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21/02/2015

L'atelier Divonne (2).

S'il neige encore à Divonne le 30 mai pour la fin des ateliers d'écriture, je me dirai que je suis un peu le chat noir de cette belle expérience, qui a connu sa première vraie séance aujourd'hui, après la mise en commun des idées le mois précédent, les deux groupes confondus. Les Suisses étant rentrés à Monthey, les Français - en réalité, le partage est tout autre, plus géographique qu'ethnique - ont dévoilé ce matin d'autres histoires rédigées, souvent familiales, aux tonalités classiques, modernes ou naturalistes, avant que le squelette du récit envisagé commence à se dessiner. Une des anecdotes de la séance d'avant (une femme abordée par une famille de réfugiés qui lui demande de les passer de l'autre côté de la frontière) sert de départ, mais la façon de l'aborder n'est pas encore connue. Qui va parler, à qui, comment, les questions de l'énonciation sont importantes, dans la mesure où chacun devra respecter une unité de style tout en apportant sa touche singulière au récit. Il y a une touche d'inquiétude chez les plus anxieux, qui cherchent absolument à rationaliser ce qui ne sera, jamais, qu'imaginaire, mais la lecture de textes différents permet, c'est un paradoxe, de trouver des liens, des petites touches qui, par pointillisme, deviendront tableau. C'est untel qui traite, dans son histoire, d'un parent disparu dans la Grande guerre, c'est un autre qui s'intéresse à la joaillerie du début du siècle, un dernier qui donne à entendre les différences qu'entretiennent des gens tellement proches qu'on ne sait plus vraiment sur quoi se fonde le (gentil) malentendu. Que choisir, plusieurs narrateurs qui racontent la même histoire, le point de vue de l'étranger, celui de celle qui se souvient que tout n'a pas toujours été tranquille dans son existence, du moins dans celles qui l'ont générée? À partir de là, le groupe s'active, trouve des pistes, dans chacune des interventions, il y a des choses à prendre, d'autres à laisser, c'est le principe du collectif. Mes angoissées aimeraient qu'on ait, puisque la séance s'écoule à la vitesse de la neige qui tombe, un plan général et définitif, je leur explique que les personnages ont un peu ce qu'ils voudront, mais la situation initiale et l'élément perturbateur se mélangent, c'est une sacrée bonne idée que n'importe quel auteur aimerait avoir, on élimine pour être efficaces plus tard, on prend le parti du monologue intérieur, puisque l'habitacle d'une voiture, souvent, s'y prête. Mon travail consiste à rassurer tout le monde, puisque ce qu'ils apporteront s'intégrera dans le récit. On se demande si une femme de 45-50 ans, à l'heure des bilans, du retour sur soi, peut s'appeler Mélissa (improbable), c'est dire si on a avancé. Le plus gros conflit porte sur le statut des physiciens (la narratrice travaille au CERN, et passe la frontière tous les jours, sans y faire attention, et sans la tachycardie de ceux qui craignent qu'on les y arrête) et de leur rapport à l'humain, à la sensibilité, il est assez simple à régler, également. Les participants auront fort à faire, entre les deux séances, pour que la suite de l'histoire se dessine, qu'on fasse le lien, également, avec le groupe suisse, dont on ne sait pas ce qu'il aura imaginé, de son côté. Le casse-croûte commun est fraternel et convivial. Je leur répète que c'est bien parce qu'on m'a choisi pour encadrer ces ateliers que je ne me précipite pas moi-même sur une telle histoire. Dont le titre provisoire est "Marc Lévy & les baleines de Divonne", mais ne me demandez pas pourquoi.

20:37 Publié dans Blog | Lien permanent

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