26/06/2012
A demain, Marius Beyle!
Jamais compris les embusqués qui bandaient une demi-patate sur leur cheville pour qu’elle soit gonflée le lendemain. Ou ceux qui se logeaient eux-mêmes une abeille dans la main. Pas dupes, qu’ils étaient, les infirmiers, mais s’ils en avaient balancé un au caporal, ils y seraient pas revenus, ces lâches. Je ne sais pas ce qui leur prend, de se défiler, alors que les copains ont besoin de nous et qu’après tout, quand on y est, c’est un truc qui vous prend aux tripes. Au sens large comme au figuré. Pas de bol pour ceux qui y restent, mais je suis sûr qu’en y survivant, on gagne plus qu’en y échappant. C’est pour ça que je supporte pas d’être ici à attendre alors qu’on sait que là-bas, ça canarde à tour de bras, que quand les canons de l’arrière se seront tus, on attendra tous le bruit du sifflet du capitaine pour y aller. J’ai toujours cherché ça, l’adrénaline, quand j’y repense : jamais pu rester en place, ni à la Communale, où j'ai fait que passer, ni dans mes premiers boulots. Un patron, ça vous colle au cul toute la sainte journée alors qu'un cabot, quand il sait que vous êtes bon, il aurait plutôt tendance à vous laisser passer devant. Quand ça chauffe, Mazard, il a beau donner les ordres, on sait bien qu'il fait dans son falzar et qu'il se planque derrière les gros du mortier. Mais on ne lui a jamais rien dit parce qu’on se serait mangé du Conseil de Guerre et qu’on aurait fini alignés contre le mur du cimetière. Pluvinage, le gars des Vosges, il a rien compris le mois dernier quand on l'a mené au peloton juste parce qu'il a voulu ramasser son cothurne tombé devant lui. Retrait volontaire devant l'ennemi, qu'on lui a dit et boum, six balles dans le buffet, et tirées par des potes, je veux!
19:05 Publié dans Blog | Lien permanent
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