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Rechercher : Murat

Bravo, Mâcon! (titre contraint)

photo_1355915857.jpgÇa paraît tellement habituel qu’on ne se rend compte de rien, mais en arrivant à la Cave à Musique de Mâcon, là où, au siècle dernier, je vis conjointement Dominique A., Miossec, Philippe Katherine et autres Bertrand Betsch, le rapide calcul mental m’amena à la conclusion des 20 ans passés à aller voir Jean-Louis Murat sur scène. Un peu moins à en faire le compte-rendu, même si, depuis quelques temps, l’idée d’en faire un recueil m’effleure, et pas que moi, du coup. Mâcon, donc hier soir, il y a quelques heures plus justement : il me semble qu’à chaque fois que je vais voir Murat, j’éprouve le besoin de dire ce que j’ai éprouvé juste avant que je l’oublie, que je passe à autre chose. Un rythme sans doute dicté par la frénésie de ses albums : à peine « Grand Lièvre » chroniqué, voilà « Toboggan » qui débarque, dont j’ai choisi de ne rien savoir avant le 3ème concert de la tournée. Pour tout dire, je préfèrerais toujours, pour quelque artiste que ce soit, faire vingt ans une date que vingt dates en un an, même si Murat, là aussi, explose les habitudes et les records de fréquentation. N’ayant guère de goût pour les thuriféraires et les exégètes, j’ai décidé de ne rien lire ni des inénarrables interviews de Murat par Bayon dans Libé, ni des récits des premiers concerts à Marseille et Meylan. Je débarquai donc vierge à Mâcon, sachant exclusivement que cette tournée se ferait à l’économie, Murat à la guitare et Stéphane Reynaud à la batterie. Guitare/batterie, on n’est pas loin des racines absolues du blues et j’étais curieux de voir ce que l’auvergnat allait en faire, doublé d’écrans retransmettant des films que lui-même avait faits. Au retour, l’avis est bon, voire excellent : j’ai tellement vu l’animal bâcler des concerts auxquels il ne croyait pas que je peux dire – sans doute les énergies de départ – que le duo fonctionne à merveille. Murat, à la guitare et au dobro, comble le manque de basse par un jeu plus épuré que quand il se laisse aller en soliste, Raynaud assure, avec des supports qui m’ont rappelé Dominique Mahut chez Barbara, ce n’est pas rien. Les morceaux défilent, il y en a quelques-uns que j’ai déjà écoutés sur Internet, un single vite expédié (« Over and over ») puis d'autres dont la teneur marque : « Amour n’est pas querelle », qui ramène le troupeau à la surface des plus attentifs, une chanson sollicitant Guillaume et Guillemette qui rappelle, par la diérèse, le « nous nous aimions tant » des années 2000. Murat est bien, confond les époques sans rien chanter d’ancien : les films qu’il diffuse en arrière plan, pourtant, évoquent la tournée Dolorès de 1998, plus encore, le « Murat en plein air » mythique des terrains des bougnats. Quand on prend de l’âge, dit-il, « les étés sont de plus en plus courts », il n’empêche, entremêlant les saisons (« Il neige »), Murat avance, le fond de scène se confond avec les deux compères, comme souvent dans ses vidéos, il y a un axe vertical traversé par des lignes en mouvement. J’apprécie d’être surpris par les morceaux quand plus rien ne m’étonne chez JLM, pas plus la ligne, appréciable, que le port du costume-cravate (« J’fais l’boulot, je m’sape et j’dédicace »). En filigrane, la rhétorique muratienne s’impose, on parle de fermes et de hêtres, les cris et les réverbs ponctuent l’ensemble, quelques larsens obligés, aussi, sur fond rouge à pois, changeant, dans un « Tout dépend du snipper » inédit (ou pas). Le temps de penser à Bosko et Admira, les amants du pont de Sarajevo. C’était en 1994, déjà, j’étais encore sous le choc de « la fin du parcours » au Transbordeur… Murat siffle si bien qu’on se demande s’il n’est pas samplé, sur fond d’arbustres qui oscillent au vent. « Il me faudrait le cœur d’un magicien », susurre-t-il, avant, dans une chanson que les fidèles muratiens me reprocheront de ne pas connaître, d’évoquer Napoléon aux Tuileries comme seul lui peut le faire… « Stuck inside of Mâcon », sous le joug des bas résilles de l’éclairagiste, les incursions muratiennes auront été brèves hier soir, et c’est finalement tant mieux : les spectateurs épars connaissaient sans doute suffisamment bien le bonhomme pour qu’il en rajoute. « Ginette Ramade » et « Extraodinaire Voodoo », le concert se termine à l’heure, une heure raisonnable pour que j’en fasse l’article avant d’aller dormir. Histoire de rester fidèle à ma légende, ou à ma mauvaise réputation, qui sait ? J’ai déjà dû subir le pari d’un titre absurde (la voilà, l’explication) et la compagnie, EN 2013 , de personnes qui ne savaient pas ce qu’était un Jedi. Une seule réticence à cette belle soirée : le titre du même nom, « Belle », que j’avais adoré sur scène en inédit il y a peu, que j'ai aimé hier et dont j’ai eu du mal, sur le chemin du retour, à apprécier la version  canine. Il faut bien que Murat déçoive un peu, un tout petit peu. Mais jamais longtemps. Parce que si personne ne peut dire où il sera dans vingt ans, gageons que si lui et moi sommes encore là, ce sera ponctuellement – et régulièrement – dans des endroits communs. Dans toute sa lumière.

