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Liliane & Aurelia au Panier de livres, un 12 juillet.

PDL.jpgIl y a des soirs où tout concorde et où, malgré les défections du jour, ou les absences notoires, on respire un peu de voir arriver des têtes connues, en nombre suffisant (déjà pour les chaises disponibles) pour le libraire, histoire de le remercier de l’invitation. Des soirs où l’alchimie se fait vite, dans le discours, les regards, cette façon muette d’acquiescer. À une vision de la littérature, une exigence qui respire dans cette toute petite échoppe au milieu de nulle part, mais dont la programmation m’a alerté, et dans laquelle j’ai trouvé des titres qui ne rendront pas le libraire riche mais qui l’aident sans doute à respirer au quotidien. Anthony, le maître des lieux, s’est montré curieux de ce que je faisais en amont et impatient, disait-il, d’accueillir un auteur singulier – c’est le mot qu’il a choisi – de m’entendre parler de Liliane, d’Aurelia, de Camille aussi, puisque le Réalgar, une maison d’édition qu’il a découverte via son rayon poésie, l’a intrigué, au point qu’il a invité Daniel Damart, le Boss, il y a quelques semaines. Hier, c’était mon tour, devant une petite trentaine de personnes, et Anthony m’a fait parler de mon parcours. De ma première vie d’écrivain, de Claude Raisky et de Raison & passions, Lettres-frontière, Grignan, Carole Martinez, tout ça. De Tébessa, qui a tout lancé. Puis d’Aurelia, du travail dantesque que ce livre m’a demandé, sur près de dix ans, de l’histoire de l’Ukraine, de la philosophie – sur la judéité – de cette nécessité que j’ai éprouvée de faire vivre ce personnage qui me marqua tant, à l’adolescence. Je peux enchainer sur les Jardins d’Ellington, sur la notion de sujet qui m’importe, dans la littérature ; sur le corps expéditionnaire russe, sur la Courtine. On me dira après que je donne envie, et, au vu des exemplaires vendus après, tant mieux : pour le libraire, qui fait sa soirée, pour le lecteur, qui découvrira Aurelia. J’ai tellement fait de rencontres que je ne peux pas ne pas mesurer la promesse que j’ai faite hier de livrer (c’est le mot) un 3e et dernier volume des aventures de mon héroïne : j’ai commencé. Je raconte en souriant que Daniel, qui n’est pas au courant (ne lui dites pas encore !), fera sans doute une exception pour moi, lui qui se demande s’il va continuer à éditer des romans. J’en arrive à Liliane, à Barbara, je raconte la genèse de ma Cantate, cette erreur insultante de photographie dans Libé, la façon dont j’ai remonté la courte vie de la Pianiste, son histoire d’amour avec Serge Lama et, dans la tragédie de son existence, les mots que la Dame en noir lui a laissés, ce chef-d’œuvre de justesse et de sensibilité qu’est la petite Cantate. Cette adresse sublime à son amie, sa douce, sa si petite à elle. Tout est lié, dans ma volonté de remonter le temps, les cours des vies. Je suis passionné et ça doit se ressentir, puisqu’on m’a dit que c’était passionnant, au sens littéral. J’avais prévenu Anthony, je pourrais parler des heures, mais il reste la petite surprise, le (gros) quart d’heure musical, les cinq chansons qui résument mon parcours à moi dans la chanson, avec Eric Hostettler en compositeur. Là, c’est JC qui chante : il s’est déjà approprié Ton Égide, restructuré Au-dessus des eaux & des plaines (qui me permet de dire du mal d’Aragon), on a inséré in extremis Le Mont Sans-Souci de Jean-Louis Murat, l’essentiel, et préparé la scénographie du morceau suivant : je me lève,prends sa place derrière le micro et lui lance les accords, arrangés pour la guitare, de la Petite Cantate. Que je chante, pour la deuxième fois en public, au grand étonnement de ceux qui jamais ne se seraient attendus à ce que je le fasse. Anthony, au bout de mes 2’30 de gloire, est ravi, enthousiaste, me remercie chaleureusement. Mais ce n’est pas fini, JC doit encore interpréter l’Embuscade, ce morceau mythique inspiré de Tébessa, dont il oubliera un mot, le même, mais à chacun des couplets : rien de grave, Samantha, qui l’entend répéter chez eux depuis des mois, le lui souffle, ajoute même, discrètement, une deuxième voix. Puisqu’il faut finir, JC entonne la masterpiece du duo Cachard/Hostettler, extrait du flop industriel de Trop Pas !, ce Café des Écoles qui n’existe plus sur la grande place, mais qui continuera dans la mémoire de tous ceux qui croiseront cette chanson. Que Nicolas Bacchus, présent hier, songe à intégrer dans son (6e) album à venir. On a fait près 1h15, il est temps de signer de nombreux livres, de voir du coin de l’œil ces personnes aimées qui se retrouvent ou se découvrent, de boire un verre dans la librairie puis enchaîner sur une belle soirée, au Capot, à deux pas de chez ma mère. C’est un privilège de pouvoir rassembler autant de figures de ma vie autour de mon travail. Et la joie – j’ose – des libraires, la promesse qu’on s’est faite de nous retrouver ponctuellement, est une belle récompense. Je souris en moi-même en me disant que si tous ceux qui auraient dû venir étaient venus, on n’aurait jamais pu caser tout le monde. C’est souvent ainsi que les choses s’équilibrent.

