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16/12/2018

Ground Countrol to Major Tom - 5

A trente ans, il faut gérer, déjà, les conséquences des choix de vie, parfois flamboyants, parfois stupides, voire les deux mêlés, et se confronter à leur répercussion pour un nombre d’années conséquent, socialement. Se voir époux, père et fonctionnaire quand on rêvait d’absolu, sans oser se dire une seule seconde que ce fût possible : la question de l’héritage, de la sécurité, la crainte des lendemains. Il faut équilibrer le constat et l’envie, dégager des espaces, de temps, de lieux, sentir, vite, qu’ils risquent de créer des tensions. Il faut se confronter à la vision des autres, qui poussent à ce que vous deveniez celui que vous n’êtes pas, le faire comprendre, parfois maladroitement. C’est le moment de l’entre-deux, où celui que vous étiez, justement, vous observe et se demande si vous ne l’avez pas tout à fait trahi. Dans ma vie, le calcul est simple : quand j’ai trente ans, mon fils en a trois et mon état de nizanien ne m’en laisse plus que cinq pour faire tout ce que je n’ai pas encore fait. C’est sur ce terrain que le manque prospère, ainsi que l’illusion - la jeunesse est si proche, encore – qu’en changeant de vie, la nouvelle nous correspondra mieux. C’est l’heure des premiers choix que l’autre ne comprend pas, qu’il prend pour égoïstes alors que vous ne cherchez, déjà, qu’à sauver votre peau. C’est encore moins le bel âge que dix ans avant. Toute cette ombre portée, même dans le souvenir… S’il m’était donné d’y revenir, je ne rentrerais pas dans cette pièce de l’ENESAD, à Dijon, le 18 janvier 1998, j’échapperais à tout ce qui en a découlé. Dans le même temps, tout fut tellement constitutif de la vie que j’aurais par la suite, ce jour-là : je ne me souviens plus des trois quarts des participants au stage « Enseigner la philosophie en Bac Techno », mais je n’aurais cru personne si l’on m’avait dit que l’organisateur - et unique intervenant - de la semaine, deviendrait, dix ans après, mon premier éditeur. Elle est ainsi, la vie d’un homme : One foot in sea and one on shore. (Shakespeare, "The Picnic")

07:32 Publié dans Blog | Lien permanent

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