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28/03/2013 | Lien permanent

La chanson de Dolorès.

IMG_3330.jpgIl y a la brutalité de l’annonce, les larmes qui montent à la terrasse d’un café, un départ précipité pour encaisser. Se dire qu’un monde sans Jean-Louis Murat commence aujourd’hui, dès maintenant. Et que celui avec était quand même nettement mieux, même si on a souffert avec lui, s’il a trouvé les mots pour nous, et si cette relation était privilégiée à chacun : j’ai toujours détesté les appropriations d’artiste, et trouvé ridicules ceux qui se revendiquent comme ses plus grands fans, créant une communauté que j’ai perçue comme grotesque, en permanence. Et finalement plus éloignée de ce qu’il était et a fait qu’elle ne pourrait l’être, mais rien d’important. Il y aura suffisamment d’indécence – comme à la mort de Didier Le Bras, le plus grand exégète de son travail – pour que j’accorde à ces suiveurs la moindre importance. Aujourd’hui, ce sont autant de personnes – Franck, Malika, Olivier, Éric, Françoise, Christophe… - que d’existences qui sont bouleversées, tellement les chansons de JLM les ont rythmées, ont conditionné les choix qu’ils ont faits, les routes qu’ils se sont tracées. Avec la certitude de n’appartenir, comme lui, à aucun troupeau (le mot n’est pas choisi au hasard), aucun entertainment dirait-on aujourd’hui. Lui s’en foutait, de ses montagnes au-dessus de Clermont, il s’occupait des vaches et terminait un autre de ses quelques trente albums : il avait appris, après les fastes, à bien s’entourer, produire lui-même, enregistrer à la maison. Pas en plein air, comme il y a trente ans, quand il a commencé à tourner, quand il est passé au Transbordeur avec la B.O d’un film qui n’a jamais existé. Depuis trente ans, à vingt-deux reprises, j’avais rendez-vous avec lui et à chaque fois, c’était réussi, même quand c’était raté : c’est justement parce qu’il ne fallait s’attendre à rien que ça fonctionnait, quand il le voulait. Quand la magie opérait et qu’il était capable d’envoyer des bisous au public – c’était plutôt rare – et de lui dire qu’il l’aimait. Murat, c’est l’allégorie du parcours atypique et de l’indépendance, même s’il n’avait pas vu les choses comme ça, initialement. Ce sont les années sombres de grands questionnements, les premiers cds gravés (à l’ENS de Lyon !) des inédits dont il inondait la toile, les deux éditions de Murat en plein air, son premier 45t, qui annonçait la couleur : « Suicidez-vous, le peuple est mort ». À titre imbécile et personnel, c’est un message de lui pour me féliciter de « Tébessa » et de l'article qui a lancé ce blog et m’a permis de rencontrer Bougnat (l’autre). Lui qui détestait les journalistes avait beaucoup aimé le fait que je n’en fusse pas un. Murat, c’est ma jeunesse et celle de ceux de mon âge, qui ont fini par ne plus reconnaître, dans un curieux déni, les quinze-vingt ans qui nous séparaient lui et nous. Qui font que, l’âge avançant, on perd de plus en plus de personnes qu’on admire, vient de me glisser un ami, programmateur, qui dit qu’en le voyant récemment, il a eu comme un pressentiment. Comme si un monde sans Murat pouvait s’annoncer. Des endimanchées qui quittaient la salle avant qu’il les reprenne au concert du domaine d’O. après lequel Christine m’a remercié de l’avoir réconciliée avec lui, il s’est passé vingt-neuf ans, dont près de quinze de concerts chroniqués, souvent dans la foulée, comme s’il fallait que je convainque – ça a été l’histoire de sa vie – qu’il se passait des choses fascinantes derrière le mythe et l’image bourrue. Je pense à sa famille, celle d’avant, celle d’aujourd’hui, aux paysans du coin qui ont perdu l’un d’eux. Aux anonymes, jamais à ceux qui revendiquent, ou se croient les héritiers. On n’écrit pas sur Murat sans en renvoyer quelques-uns dans leurs 22m. Il l’aurait fait, lui, ou envoyé un de ses guitaristes – mort aussi – dire à l’un de ses thuriféraires qu’il ferait mieux de s’inventer une vie plutôt que de s’accaparer la sienne… Murat n’est plus là, et c’est éminemment triste : tout me paraît vulgaire.

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25/05/2023 | Lien permanent

Etat de Muratologie avancé.

