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07/05/2015

Le 66.

Peut-être sont-ce les plantes vertes qui manqueront le plus : les plantes qu’on a laissées sur le palier pour que Patrick s’en occupe et qui profitent du bain de soleil que leur offre la véranda pour embellir le 2ème étage et donner au visiteur l’impression de ne quitter la nacelle archaïque de l’ascenseur que pour entrer dans une serre tropicale. Les mêmes plantes qui surprirent à la première visite et donnèrent la fausse impression qu’un tel endroit ne nous était pas accessible… Et pourtant, entre septembre 1996 et aujourd ‘hui, c’est plus d’une décennie qui s’est passée ici, c’est la première vraie partie d’une véritable existence, avec ses ruptures, ses engagements, ses secrets aussi. Et si le départ n’est pas déchirure, si l’éloignement est dérisoire, c’est un autre nom qu’on trouvera sur la porte d’en face de celle du frère choisi. Parce qu’il était temps, parce que l’appel d’un autre lieu s’est imposé de lui-même, sans bruit, sans les tracasseries qu’on lui attribue habituellement : un panneau, une visite, un accord et le mouvement est lancé, jusqu’à se retrouver dans un autre bureau, à regarder par une autre fenêtre, à s’étonner d’avoir un tel espace à soi… Le 66, dirons-nous maintenant, comme on parle d’une adresse qui n’est plus la sienne, avec la pointe de nostalgie dans la voix qui fait à peine oublier qu’on y a passé de belles années, qu’on y a rencontré des gens qu’on voudrait ne jamais oublier, des accents chantants, des odeurs exotiques parfois, des sourires et des échanges, des paliers croisés.  (2005)
 

17:10 Publié dans Blog | Lien permanent

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