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16/08/2015

Fin d'un mythe.

Un réseau social bien connu me propose d’aimer la page d’un écrivain célébre, père d’un genre à lui tout seul, dont le professeur d’Université le plus populaire, à mon époque, parlait comme d’un réinventeur de la littérature. Rien que ça. Un homme dont l’histoire - nous dira-t-il lui-même, lors d’un cycle de rencontres organisé par des universitaires désireux de s’attirer les faveurs de ce collègue (lui-même enseignait à Paris et à New-York) sulfureux – se confond avec le vingtième siècle, dans ce qu’il a produit de pire et de meilleur à la fois, à partir d’une anecdote : réfugié avec ses parents chez une famille qui les cachait, ils ont été avertis, au péril de sa vie, par un gendarme français qu’une rafle allait avoir lieu. La Shoah, la culpabilité de ceux qui sont restés, tous ces thèmes ont rebondi dans sa vie au point qu’il en a fait le sujet de ses romans, à l’écriture affinée, fondée sur des jeux de mots psychanalytiques, le plus souvent. Un goût des femmes immodéré, jusqu’à ce qu’il promette à l’une d’entre elles de refonder aussi le pacte autobiographique et jusqu’à ce que celle-ci en meure. Réellement. « le livre-monstre », indiquait le bandeau putassier de l’éditeur. Vous l’aurez reconnu, mais là n’est pas le sujet : dans ces conférences de la fin du XX°s., l’homme n’avait de cesse de répéter qu’il ne supporterait pas de lui survivre, à lui qui l’avait condamné, puis rattrapé, in extremis. Qu’à l’égal de bien d’autres, avoir flairé la mort de près l’aiderait à pouvoir décider de la sienne. Autant de choses qui ont marqué le jeune homme que j’étais, et donnaient à son œuvre une résonance particulière. Las, la page FB de cet homme ne me montre plus qu’un vieillard cabotinant (quel contraste avec la note précédente!), produisant des livres qui ne doivent plus séduire – mais je me trompe sûrement – que de jeunes étudiantes en Lettres rougissantes à qui il dira, content de lui : « à mon âge, vous savez, Mademoiselle, la baise baisse. »

17:45 Publié dans Blog | Lien permanent

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