Image 1.pngIl fallait mériter Jean-Louis Murat, hier. Passer l’obstacle d’une sortie de Lyon compliquée et d’une attente au péage en compagnie de skieurs en nombre. Se perdre, également, sur des chemins de terre et tomber sur des pompiers nous indiquant que non, ma p’tite dame, ça fait bien longtemps qu’il n’y a plus d’abattoirs à Bourgoin-Jailleu. Les Abattoirs, justement, une fois retrouvés, m’ont permis, dans leur configuration de salle de spectacle, de revivre ce que l’on ne peut faire qu’en mode fan au Ninkazi ou ailleurs, un concert de Jean-Louis Murat à trois mètres de lui, avec toute la palette des expressions de son visage, ses agacements quand le retour n’est pas suffisant, ses regards attendris, toujours, vers son historique, maintenant, de batteur, quand une de ses caisses, descellée, ira brinqueballant tout le long du concert. Il fallait mériter Jean-Louis et pour cela attendre 22h, le temps, une fois de plus, qu’une première partie perde conscience et se sente habité par une mission que ni son jeu de guitare ni la variété de ses compositions ne justifiait. Jean-Louis Murat aux Abattoirs pour la tournée de son superbe « Grand Lièvre », que cela pouvait-il donner après le très bon concert du Ninkazi, il y a quelques mois ? Guère plus, c’était certain. Mais différent, ça l’était aussi, puisque Murat a cette qualité immense d’être toujours surprenant. Je l’ai donc retrouvé avec un bassiste différent, puisque Fred Jimenez, que je croyais pourtant indissociable de Stéphane Reynaud, a paraît-il été appelé par Johnny. Tant que ce n’est pas Clo-Clo, l’honneur est sauf. Et le « petit nouveau », à la coupe afro-cubaine qui rendrait jaloux Raoul Paz et Robert Herbin réunis, s’en est bien tiré, avec un jeu de main droite curieux, alternant sur deux micros de sa Fender. Mais le Murat classique est là : une section rytmique lourde et ronde, la mélodie rappelée constamment par le clavier de Slim "Sioux" Batteux et la guitare du maître. Cette configuration, je l’ai dit, déjà, est la meilleure pour lui. C’en est touchant, même, de voir à quel point, sur le plan de scène, les trois musiciens forment un arc de cercle tout entier tourné vers Jean-Louis qui n’aime rien de mieux, une fois le chant passé, que de s’approcher d’eux et de jouer avec, plus Neil Young que jamais. Le son est spectral, les morceaux sont posés et c’est à l’intérieur qu’ils les rejouent chaque fois différemment. Avec une intention plus rock, plus rapide, hier, dès les premiers morceaux, « La lettre de la Pampa », « les rouges souliers », « le champion espagnol », « Haut-Arverne »… Vous trouverez des compte-rendus circonstanciés ailleurs, mais par rapport au Ninkazi, première surprise, la disparition, en entrée, du fabuleux « Qu’est-ce que ça veut dire ? » . Qu’on retrouvera évidemment plus tard, soigné, allongé, comme un morceau après lequel on peut sortir de scène en remerciant le public. Murat, sous mes yeux, pose son visage fermé, tendu, il entre dans son concert, sa voix est sublime, toujours, tout est là. Il offre rapidement une nouvelle chanson, « je ne cesse de penser à toi », sans doute, sur des amours mortes, promises sur un tombeau. Promet de la musique de chambre pour jouer « Alexandrie ». Lance une deuxième nouveauté avant le premier break, une de ces petites merveilles ciselées qu’il lançait sur le Net il y a longtemps et qu’on a déjà envie de retrouver : le refrain rime sur Belle, la mélodie est prégnante, il est question du corps de Jeanne… Une chanson qui n’a pas encore de titre, répond-il à l’homme qui l’interpelle dans le public. Un public qu’il n’aura pas eu à conquérir par autre chose que ses chansons : à 60 ans, le bonhomme n’a jamais été aussi pudique sur scène, autant qu’il pratique l’enflure en promo. C’est une donnée connue et secondaire : quand Murat envoie la batterie lourde pour la deuxième heure du concert, quand s’enchaînent, justement « Vendre les prés »,« Qu’est-ce que ça veut dire » sans les chœurs mais avec des mimiques qui frisent le prix d’interprétation et un « 16h qu’est-ce que tu fais ? » dont le seul défaut est d’avoir le même premier riff de guitare que « Jim », qui ne sera pas joué. Mais sur 16h, Murat expérimente de nouveaux effets voix, mécaniques, répète à l’infini et en accélérant, dans un exercice de diction surréaliste, «Tes yeux m’auront blessé, je redeviens puceau », on se dit que rien que pour ça, ça valait la peine d’aller jusqu’à Bourgoin. « Alcaline », la Christopho-Bashungerie en deuxième rappel puis, pile à l’heure de l’attendu – et espéré – « examen de minuit », la seule vieillerie de la soirée, le truc qui reste en tête toute la nuit, un « Si je devais manquer de toi » à rallonge, passé à la moulinette du quatuor, avec reprise instrumentale. Je m’en vais vite, je sais qu’il vient dédicacer après le concert, mais c’est justement là où je n’ai pas envie d’être. « Vous voulez chacun un morceau, mais qu’est-ce que ça veut dire ? » a-t-il bougonné à l’hystérique abreuvé de bière qui hurlait qu’il voulait « la jalousie » comme pour montrer qu’il connaissait bien son Murat et qui, défait, a hurlé « Clermont » pour bien justifier que oui, les imbéciles heureux sont nés quelque part. On a chacun son Murat. Ça fera vingt ans l’an prochain que je vais voir cet homme jouer son art sur scène et je suis toujours surpris, jamais déçu. Même si hier, j’ai repensé à Sylvain Vanot : une première partie qui a du talent mais en doute en permanence. C’est mieux dans ce sens.

