01/09/2014
Je vais au silence.
Je compare les parcours d’un auteur de mes amis, écrivain depuis toujours, récompensé par diverses sélections, déjà, qui voit son dernier titre édité par une grande maison d’édition nationale, avec tout ce qui va avec, la promotion, les rencontres, les critiques professionnelles, et les éditions locales – dont les miennes – qui peuvent connaître quelques faits d’armes – j’en ai eu – mais dont la diffusion, très vite, s’épuisera, au delà du cercle d’amis et assimilés. Toute l’auto-promotion qui tourne autour des livres qu’on a écrits contribue à ne plus faire de distinction entre l’édition, l’auto-édition (on me propose de participer à des plateformes d’édition en ligne, mais pour quoi faire ?) et, le pire, l’édition à compte d’auteur, qui jouit de l’état actuel des choses, qu’il ne faut pas nier : on écrit plus qu’on lit, en France. J’ai deux mois de retard sur la relecture finale de « Aurélia Kreit », je profiterai du temps qu’on m’a payé, au sens propre, pour terminer le travail d’ici la fin du trimestre. Ensuite, je ferai tout pour que ce livre soit diffusé le plus largement, qu’on reconnaisse mon travail d’écriture sans que je remue ciel et terre pour qu’on le fasse. Je ne veux plus avoir à dire – sauf en rencontres, à titre d’autodérision – que j’ai concouru avec des auteurs connus, que je les ai parfois devancés, même, mais que je suis resté à quai de la seule édition qui compte réellement. Pour autant, je ne suis pas aigri, et continue, encore prochainement, à nourrir la « petite » édition, que je continuerai à nourrir quand j’aurai un pied dans la grande : Jourde le fait, et il a raison. Mon éditeur sort un livre de théâtre, ce qui ne se fait quasiment plus, et je défendrai, bientôt, et mon texte et son travail. Mais quand je vais en librairie, les livres que je vois ne peuvent pas être celui que l’auteur a déposés, fût-ce avec enthousiasme, c’est ainsi, et, je le dis pour moi-même, c’est beaucoup mieux : on n’écrit pas pour se faire écrivain, on écrit parce qu’on a quelque chose à dire, et que le mode s’est imposé. Pas pour un récit, ou deux : pour des histoires qui se superposent, qu’on travaille sang et eau, pour lesquelles on sacrifie beaucoup de choses (relire Lahire et la condition des écrivains). Peu importe qu’on soit référencé ici ou ailleurs, visible dans telle ou telle vitrine : l’écrivain qui s’en soucie n’en est pas un. « Aurélia Kreit » sera un test grandeur nature sur le sujet, sans chantage aucun : si le livre « passe », tant mieux. Sinon, je le ferai éditer autrement, et l’offrirai à mes amis. Puis retournerai au silence.
18:44 Publié dans Blog | Lien permanent
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