22/12/2014
Les accords tacites.
Qu’est-ce qui fait qu’on converge, tous, au même endroit, avec la même fébrilité amoureuse, le même désir, gardé secret, de l’appropriation, qu’est-ce qui fait qu’on vient de Tours, de Lyon, de plus loin encore, jusqu'au bout des Vosges pour finir par écouter un chant traditionnel basque, émotion à fleur de peau, larmes de soutien à l’appui ? Comment est-ce qu’on passe de nous à quelqu’un d’autre, qu’on ne contrôle pas parce qu’il représente une part de nous, avec ses histoires, ses failles, les mots et les airs qui en disent plus sur lui qu’on pourrait le faire nous ? Des mots, des airs qui traversent, qu’on se prend de plein fouet, qui font qu’on perçoit les deux dimensions d’un seul instant, celui qu’on vit, celui dont on se souviendra qu’on l’a vécu. C’est là-dessus qu’on pleure, en fait, c’est ce conflit qui nous habite, entre la Beauté et sa mémoire, après. La conscience de l’happenstance. Qui permet de savoir, dans l’après, si une photographie, un mot utilisé, restitue justement, ne la trahit pas, cette mémoire sans la mer. Nourrit l’insoutenable et joyeuse envie que tout cela revienne, recommence. Qu’on se retrouve, en soi et avec tous.
photo Valérie Lefebvre©
16:35 Publié dans Blog | Lien permanent
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