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02/07/2014

Exaltant et intimidant.

IMG_2887.JPGJ’aurais préféré avoir un peu plus de temps pour parler d’un projet dont on dira plus tard qu’il n’existe pas en littérature, que de créer un immeuble ou un rond-point en est un, mais que faire un livre ne garantit en rien 1) que le livre existe 2) qu’il ait une utilité publique. Mais devant l’orage menaçant et après une attention de l’auditoire longuement sollicitée par la lecture-hommage aux mots grinçants et sublimes de Pierre Autin-Grenier, il fallait faire vite, donc trois ou quatre par quatre. Après, tant mieux : les livres parlent toujours d’eux-mêmes et que dire d’un livre qui n’existe pas encore. Je suis attablé dans une belle cour qui me rappelle celle de Grignan : espérons, ici, que l’oubli ne suive pas la reconnaissance, parce que c’est un peu idiot. Je présente mon argument de lecture juste après Jean-Noël Blanc, dont j’aime et les livres et la personne, qui devrait, bientôt, compléter l’armada des auteurs du Réalgar. Je découvre Catherine Fradier, dont le « Camino 999 », attaqué par l’Opus Dei, lui a garanti 50000 exemplaires, et bien des ennuis : elle viendra par la suite me proposer un réseau russophone aussi exaltant qu’intimidant. Je rencontre enfin Fabio Viscogliosi, qui a vu « Aurélia Kreit » en concert en 1982 et me dit s’en souvenir. Laurent Bonzon, souvent, ramène le débat sur la condition des auteurs, on évoque le deuxième métier, les projets de loi menaçants sur les droits et les indemnités, la très jeune Lucie Albon, illustratrice et scénariste de littérature jeunesse, dit toucher un à-valoir de 1000€ pour… l’année et l’équivalent d’un travail démentiel.  Je ne connaissais pas le poète Roger Dextre, qui m’a donné envie de le lire après l’avoir écouté, ni le jeune Loïc Merle, à qui l’on demande si  « l’Esprit de l’ivresse », premier roman remarqué, chez Actes Sud, met la pression sur le deuxième en cours d’écriture. Grignan, toujours, et sa mise en exergue signée Dan Simmons (« tout le monde peut écrire un premier roman. C'est le 2ème qui fait de vous un écrivain »). Puisque la soirée est politique, elle s’achève par des discours, des petits-fours, du champagne et des places réservées aux concerts d’Ibrahim Maalouf, sublime, et Robert Plant, anachronique. Je reviendrai leur parler d’Aurélia quand le livre sera édité, de quelque façon que ce soit. Si je pouvais revenir pour « Lettres sur Cour », dans la Cour des Carmes, ce serait parfait : j’y visualisais hier mon quartet musical. Patience et longueur de temps… En attendant, dans la boite à lettres (réparée) ce matin, outre les 36 choses des Editions Pré#Carré, j'ai trouvé la confirmation officielle que ce roman existe déjà, sans être terminé. Exaltant et intimidant, disais-je.

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