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17/06/2013

La voix des livres.

MCpageMR.jpgMarc Roger fait corps avec le plancher, avec la scène. Ses pieds nus, quand il lit, doivent lui transmettre les énergies qu’il domine dans le reste du corps. Il est droit, devant le micro et le chevalet, il tient le livre à bout de bras, quasiment, et il lit. D’une voix qui démarre en traînant un peu puis qui accélère quand le récit le permet. Il lit d’une voix un peu affectée, qui sait au juste moment se libérer de son affectation. Pas trop d’effets – le plus insupportable chez des lecteurs, pas trop d’emphase, il lit, sans jamais, JAMAIS, écorcher le moindre mot, en lui rendant toute la moëlle que l’auteur y a mis. C’est un drôle de révélateur que d’être lu à voix haute, publiquement, en sa présence. On entend les mots différemment, tels – ou non – qu’on attendrait de les lire chez d’autres. Hier, sur la scène d’Alterna’livres, Marc Roger a lu le début de « Valse, Claudel » et, comme d’autres, j’ai découvert les premiers atermoiements de cet homme qui attend quelqu’un rue de Varenne, qui guette sa sortie de la station de métro. J’ai entendu cette métaphysique, cette Valse-hésitation, et les rythmes ont changé juste quand il le fallait, dans mon for intérieur, je demandais à la phrase que j’entendais l’anacoluthe nécessaire, la rupture attendue. Jusqu’à ce que je me demande moi-même ce qu’il allait advenir de cet homme-là, de la rencontre sous l’égide des grands maîtres, du tourbillon qu’ils connaîtrait, une fois entrés dans la Valse. Ça veut dire que j’ai été pris, comme les autres. Il ne suffit pas de vouloir lire, il faut savoir le faire : cet avertissement s’adresse à moi-même, qui lirai samedi mes mots comme s’il s’agissait de ceux des autres.

20:38 Publié dans Blog | Lien permanent

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