PS : un beau retour de Laure, hier, juste avant que je parte pour le Panier : « Un roman exquis qui nous introduit dans l’intimité d’une relation hors du temps, d’une histoire que j’ai toujours devinée sans en connaître réellement la source d’inspiration . L’écoute de cette chanson que j’adore a pris par la grâce de votre plume sa véritable dimension . J’ai hâte de vous écouter parler de Liliane , un jour prochain peut-être , ma santé pour l’instant ne me permet pas de me déplacer mais je tenais à vous remercier Laurent pour ce secret si joliment dévoilé et qu’il me plaît désormais de connaître . » Un truc à se mettre aux anges, avec leurs trompettes.

 

 

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13/07/2024 | Lien permanent

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girlyger.jpgÇa ne s’analyse pas, un Gervaise, ça se vit, et ça dépasse de très loin Gervaise lui-même, au delà de la métonymie ; celui que j’ai chez moi n’est plus à lui, il lui échappe, et plus encore : il est l’œuvre de celui qui passe devant, tous les jours, sa réalisation. Ou sa projection.    

On parle souvent des artistes une fois qu’ils ne sont plus là, et c’est une gageure que d’en tenter l’exégèse quand ils sont encore vivants. Et bien vivant, dans le cas de Franck Gervaise, qui peint comme il respire, dans ces périodes où le monde lui-même respire mal. Il crée, peint, dessine, photographie, parfois les trois à la fois, dans un trompe-l’œil. Il peint des marines, des forêts et des paysages, urbains ou naturels, il peint ce qu’il voit, partout où il va, le plus souvent loin des hommes. D’une société qui ne lui va pas, dans sa vulgarité, dans les contingences qu’elle s’impose et qui n’en sont pas. Il continue de morigéner l’éducation nationale qui n’accorde pas aux Arts plastiques la place qu’il continue de défendre, aimerait voir les élèves de son collège se tourner vers le Beau, pouvoir le faire, au moins. Il s’en veut, comme beaucoup, de ne pas pouvoir se libérer de ces charges, surtout quand le sort lui en impose d’autres, qui touchent aux siens, les chagrinent et le mortifient. La cinquantaine passée, il n’a pas de temps à perdre, Gervaise, de ce nom qui claque comme un film de René Clair et le destin d’une blanchisseuse abandonnée par son amant, mariée à un alcoolique. Il n’y a rien de naturaliste dans l’œuvre de ce Gervaise-là, que Zola aurait sans doute sollicité pour peindre les terrils, mais le soir, quand le crépuscule leur offre la beauté qu’ils n’ont pas le jour. La frénésie avec laquelle, récemment, il plonge dans ses carnets et - selon qu’il soit sur la plage de la Palue, à Crozon, sous un arbre, au bord d’une falaise ou des deux côtés d’une ombre - ses encres de Chine, ses pastels à l'huile ou le mélange des deux. Le travail de Gervaise, c’est d’abord la ligne, le premier trait, assuré, de la finesse de l’architecte, celui qui, déjà, a les proportions