Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/07/2014

Assises (2)

chaise2.pngDéclinons : à tel moment de mon existence, on m’invite à prendre un siège, sans rien savoir du champ de mes possibles ; c’est un risque, que ne mesure  pas celui ou celle qui m’y invite, parce qu’on ne sort en rien, en apparence, d’une action socialement définie. Pourtant, autour de l’acte lui-même, les incidences sont concentriques ; elles vont dicter un comportement, conditionner une existence : plus que moi qui choisis la chaise, ce serait  la chaise qui me choisit ! D’abord parce qu’elle me définit comme appartenant à l’espèce des assis : elle m’intègre et me confère une normalité, au vu des autres chaises. Elle me dessine, ensuite, suivant son degré d’exposition : il y a une sociabilité des chaises, la place qu’elles occupent est parlante ou ne l’est pas, on sait, suivant que l’on est puissant ou misérable, là où on va être assis. Rien n’a beaucoup changé depuis le trône, les ors sont différents mais la crainte demeure : il est des sièges qu’on ne saurait investir sans y être invité. C’est donc avec circonspection qu’on aborde une chaise ; la présentation n’est pas terminée, il va falloir accorder la place qu’on nous donne aux attentes de ceux qui nous la donnent, rester en éveil, s’asseoir prudemment, ne jamais donner l’impression d’être installé : il y a des canapés pour ça. Il y a de la rigueur dans la tenue d’une chaise, c’est à celui qui y prend place de s’y plier : un des préceptes de l’éducation, avec l’apprentissage des libertés, celles que l’enfant peut prendre sur une chaise haute. Le rapport au temps est double,  parce qu’il est courant qu’on ressorte pour l’enfant la chaise de bois sur laquelle on a soi-même fait son initiation, moins par nostalgie que parce que les leçons étaient bonnes. Cela relève de l’équilibrisme: il faut veiller à ce que l’enfant ne chute pas, qu’il comprenne que le bon usage de la chaise consiste à y rester jusqu’à ce qu’on soit invité à la quitter...

 * Les dessins sont de Jean-Louis Pujol. Spéciale dédicace à Françoise.

15:07 Publié dans Blog | Lien permanent

Les commentaires sont fermés.