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17/03/2012 | Lien permanent

Jean-Louis Clavaizolle

Déférence gardée envers les formidables Jimenez et Reynaud,  c’est avec une  véritable émotion que j’ai retrouvé hier, à St Genis Laval – un endroit improbable pour un concert, qui montre que la ville de Lyon n’est plus à-même d’accueillir comme il se doit des artistes entre deux âges et deux publics – l’adjuvant historique de Jean-Louis Murat, celui des sessions planantes de Murat en plein air, celui des concerts acoustiques du Dolorès Tour, celui, déjà retrouvé, du Murat chante Ferré qui chante Baudelaire. Clavaizolle, c’est le retour de nappes de synthé – un instrument que je ne manque jamais d’honnir par ailleurs – et des quelques boucles qui équilibrent les envolées solistes d’un Mumu dont on m’a dit hier à la fois qu’il devrait prendre un guitariste (comme dans « le parfum d’acacias au jardin ») et qu’il n’avait jamais aussi bien joué de la guitare… On le sait, j’en ai déjà parlé ici (sur l'article le plus diffusé de l'histoire de ce blog!), l’auvergnat ne laisse personne indifférent, entre sa maîtrise absolue des enflures médiatiques (insultes, comportement de gougnaffier) et sa radicalité musicale (des albums à foison, entre trash expérimental et merveilles abouties, comme son dernier « Cours ordinaire des choses », enregistré à Nashville et album incontesté de l’année 2009) qui le pousse à laisser derrière lui des trésors que bien des Florent Marchet paieraient pour en chanter ne serait-ce qu’un. Attaque gratuite mais assumée.

Murat hier à St Genis-Laval, c’est une atmosphère d’outre-tombe avec laquelle il se plait de jouer, des éclairages moins présents sur scène que dans la salle, le service minimum de mots au public qui lui évite de dire n’importe quoi et quatre types sur scène qui se complètent parfaitement. Denis, donc, mais aussi cette excellente session rythmique aux notes rondes et profondes, ces intro étirées qui laissent penser à tout moment qu’un « Jim » ou qu’un « lien défait » peut arriver, et puis non. On joue chez Murat les albums qu’on défend, tant pis pour les nostalgiques. Qui se consoleront quand même avec un « train bleu » féérique, même si, là aussi, comme s’il avait peur lui-même de sa sanctuarisation, Jean-Louis détourne, trompe, fausse (la voix), propose une autre version que celle attendue. Il ne faut s’attendre à rien avec Murat, c’est la leçon des multiples concerts que j’ai vus de lui depuis 1993 et ses premiers pas sur scène, au Transbordeur. Quand il interpellait les « endimanchées » qui partaient plus tôt. Hier, il y en a quelques-unes qui sont parties aussi, lassées, peut-être, d’entendre ces intros qui se ressemblent pour tromper l’ennemi et qui font la part belle, une fois la rythmique en place, à la déstructuration muratienne, la guitare qu’on sature, le Neil Young qui revient. Quand on pense au chanteur de charme qui sévissait chez Drucker, on se dit qu’il a bien vieilli ; mais quand on repense aux versions qu’il a faites des chansons qu’il y chantait en 2000 ou 2004 par exemple, on se dit qu’il pourrait quand même faire quelques concessions, placer quelques vieilleries au milieu de ses amours vagabondes. Puis on se reproche de l’avoir pensé. Une soirée avec Jean-Louis, c’est toujours surprenant ; il n’y a que les personnes que l’on retrouve qui ne changent pas vraiment. Et quand Jean-Louis, Denis et les deux autres finissent par « l’examen de minuit », c’est abruti de bonheur et de beauté qu’on quitte la place.


 

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22/10/2010 | Lien permanent

Les gens, il conviendrait de ne les connaître que disponibles...

On ne choisit vraiment jamais les chansons qui nous portent pendant toute une vie. "Richard", de Léo Ferré, je ne l'ai connue que tardivement, bien après tous ses classiques que j'ai appris à aimer à dix-sept ans tout en faisant semblant de les avoir connus depuis toujours. Mais depuis, c'est un morceau qui me porte et m'intrigue, comme d'autres chansons auxquelles on a donné des prénoms ("Pierre" il faut qu'il rentre du bois, car il commence à faire froid, ici, tadadam tadadam tadadadadadam...). Je n'avais jusque là entendu que Murat la reprendre, puis Cali la reprendre après Murat. C'est aujourd'hui une version audio en bonus du DVD de "Lavilliers chante Ferré". Evidemment, je n'ai pas le droit de vous la mettre en lien ici. Mais je peux vous renvoyer ici, et vous l'entendrez.

NB: aimable façon de passer le temps et de ne pas laisser ce blog sombrer dans l'oubli, mais je travaille, beaucoup. Je travaille pour gagner ma vie et je travaille aussi à la réaliser. Après le gentil lien que l'Inoxydable a transmis aux amis de Deuce, nul doute que des millions de personnes savent désormais qu'après Dom Juan, dont j'espère la parution imminente, je me suis lancé dans des aventures lycéennes que mon ami Hostettler transforme en ce moment au-delà de mes espérances... Mais chut!

Allez, Léo!

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13/05/2009 | Lien permanent

Il faut sourire à Drucker!

