12/11/2011
Work in progress.
Je les ai vus par la fenêtre. Quand Charlotte m’a demandé d’aller surveiller la cuisson sur le carré de pelouse devant le cottage, j’ai obtempéré, comme un maître de maison. Je me débattais avec un saumon se délitant dans sa papillote mal fermée, sur la grille noircie du vieux barbecue, j’ai levé la tête et, par la fenêtre de la cuisine et sa perspective sur la grande table de la salle à manger, je les ai vus. Charlotte, qui s’affairait à préparer les assiettes – les aubergines d’un côté, de l’autre les pois gourmands qu’Ana avait ramenés d’Espagne– dans la cuisine, et les quatre autres, autour de la table basse, qui devisaient de façon très générale pour la raison qu’ils n’avaient, pour l’instant du moins, rien à se dire.
Charlotte a ce don d’inviter chez elle des personnes qui ne se connaissent pas ; elle avait trouvé idéal de profiter de ce week-end, le plus particulier de tous ceux qu’elle avait passés dans la ville depuis qu’elle était venue habiter Londres, un an et demi auparavant. Ana, Julie, Adrian et Gaëlle étaient venus souper ce samedi-là, convaincus, chacun de leur côté, que Charlotte les recevrait dans sa configuration familiale, mari et enfants inclus. Ce ne fut pas le cas quand elle leur ouvrit à chacun, qu’elle les invita à entrer, les priant de bien vouloir attendre les autres pour commencer. Des autres qu’aucun d’entre eux ne connaissait, pas plus qu’ils ne surent qui j’étais au moment même où, harassé par le voyage que je m’étais imposé, je fis mon entrée et les trouvai là, un verre à la main, se demandant sans rien dire si j’étais Vincent. Le mari. Dans ce cas précis, le premier verre n’est pas seulement désiré, il est essentiel. J’en étais à mon troisième quand Charlotte a consenti m’en dire plus.
16:51 Publié dans Blog | Lien permanent
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