en tête, les différents plans : un Horizon chez soi, c’est la perspective de voir les différentes strates du tableau donner du mouvement autour de la ligne de roche. Les couleurs se mouvoir au gré des couches et du soleil qui les découvre. Sa collection est impressionnante, pare que chaque toile répond à l’autre, et que c’est la somme qui fait le sens, chez lui. Ses plages de silence, il les trace d’un trait, puis les équilibre, cherche la lumière, toujours. Peintre de la lumière et du doute, écrivais-je, un jour, dressant son portrait alors qu’il faisait entrer ma Girafe lymphatique[1] dans le panorama de la pointe de Pern. Il y a quelque chose d’immanent dans cette quête de la lueur, comme allégorie de la vérité, à l’intérieur de la substance, dirait l’autre : chez Gervaise comme chez Spinoza, il y a un rapport, dans la mise en forme, entre la cause et l’effet et si le peintre est inspiré par les lieux qu’il dessine, qui lui offrent l’intuition. Et créé la substance : son éthique personnelle. Peut-être est-ce pour cela qu’il compense ses monstres sacrés – les falaises et le paysage – avec des paysages urbains à la Hopper, mais de nuit. Avec des éclairages froids, que Lynch, son maître de cinéma, ne renierait pas non plus. Inutile, pour autant, de faire plus d’analogies : on ne travaille pas autant sur une œuvre sans qu’elle soit totalement la sienne, et il suffit de le voir illuminer tous les jours les réseaux sociaux du dessin ou de la toile du jour pour se dire que si une fréquence pareille n’est pas normale, elle relève plus de la nécessité que du rendement. Dans son antre de Vannes, à l’escalier de colimaçon, les toiles sont partout, de tous les formats, et le visiteur a sous les yeux deux cents œuvres qu’il voudrait voir chez lui. Sans y mettre la mélancolie ou les méandres que l’auteur leur donne comme titres : une résurgence, sans doute, du chanteur qu’il n’a pas été – Jean-Louis Murat l’a fait pour lui – ou de l’auteur qu’il est quand même, puisque les belles éditions Vrin se sont offert ses toiles comme détail de couverture. On lui a même prêté les passages sur l’Art dans la Girafe, et l’écrivain n’a pas démenti, lui rendant une partie de ce qu’il lui a imposé, en l’affectant au portrait : c’est douloureux pour un peintre du paysage de sortir de son confort et d’aller vers l’esquisse. L’instant de vie pris, au-delà de l’apparence, vers l’esprit. Ce grand lecteur de Baudelaire appréciera que Marcel Raymond traite d’un paysage mental, chez l’auteur des Fleurs du Mal : « Ce que le poète prend au monde sensible, c’est de quoi forger une vision symbolique de lui-même, ou de son rêve, il lui demande le moyen d’exprimer son âme[2] ». Exactement ce qu’il revendique, et qu’il prend parfois mal qu’on ne perçoive pas autant qu’il le voudrait. Et qu’il transforme, par effet-miroir, en une anamorphose : Mon âme embrasse tout, mon âme est une garce. Oh Yes Sir!