Belle rencontre, à l'instant, avec Jean-Louis Murat, dans cet atroce et inconfortable forum de la FNAC Bellecour; j'ai hésité à y aller, parce que je suis toujours réticent à l'idée d'aller voir ceux que je lis et que j'écoute en vrai, mais l'époque a fini de me convaincre: il est difficile, désormais, de "défendre" l'auvergnat, tant ses dernières prestations médiatiques l'ont soumis à la vindicte populaire. Ce qui me le rend immédiatement sympathique, de fait. Il allait forcément, l'aborder, ce point-là, j'étais curieux de l'entendre, lui, sur la question. Et je n'ai pas été déçu; oubliée très vite la formule interviewer/interviewé, le portrait en filigrane via les oeuvres qui l'ont inspiré. On a bien eu droit à une petite analogie entre John Ford et Claude Zidi pour souligner un éclectisme d'autodidacte, sans chapelles ni barrières précises. On a eu quelques prescriptions de musiques et de livres qui ont pour fonction "d'enlever le mal de tête". Une heure avec Simenon, par exemple, pour Jean-Louis Murat, c'est la santé assurée. Peut-être parce qu'entre "brutes sophistiquées", l'oxymore muratien du jour, ils se comprennent, qui sait, souffle-t-il, admiratif des "trois femmes jour" de l'auteur de Maigret. Dans les musiques qui sont bonnes pour la santé, des musiques de dentiste ("parce qu'on sent plus la douleur") ou de bouddhistes ("une religion pour les gens fatigués"), il y a Neil Young et "Bob dit l'âme", dont il (et on) reparlera. Parce qu'il est déjà parti sur autre chose, Jean-Louis, il a de lui-même donné la parole au public, sans attendre la fin de l'entretien, l'exortant de ne pas poser des "questions de journalistes". Alors on a droit au chapitre auvergnat, aux lieux dont la charge poétique est désormais, chez lui, "ventilée par les éoliennes", à son séjour à Nashville, sa passion pour le blues, "la dernière musique où les grands-pères ont le droit de chanter". "Je cherche la nouveauté dans la voix des grands-pères", assène celui qui se proclame par ailleurs esclave des mots "ange", "âme", "amour" aussi, le terme le plus usité chez Racine. Un mécréant qui assume ses références sacrées, qui redresse une croix quand il investit un lieu...

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Puis on ripe, Jean-Louis Murat redevient Bergheaud et s'emporte en tant que lui-même, par pour donner un change médiatique, puisqu'il est là comme à la maison: c'est l'industrie du disque, la situation "dramatique" - le mot est répété cinq, dix fois, des musiciens, des personnels des maisons de disque, plus encore, une agonie qu'il nous raconte parce qu'on ne veut pas la voir. Il dit être très proche de ces techniciens ou musiciens qui ne trouvent plus de travail et dont certains achètent des fusils après avoir épuisé les anti-dépresseurs. En six ans, les ventes de disques ont chuté de 60%, lui-même est passé de 200 000 exemplaires en début à 20000 pour Taormina, 15000 pour l'exellentissime "Cours ordinaire des choses"... S'il est allé à Nashville, dit-il, c'est parce qu'il est loin d'être sûr de pouvoir faire un autre album, c'est aussi parce que le cours du dollar lui était bénéfique. Il dit ces artistes - pourtant reconnus - obligés d'hypothéquer leur maison pour financer un album pour lequel la maison de disque n'avance pas un centime. Il confie être "périmé" dans sa façon de faire, voit les nouveaux groupes qu'il appelle "les jeunes job-à-côté", ou les groupes d'instituteurs puisque, comme pour la littérature, l'Education Nationale est le premier fournisseur de deuxième-boulot-qui-devient-le-premier... Et là dessus, il y arrive, aux journalistes radio et télé pour qui il est impératif de faire comme si tout allait bien, comme si, une heure avant, on n'était pas justement avec un musicien désespéré qui menaçait de se faire sauter le caisson... Pour lui, il est désormais impossible de dire que "ça ne va pas", de la "ramener", puisqu'il est acquis que tout doit aller bien, et que la fonction policière des médias et de l'opinion fait que si on va à contre-courant, si on n'offre pas le visage attendu, la condamnation est globale, via Internet immédiatement, via l'opinion publique qui ne veut pas plus de vagues que les médias qu'elle consomme. Pourtant, dit Bergheaud, "il faut déraper!" Il raconte l'envers de ce qu'on a dit de lui, Nagui qui fait effacer la bande de sa prestation en cabine, Pascale Clarke qui le reçoit froidement et qui, avant même qu'il ait quitté le studio, lance sur Internet une vidéo alors même qu'il ne savait pas qu'il était filmé. Il dit les cours de "coaching" que reçoivent les nouveaux artistes, dispensés à prix d'or par les mêmes qui les intervieweront après, satisfaits de leurs réponses de "footballeurs" ou de "députés UMP". "Pas d'autres solutions que d'être imbuvable", lâche-t-il enfin, le coeur gros mais en confiance. Et de citer encore en exemple Dylan ou Neil Young dont il a appris à Nashville qu'ils étaient absolument odieux en studio. Seul moyen selon lui de "préserver la source", "ce moi intime" qu'il ne faut absolument pas altérer. Dylan était génial, dit Murat, quand il donnait une interview par an; maintenant qu'il en donne trente, rien n'en ressort. Il faut préserver la source, jusqu'à la folie peut-être, au prix d'une immense solitude, souvent. Murat ne dira rien d'autre. Il s'est auto-proclamé à l'agonie, déjà mort. Il n'y aura ni live, ni dvd, peut-être même pas de concerts puisqu'un chanteur qui ne vend pas ne remplit pas de salles et que les petites salles ferment puisqu'il n'y a plus de chanteurs pour les remplir. L'absurdité du système est démontrée, mais ce que est bien avec Bergheaud, c'est qu'il ne nous épargne pas puisqu'on est aussi responsable de l'état dans lequel on se trouve. Il est "tricard", y compris dans les dernières forteresses qui l'abritaient - dont Inter. Nous aussi, sans doute, dans notre quotidien.

