20/09/2010
Vivant passage
J'ai toujours aimé le musée Rodin, à Paris, pour les sculptures de Camille Claudel, notamment, mais aussi pour le lieu: l'hôtel Biron est un îlot au plein coeur d'une capitale qui en manque singulièrement. J'y retrouve, à chaque fois que j'y vais, les impressions que j'y ai laissées à ma dernière visite. Il y a une éternité, j'appelais ça "la mécanique des places", maintenant, je me dis que c'est juste une façon de vouloir se prouver qu'on a bien vécu les instants qui se sont déroulés entre. Il fallait de ce que les espagnols appellent (aussi) "huevos de oro" pour mettre ce poème-là en musique, encore plus pour le chanter en entrée d'un concert. Je suis de plus en plus impressionné par ce que Eric Hostettler fait de mes textes. C'est sans doute lui, en fait, qui finira par valider ces morceaux d'existence que j'ai disséminés ici et là sans toujours qu'ils aient fait sens. C'est là.
"Vivant passage" (Cachard/Hostettler - Tous droits déposés) from cachard.l on Vimeo.
Il y a dans le temps l’annonce mortifère
Des testaments trahis ou si vite oubliés
Des épitaphes dites en lettres lapidaires
Que le marbre lui-même se charge de blesser
Il y a dans le temps la redite fatale
Des ironies des vies passées à tout attendre
Quand tout va en niant l’absolu piédestal
Quand le cours de nos vies ne peut plus rien prétendre
Il reste l’espérance, dit-on pour s’assurer
Que le vivant passage peut être signifiant
Mais les mots sur la tombe sont les preuves laissées
Qu’entre pareilles rives l’écart est fluctuant
Pourtant quand du poète le maître entretient
Le visage fermé de la malédiction
La porte des enfers régurgite aux humains
Quelque âme qui s’échappe de son affliction
Il y a dans le temps la vile compagnie
Des lourdes assurances qu’il ne repassera plus
Mais qu’il répétera en écho les oublis
Des amours passagères, des histoires déchues
Non, non, mon cher amour, je ne vous aimais pas
Se désole la femme aux longs yeux de Beauté
Parvenue jusqu’au seuil des lugubres trépas
Que sa seule présence vient à rééclairer
De sa main longiligne elle est venue écrire
Les mots qu’elle n’a pas dits à tous ses prétendants
Solubles dans l’oubli alors que, elle, aspire
A l’Immortalité du Baiser des amants
Il y a dans le temps la cruelle méprise
De qui pense le vivre alors même qu’il passe
Mais aussi quelquefois l’esthétique entreprise
De vouloir l’arrêter, d’en imprégner la trace
Et si de cette femme, Ange plein de mystère
Je suivais le sourire jusque dans l’inconnu
Si je recommençais, si je me laissais faire
Si j’allais avouer que je l’ai reconnue ?
14:18 Publié dans Blog | Lien permanent
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