Il faudrait interroger, pour comprendre son œuvre, le côté féminin de Franck Gervaise. Pas le dandy qui aime les femmes, jusqu’à s’en perdre, mais la matrice de la création, qui se dissocie de la pulsion de mort : on crée pour transmettre, comme on passe d’une bulle de temps à l’autre. Ça n’est pas une activité d’homme, peintre, sauf quand on en vit, quand on en éprouve la dureté, physique. Winnicott dit que tout va très bien quand un garçon veut, dans l’ensemble, être un homme et quand une fille, dans l’ensemble, veut être une femme et oppose à ce constat les vœux inconscients. Sans entrer dans sa libido, on peut se demander si, petit, quand il sillonnait les routes de sa Normandie natale à vélo, il n’était pas déjà – outre le champion cycliste qu’il projetait d’être – l’homme devant lequel défilaient les paysages et les sensations. Dont il faudrait qu’il accouche, dans la création. Il a deux beaux enfants, Gervaise, dont l’un – l’aîné – est un génie de la basse, dans un monde parallèle, et l’autre, androgyne à souhait, connaît les affres rimbaldiens des très jeunes hommes de son siècle. Ça ne donne aucun éclairage à l’étude de son œuvre, sinon de s’être libéré de cette filiation-là pour en assumer une autre, jusqu’à l’appropriation. Quand il dessine Ouessant, par tous les temps, les saisons et les situations – jusqu’à cette belle tempête de décembre 2017, qui libère l’île de ses touristes et le laisse seul face à l’élément – il s’approprie une île qui n’est pas la sienne, par ses courbes, ses lignes et ses traits de côte. Il la personnalise tellement que les îliens la reconnaissent davantage que ce qu’ils en voient habituellement, voire ce qu’ils en font quand ils veulent la peindre. Pas étonnant qu’il y ait osmose avec les ceux qui l’habitent, qui ont reconnu chez lui toute ce qui relève aussi du désordre et de la démesure, même avec un si petit gabarit. Les lignes de fuite de Ouessant, il faut savoir les recréer, et quand il dessine le Creac'h à 1h 07, c’est l’atmosphère même de la nature qu’il régénère, à l’heure où elle rappelle à ce que l’homme a fabriqué qu’elle ne fait que l’entourer, qu’elle en sera toujours maîtresse. Est-ce pour cela qu’en alternance, il retrouve à ses arbres, phalliques et colorés ? Sans doute pas : les arbres ne sont que les composantes de la forêt et là aussi, il est question d’un univers ouaté, halitueux et accueillant. Pour qui ne craint pas la solitude et les histoires qu’il porte. Un hôpital lui a commandé récemment la décoration de plusieurs pans de ses murs par ses alignements de sylve, dont chaque élément contribue au tout, dans sa singularité : l’effet thérapeutique doit être dans la beauté, immédiatement accessible, dans le message contenu, ensuite, du normal et du pathologique… Les arbres, comme les hommes, sont identiques et différents, et si certains poussent de travers, ça ne les empêche pas de pousser : il n’y a que le manque de lumière qui peut tuer, dans ce domaine comme dans le sien. Vers la lueur, revendique un autre de ces artistes qu’il suit depuis ses débuts, dans sa Bretagne (et assimilée) d’adoption. Le monde était si beau, et nous l’avons gâché. L’Art, de fait, devient restitution, devoir. Ce à quoi Gervaise s’oblige, puisque c’est ce qu’il fait de plus juste, une fois qu’il a fait ce qu’il avait à faire de contraint.