Murat s'est emballé, il est temps d'en finir. Je lui glisse à lui aussi une petite enveloppe kraft, il est important de rendre ne serait-ce qu'une infime partie à ceux qui nous ont beaucoup donné. Il signe mon "Baudelaire/Ferré/Murat", un peu hébété peut-être de la violence de son propos. Mais à part ça, "il va bien", rassure-t-il. Oui, finalement, dans ce marasme, la bonne nouvelle est là, elle reprend la relativité: l'heure que j'ai passée avec lui, je ne l'ai pas perdue.

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22/10/2009 | Lien permanent

40.

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Un article qui date de 2009, qui a lancé mon blog et que je retrouve inopinément.

IL FAUT SOURIRE À DRUCKER

Belle rencontre, à l'instant, avec Jean-Louis Murat, dans cet atroce et inconfortable forum de la FNAC Bellecour; j'ai hésité à y aller, parce que je suis toujours réticent à l'idée d'aller voir ceux que je lis et que j'écoute en vrai, mais l'époque a fini de me convaincre: il est difficile, désormais, de "défendre" l'auvergnat, tant ses dernières prestations médiatiques l'ont soumis à la vindicte populaire. Ce qui me le rend immédiatement sympathique, de fait. Il allait forcément, l'aborder, ce point-là, j'étais curieux de l'entendre, lui, sur la question. Et je n'ai pas été déçu; oubliée très vite la formule interviewer/interviewé, le portrait en filigrane via les oeuvres qui l'ont inspiré. On a bien eu droit à une petite analogie entre John Ford et Claude Zidi pour souligner un éclectisme d'autodidacte, sans chapelles ni barrières précises. On a eu quelques prescriptions de musiques et de livres qui ont pour fonction "d'enlever le mal de tête". Une heure avec Simenon, par exemple, pour Jean-Louis Murat, c'est la santé assurée. Peut-être parce qu'entre "brutes sophistiquées", l'oxymore muratien du jour, ils se comprennent, qui sait, souffle-t-il, admiratif des "trois femmes jour" de l'auteur de Maigret. Dans les musiques qui sont bonnes pour la santé, des musiques de dentiste ("parce qu'on sent plus la douleur") ou de bouddhistes ("une religion pour les gens fatigués"), il y a Neil Young et "Bob dit l'âme", dont il (et on) reparlera. Parce qu'il est déjà parti sur autre chose, Jean-Louis, il a de lui-même donné la parole au public, sans attendre la fin de l'entretien, l'exortant de ne pas poser des "questions de journalistes". Alors on a droit au chapitre auvergnat, aux lieux dont la charge poétique est désormais, chez lui, "ventilée par les éoliennes", à son séjour à Nashville, sa passion pour le blues, "la dernière musique où les grands-pères ont le droit de chanter". "Je cherche la nouveauté dans la voix des grands-pères", assène celui qui se proclame par ailleurs esclave des mots "ange", "âme", "amour" aussi, le terme le plus usité chez Racine. Un mécréant qui assume ses références sacrées, qui redresse une croix quand il investit un lieu...

Puis on ripe, Jean-Louis Murat redevient Bergheaud et s'emporte en tant que lui-même, par pour donner un change médiatique, puisqu'il est là comme à la maison: c'est l'industrie du disque, la situation "dramatique" - le mot est répété cinq, dix fois, des musiciens, des personnels des maisons de disque, plus encore, une agonie qu'il nous raconte parce qu'on ne veut pas la voir. Il dit être très proche de ces techniciens ou musiciens qui ne trouvent plus de travail et dont certains achètent des fusils après avoir épuisé les anti-dépresseurs. En six ans, les ventes de disques ont chuté de 60%, lui-même est passé de 200 000 exemplaires en début à 20000 pour Taormina, 15000 pour l'exellentissime "Cours ordinaire des choses"... S'il est allé à Nashville, dit-il, c'est parce qu'il est loin d'être sûr de pouvoir faire un autre album, c'est aussi parce que le cours du dollar lui était bénéfique. Il dit ces artistes - pourtant reconnus - obligés d'hypothéquer leur maison pour financer un album pour lequel la maison de disque n'avance pas un centime. Il confie être "périmé" dans sa façon de faire, voit les nouveaux groupes qu'il appelle "les jeunes job-à-côté", ou les groupes d'instituteurs puisque, comme pour la littérature, l'Education Nationale est le premier fournisseur de deuxième-boulot-qui-devient-le-premier... Et là dessus, il y arrive, aux journalistes radio et télé pour qui il est impératif de faire comme si tout allait bien, comme si, une heure avant, on n'était pas justement avec un musicien désespéré qui menaçait de se faire sauter le caisson... Pour lui, il est désormais impossible de dire que "ça ne va pas", de la "ramener", puisqu'il est acquis que tout doit aller bien, et que la fonction policière des médias et de l'opinion fait que si on va à contre-courant, si on n'offre pas le visage attendu, la condamnation est globale, via Internet immédiatement, via l'opinion publique qui ne veut pas plus de vagues que les médias qu'elle consomme. Pourtant, dit Bergheaud, "il faut déraper!" Il raconte l'envers de ce qu'on a dit de lui, Nagui qui fait effacer la bande de sa prestation en cabine, Pascale Clarke qui le reçoit froidement et qui, avant même qu'il ait quitté le studio, lance sur Internet une vidéo alors même qu'il ne savait pas qu'il était filmé. Il dit les cours de "coaching" que reçoivent les nouveaux artistes, dispensés à prix d'or par les mêmes qui les intervieweront après, satisfaits de leurs réponses de "footballeurs" ou de "députés UMP". "Pas d'autres solutions que d'être imbuvable", lâche-t-il enfin, le coeur gros mais en confiance. Et de citer encore en exemple Dylan ou Neil Young dont il a appris à Nashville qu'ils étaient absolument odieux en studio. Seul moyen selon lui de "préserver la source", "ce moi intime" qu'il ne faut absolument pas altérer. Dylan était génial, dit Murat, quand il donnait une interview par an; maintenant qu'il en donne trente, rien n'en ressort. Il faut préserver la source, jusqu'à la folie peut-être, au prix d'une immense solitude, souvent. Murat ne dira rien d'autre. Il s'est auto-proclamé à l'agonie, déjà mort. Il n'y aura ni live, ni dvd, peut-être même pas de concerts puisqu'un chanteur qui ne vend pas ne remplit pas de salles et que les petites salles ferment puisqu'il n'y a plus de chanteurs pour les remplir. L'absurdité du système est démontrée, mais ce que est bien avec Bergheaud, c'est qu'il ne nous épargne pas puisqu'on est aussi responsable de l'état dans lequel on se trouve. Il est "tricard", y compris dans les dernières forteresses qui l'abritaient - dont Inter. Nous aussi, sans doute, dans notre quotidien.

