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28/05/2021

217.

Ma vie de train qui reprend: TER Sète-Nîmes Pont-du-Gard. A Montpellier, un homme aide une très jeune femme diaphane à monter sa valise sur le rayon, elle s’assied sur l’emplacement à quatre en face de moi, en quinconce. Il se met à l’emplacement d’à côté et sympathise immédiatement et bruyamment avec les Jacky du camping, qui lui donnent des cerises du jardin de Maman. L’homme fait des blagues, qu’il répète, au cas où on ne l’ait pas entendu. Il est en mode spectacle, volume sonore inclus et interpelle systématiquement la jeune fille, comme s’ils étaient proches. Je fais semblant de dormir, je sais qu’entre lui et moi, ça ne se passera pas comme il le voudrait. Mais je me redresse, et demande à la jeune fille où elle descend, lui dit que c’est moi qui descendrai sa valise. Elle a l’air soulagé et c’est bien. Heureusement, le lourdaud descend à Nîmes, avant moi, bien avant elle. Entre temps, il a entrepris avec un nouveau voisin de faire, à voix haute, des mots fléchés du gratuit local. C’est trop pour moi, je lui annonce que le gâteau sacré, c’est sans doute le Saint-Honoré, que le synonyme de privé, c’est lésé, et qu’il faut répondre à un verbe conjugué au passé simple par un autre verbe conjugué au passé simple : s’assît, pour un roi, c’est trôna. Bref, ça a au moins le mérite de le faire parler moins fort. Quand il descend enfin - après sur son élégant acolyte a dit à la jeune fille qu’elle était mignonne, dommage qu’elle n’ait pas de seins, je cite - je demande à la demoiselle ce qu’elle fait, et elle me dit qu’elle étudie l’archéologie et les Lettres classiques à Paul Valéry. On n’a plus que dix minutes pour parler d’Ovide, d’Aristophane, de linguistique et de grammaire des translations. Et d’amour courtois, aussi. Tout et son contraire dans un même espace-temps. Je ne saurai jamais comment elle s’appelle, elle est plus jeune que mon fils - Crétin 1er a cru bon de me rassurer en disant qu’il avait un fils de 15 ans, le pauvre - mais c’était un de ces beaux moments issus des pires. Il ne m’a manqué que mon katana.

17:10 Publié dans Blog | Lien permanent

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