On le dira classique, le lui reprochera peut-être. Il se verra fermer la porte de galeries plus branchées, d’une diffusion plus grande. Mais qui rappellera que dans ce courant classique, à la fin du XVI°s, en Italie, on recommandait d’étudier l’Antiquité, les grands maîtres de la Renaissance et… la nature ? Que le mot d’ordre était de réintroduire le paysage dans la peinture ? Il y a peu entre Renaissance et reconnaissance, phonétiquement, mais tout un gouffre dans la réalité : Gervaise ne sera jamais de style kitsch néo-pop – ou alors c’est très mal parti – et ne partage avec Koons qu’une espèce de vision de l’espace. Sa lueur orange dans la forêt, en techniques mixtes, une ouverture, toujours, dans l’obscurité resserrée et rassurante, à contre-emploi. Sa connaissance même de l’art lui permet de renouveler les supports et les formats. À ce titre, intéressons-nous, en particulier, à une œuvre récente : un quadriptyque, au feutre et à l’aquarelle, représentant, dans le Golfe du Morbihan l'île de Boëdic, sur laquelle l’œil se focaliserait. Ici, les données techniques sont claires, dans la sémiologie : ce que l’œil voit, c’est un trait de côte, des reliefs en arrière-plan, dans un blanc sur-saturé, comme à contre-jour. Plein soleil, pour rester dans la référence cinématographique. Boëdic, dont la poésie pourrait disparaître si on la limitait aux dernières agitations de son propriétaire (privé), mais dont les 11ha et les 9m d’altitude (Gervaise est le peintre de la hauteur relative) n’avait cette identité topologique forte, au Nord du Golfe, à l’Est de l’embouchure de la rivière de Vannes, parallèle à la presqu’île de Séné, séparée de Langle par un espace marin. À la pointe Ouest de l’île, une chapelle sert d’amer aux marins, et c’est à cette distance que Gervaise va l’envisager, pour ce qu’elle est, d’abord, un pan de terre sur la mer, isolée et inoffensive, pour ce qu’elle représente à l’homme ensuite, une idée même de son retrait et de son isolement. L’endroit écarté, où d’être homme d’honneur. Il la dessine de son trait sûr, de loin, puis joue des techniques modernes de son appareil photo. Mais pas pour le cliché, pour l’effet, qu’il cherche à reproduire, sur le papier dessin, par gradation, exponentielle : plus on s’approche de Boëdic, plus elle semble suggérer qu’elle n’est pas neutre et que, comme toutes les îles, elle ne se laissera pas gagner facilement. Le point de vue le plus augmenté, par l’effet de l’acqua qui calque, donne un psycho-diagnostic mémoriel fascinant, comme une somme de toutes ses ombres. Des tempêtes de l’âme. Si je regarde ce quadriptyque, je suis en relation avec toutes les possibilités de l’être, dans son évolution : celui que je suis, celui que j’aurais pu être. C’est la magie des toiles que de contenir ce qu’on y voit, rien de plus. D’ailleurs, ça ne s’analyse pas, un Gervaise, ça se vit, et ça dépasse de très loin Gervaise lui-même, au delà de la métonymie ; celui que j’ai chez moi – mieux, celui que j’ai offert – n’est plus à lui, il lui échappe, et plus encore : il est l’œuvre de celui qui passe devant, tous les jours, sa réalisation. Ou sa projection : aller à Boëdic comme on est allé à Ouessant, pas forcément pour y être, mais pour savoir qu’on peut y être, accéder, d’un coup, à l’autre côté du miroir. Accepter, comme lui, qu’on en est aux deux tiers des quatre temps, et que la tempête s’annonce.

Il y a sans doute des façons plus conventionnelles et plus académiques d’aborder l’œuvre de Gervaise, l’œuvre d’un peintre en particulier. Mais la technique n’est jamais qu’une sale manie et l’obsession est bien plus conséquente, le concernant. Le travail effréné, la multiplication des petits formats – il n’a plus d’atelier, et une récente décision de justice le condamne à ne plus en avoir – le transfert, en peinture, du Nulla dies sine linea, qui fonctionne aussi, suffit à la matière. "Quand il perçoit une image, une possible aquarelle, s’il ne peut la peindre in situ, il s’en saisit, l’ancre, s’il le faut, par le biais de la photographie puis la projette sur son ordinateur. Là, emmitouflé dans son pashimina cachemire, il trace d’abord les contours, dessine d’un trait juste et classique puis accole les couleurs, d’une main qui retransmet ce que l’émotion lui transmet. Quand Gervaise peint, c’est une neuroanatomie des émotions, oui, pas l’esquisse de leur théorie Ce qu’il doit reconnaître, dans sa toile, c’est le mouvement, les strates du ciel, ses contrastes. Tout doit bouger, sur le mur de celui qui acquerra la toile, à condition qu’il sache être patient : quand on regarde un tableau, il faut lui laisser le temps de l’effet, sinon c’est de la consommation. » a-t-on déjà écrit de lui. Dans un « Portrait de mémoire » joliment titré L’inlandsis qui l’appelle. Il sait pourquoi.

[1] Girafe lymphatique, dessins de Franck Gervaise, le Réalgar, 2018

[2] De Baudelaire au surréalisme, Marcel Raymond, Essai, Éditions Corrêa, 1933.

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29/03/2021 | Lien permanent

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