Murat s'est emballé, il est temps d'en finir. Je lui glisse à lui aussi une petite enveloppe kraft, il est important de rendre ne serait-ce qu'une infime partie à ceux qui nous ont beaucoup donné. Il signe mon "Baudelaire/Ferré/Murat", un peu hébété peut-être de la violence de son propos. Mais à part ça, "il va bien", rassure-t-il. Oui, finalement, dans ce marasme, la bonne nouvelle est là, elle reprend la relativité: l'heure que j'ai passée avec lui, je ne l'ai pas perdue.

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21/11/2021 | Lien permanent

Etre amoureux de toi pour qu'on s'occupe de moi.

IMG_0395.jpgCe blog n’a pas vocation à se spécialiser dans l’information et la promotion de Jean-Louis Murat, j’en connais – et des très bons – qui font ça à merveille. Cependant, au sortir du deuxième concert de sa tournée Grand lièvre, un album que je chroniquais le jour de sa sortie, je dois dire ici mon enthousiasme, et celui de ceux qui m’y ont accompagné. Rarement l’auvergnat ne m’a paru aussi à l’aise sur scène qu’aujourd’hui, aussi bien dans son jeu et, dois-je dire, aussi bien accompagné. Pourtant, j’avais souligné, l’année dernière encore, l’importance de Denis Clavaizolles dans le dispositif muratien, mais des choix ont été faits, et pas forcément du côté que l’on croit. Le clavier des premières années du côté de chez Zaz, c’est avec un autre clavier dont je n’ai pas compris s’il s’agissait de Slim Batteux, qui a enregistré le disque, ou d’un autre embauché pour la tournée, que le concert commence. En tout cas, ce sont les morceaux qui tournent, avec une option, outre les chœurs, moins omniprésents sur scène que sur galette, accords bien plaqués là où Clavaizolles procède par nappes : ça donne une structure supplémentaire, à mon sens, au morceau et, disons-le tout net, ça encadre davantage le Jean-Louis, ce qui aère son jeu de guitare et ne lui laisse pas les impro interminables doublées de hurlements qu’on a déjà trop entendues sur d’autres tournées. A ce sens, la première heure, hier, dans un Ninkazi bien sonorisé – c’est à souligner – fut dantesque, de par une session rythmique Raynaud/Jimenez au sommet, plus encore sur scène que sur disque, c’est vous dire. Cette rythmique « ronde et carrée à la fois » dira le Dory 4, c’était déjà le support de la tournée du « Cours ordinaire des choses », c’est l’apothéose du Grand Lièvre Tour. Et comme chez Murat, c’est l’exigence qui prime, c’est tout l’album qui y passe dans la première heure, avec un extraordinaire triptyque pour commencer : « Qu’est-ce que ça veut dire ? », « sans pitié pour le cheval » et ce formidable « Rémi est mort ainsi », avec ce vers pour lequel je me damnerais : « dans l’air des montagnes, entends-tu l’hallali ? », les chœurs qui suivent… Un "mousse noire" supérieur aux deux dernières tournées. Même les morceaux qui me semblaient plus faibles, comme « le champion espagnol » ou "la lettre de la Pampa" se mettent au diapason. Et que dire de ces singles qui se supportent eux-mêmes, "les rouges souliers" dont les premières mesures, irrésistiblement, renvoient au "Cheyenne Autumn", et  "Il faut vendre les prés", à l'orgue Hammond presque dansant, au bout du paradoxe ? La limite n’a pas été franchie, il n’y aura pas d’autodestruction, le concert sera bon jusqu’au bout, dans mon top 2 sur la quinzaine vécue, après l’inatteignable Salle Rameau et ses « lien défait », « Troupeau » et « je veux te garder près de moi ».

