06/11/2014
Un roman à l'envers (3).
Le Kiev historique attendra demain. Je n'y ai passé que quelques heures ce matin, le temps de m'y perdre, comme attendu, le temps de repérer les grands axes et de saluer Oleg Blokhine devant le stade du Dynamo (les puristes comprendront). Mais j'ai dû rebrousser chemin, pour des raisons qui ne méritent pas que je m'y attarde ici. Je viens juste, après les quelques heures de repos qu'il me fallait, de ressortir, et d'engager le boulevard Lesi Ukrainky à l'envers, dans la direction opposée au centre. Pour trouver du dentifrice. Pas une mince affaire: dans ce quartier comme ailleurs, centre-ville excepté, les magasins n'affichent pas la couleur: les vitrines sont opaques, et chacun d'entre eux se consacre à une seule tache. Malheureusement, je n'ai besoin ni d'armes à feu (impressionnant attirail!) ni d'appareil de musculation. Juste du dentifrice. En continuant, j'avise une petite épicerie à l'ancienne, faite de quatre comptoirs distincts: des produits d'alimentation, d'autres de toilette, ou de bricolage. Je fais la queue avec précaution: Antoine m'a dit hier qu'elle était sacrée pour les Ukrainiens et que tout resquilleur se risquait au bourre-pif. Je ne vois pas de dentifrice, mais je me dis qu'avec mon talent d'acteur... Las, la dame s'impatiente, et je repars avec de l'eau minérale. Plus haut, je trouve mon Graal: une petite boutique affectée aux produits de soin, où on se sert nous-même. Je fais le tour des rayons, ne trouve pas le dentifrice, m'attarde dangereusement sur des produits d'hygiène de l'autre sexe. Puis me risque à demander: à l'intonation, je devine la réponse et vois apparaître, au coin de la caisse, le Colgate rassurant. Ma première immersion solo est une réussite, je poursuis, aperçois la marque universelle, celle que les ados, maintenant, confondent avec le Métropolitain parisien. C'est au pied de ce M de m... que je teste mon premier tcheboureko, un friand à la viande, à 14 Hryvnias, 1€, à la louche. Un food-to-go qui, avec l'allure vive et affairée des personnes qui rentrent chez elles, et le look très apprêtée de la gent féminine, me fait penser qu'entre New-York et ici, tout n'est question que d'un point de vue de l'histoire. Il n'empêche, la politique des petits pas me conduira demain jusqu'à Chevtchenko, logique. Et Maïdan, évidemment.
16:42 Publié dans Blog | Lien permanent
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