et qui renvoie à d’autres, plus douloureux encore, plus enfouis. L’histoire de ce grand-père, longtemps chéri, son passé de maquisard pendant la guerre. L’image de cette famille d’étrangers (des réfugiés ?) qui attend sur l’aire de nettoyage, où elle va faire laver sa voiture, indûment crottée. Qu’est-ce qui fera qu’elle s’arrêtera ce jour-là, particulièrement ? Et d’autres choses. Ils avaient tout, ils ont tout. Il ne leur reste, et c’est une bonne raison de chercher à reporter ses inquiétudes, qu’à écrire tout ça et être à la hauteur de l’histoire qu’ils ont lancée, comme on lance un on dirait que Gabrielle etc. Je sais tout le travail qu’il reste à faire, et les inquiets sont rentrés chez eux chargés de consignes, puisqu’ils en voulaient. Mais je suis confiant aussi, au regard de ce que je perçois qu’ils peuvent faire. Quand on en sera à la liaison avec la Suisse, on verra si les récits s’enchâssent comme on le souhaite. Sinon, on déconstruira, puis on refera un montage : après tout, l’atelier d’écriture, c’est avant tout de l’atelier.
18:59 Publié dans Blog | Lien permanent
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