Moins d’effets que sur le disque, une formation neilyoungeste qui lui sied à merveille, tous resserrés à observer le patron donner la mesure, un son et lumière qui éclate jusqu’aux ingé-sons à la console qui s’en donnent à cœur joie, le concert a commencé fort et, à mon sens, n’a baissé qu’en rappel, du moins sur les deux premiers, un « Alcaline » emprunté à Bashung qui n’a rien apporté et un « Voyageurs perdus » qui retient un peu son souffle avant qu’un « Jim » réorchestré pour le clavier n’emporte le tout, avant un dantesque (pléonasme) « Jour du jaguar ».

Je sais que les muratiens guettent chacun des signes qu’il donne. Qu’il n’ait rien dit du concert ne leur a pas suffi : pour certains, il y a eu trop d’ironie dans la gestion du public, voire dans la présentation des musiciens. Pour d’autres, qu’il n’ait rien dit relève justement du je-m’en-foutisme. Moi qui connais mon Murat et qui, alternativement, m’amuse et me désole de ses sorties médiatiques, je sais que ses baisers de départ ne sont jamais dispensés en vain. Je ne suis pas allé le trouver à la sortie, en signature, je n’en vois pas l’utilité depuis que je lui ai tout dit. Mais en partant, j’ai eu la chance de serrer la main de Fred Jimenez et de faire un signe de remerciement à Stéphane Reynaud. Plus j’avance dans l’expression de mon art, plus ces signes-là me semblent essentiels. Tant mieux. Bientôt vingt ans que je vais voir Murat en concert ; j’ai appris à la radio, hier, qu’il en avait soixante… Pourtant, aminci, les cheveux courts, j’aurais juré, ce soir, dans la lumière bleutée, retrouver la pochette du « garçon qui maudit les filles ». Si Dieu ou qui que ce soit me prête vie et nonobstant la récession, je serai à Bourgoin, pour le prochain concert. J’y retrouverai Jacques et les autres. Quitte à signer encore des PAL. Bonne nuit.

NB: pour répondre au commentaire matinal de Didier Le Bras et parce que je m'en veux de l'avoir omis, je renvoie tous les amateurs au(x) site(s) de cet homme qui connaît très bien son Murat, également, et qui a la délicatesse de mettre au grand jour sa collection. C'est ici. Merci à lui.

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13/10/2011 | Lien permanent

Bal populaire.

photo-11.JPGAh bah non, pas deux fois, pas dans la même semaine, pas la chronique qui tombe du ciel, de la nuit et de l’extrême plat de pâtes, une fois la fête à neuneus digérée! Appréhendée, surmontée, puis vécue de plein fouet aux Invites de Villeurbanne, petite sœur moderne des Eclanova  où je vis Stephan Eicher dans ses premiers concerts, à l’âge où, comme mon fils ces mois-ci, je faisais semblant de réviser le Bac. Un Murat en plein air, soit, encore, mais contraint, avec le Delano Orchestra, le groupe clermontois auquel il s’est affilié au point de sortir avec eux, à la rentrée – novembre, décembre – son album semestriel. Rendez-vous donc au square de la Doua, en pleine fête populaire, orchestrée, bien involontairement, par un ivrogne ayant décidé de pourrir le concert à grands coups de hurlements intempestifs et de provocation. Jusqu’à l’extrême, l’intervention de un ou deux maîtres de rang, dont moi, qui auraient bien aimé lui faire entendre gorge, ou raison. Plutôt gorge, en ce qui me concerne, et c’est rare ; cela étant, je lui souhaite, en toute conscience, une cirrhose aggravée dans les plus brefs délais, et à la morue qui l’accompagnait, de se faire encloquer dans une cave par une dizaine de s

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22/06/2014 | Lien permanent

Mille Chevaux de Troie.

1000.pngC’est un faux événement parce que j’ai déjà effacé, il y a quelques années, des  dizaines de messages qui encombraient la mémoire de l’endroit et qui, relus par la suite, n’apportaient rien à l’ensemble. Mais c’est le 1000ème message référencé ici, aujourd’hui, mille étapes à ce projet autobiographique qui fuit l’idée de narcissisme pour défendre l’égotisme : j’ai donné à voir, à entendre, à lire, tâté de la radio, du studio d’enregistrement, de la galerie d’art, de la librairie, des médiathèques et même, donc, de la télévision. Mille notes et près des trois années de chroniques quotidiennes, depuis que Christian Chavassieux m’a convaincu que c’était possible. J’en ai connu, des moments de découragement, des envies de tout arrêter parce que, toujours, la question de la légitimité se pose. Il en a suivi, des humeurs, ce blog, des messages codés, des envies réfrénées, des déceptions. Il a été de toutes mes rencontres, toutes relatées dans la foulée, en ligne le lendemain, parfois à 4h comme à Evian, juste avant d’aller à Vougy. Il a attiré l’attention de Jean-Louis Murat, de Stephan Eicher, sans que ça m’importe davantage que l’attention des autres. Il s’en est bien trouvé un ou deux pour tenter de me faire abandonner, quand même. Qu’ils se fassent à l’idée : je continue. Dans cette partie de vie qui s’offre à moi, je concentre mes forces sur le roman qu’il me reste à écrire, et, peut-être, dussé-je parler dans le vide et perdre tout ou partie des 6000 passants qui reviennent tous les mois, vous parler du livre en train de s’écrire. Après 1000 notes consacrées à l’histoire en train de se faire.

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07/11/2013 | Lien permanent

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