16/08/2014
Au bal à Bill.
L'épistémologie viendra plus tard: savoir quel est l'artiste, qui sont les musiciens, qui a eu l'idée, le premier, de ce trompe-l'œil génial, mais au musée Guggenheim de Bilbao, au premier étage, il y a une salle dans laquelle on trouve d'immenses photographies projetées sur les murs: huit tableaux d'intérieurs, de grandes salles de châteaux, des boudoirs, des salons, des bibliothèques... Un temps figé, poussiéreux: d'ailleurs, les liseuses, les confidents sont recouverts d'un voile, qu'on a jeté sur la vie qui y est passée. Et puis une ombre, qui traverse, en arrière-plan, le premier tableau, qui n'en est donc pas un, puis le deuxième, qui fait le tour des pièces, passe dans chacune des toiles, d'abord subrepticement, puis de façon de plus en plus visible. Tout s'est mis en mouvement, et dans chacune des pièces - au double sens du terme - un musicien se prépare, accorde son instrument: piano, guitare, accordéon, batterie, basse, une sublime violoncelliste... Ils ont chacun un casque, vont jouer ensemble, au clic, le pianiste tire sur son Havane une dernière fois, annonce vingt-cinq secondes, et le morceau s'installe, langoureux, tout en crescendo, magnifique. J'observe l'arbre qu'on voit par la fenêtre, en haut à gauche du joueur de banjo: pas un micro-mouvement, il se peut que l'artiste ait joué de la sur-impression, mais la vraie 3D est en action et les œuvres ne font pas que parler, elles jouent, avec la magie d'un "Playing for change", par exemple, et l'assurance de toucher du doigt le Sacré. Même Braque paraîtra pâle, après ça.
07:56 Publié dans Blog | Lien permanent
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