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Rechercher : Didier le Bras

Mes aubépines.

Je réponds souvent que l'écriture m'est venue de la prétention d'arrêter le temps, de vouloir qu'un instant, une sensation, une image se prolonge. Dans le même temps, je pense à cette cicatrice que j'ai sur l'avant-bras droit: une belle marque d'une dizaine de centimètres, à partir de laquelle je peux décliner, selon mon auditoire, les récits des combats homériques qui me l'ont infligée. Sans dire qu'à dix ans, je me suis très légèrement écorché sur une ronce, et que la trace est restée, a grandi avec moi. Il n'empêche, ce moment-là, je ne l'ai jamais oublié. Mais je ne l'avais jamais écrit.

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20/11/2013 | Lien permanent

16.

LE DÉBUT, LA FIN, LES DÉBUTS.

C'est la dernière ligne droite pour le Cheval de Troie. Qui restera en ligne et annoncera ponctuellement quelques informations, clairsemées - l'édition des Jardins d'Ellington, mon AK II - puis silencieuses. Comme Kronix il y a un an, le blog plongera dans l'oubli et laissera ses 2500 notes dans les abysses numériques, jusqu'à ce qu'un subalterne décide d'un grand nettoyage virtuel. D'ici là, et sans nostalgie, puisque les vies obéissent à des mutations brusques, je remonte le cours de ma existence éditoriale et propose à la lecture les premières pages de tout ce qui est sorti de mon imaginaire et des rotatives : autant finir sur un zeugma.

« Le bras armé de Jean-Louis Pujol», Ed. Pictura, 2008

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15/12/2021 | Lien permanent

Ratures.

Je sais que ça ne se fait pas, alors je le fais. Un petit exemple du travail de relecture, quand la musique initiale - qu'il ne faut pas désavouer pour autant - ne passe plus le cap de ce qu'on veut entendre, soi-même, de la phrase. Ce sont dix lignes d'un roman, dont le manuscrit, sous sa forme brute, fait 356 pages. C'est ligne après ligne qu'il faut gagner le combat de l'écriture.

"Anton ne releva pas la provocation de son épouse, qui Olga disait ça pour rire, rire de la vérité, qu'elle sache qu'elle qui ne gagnerait pas comme ça. Olga Elle venait de pulvériser chez lui les dernières réticences qu'il avait de quitter Vienne: elles ne tenaient plus que dans son métier, qu'il aimait, contre toute attente, et dans la sécurité qu'on leur offrait, contre son silence. Il sortit de ses pensées pour pritendre sa femme dans ses bras, sans la serrer trop. Il, murmura à son oreille qu'ils iraient à Paris, la ville des amoureux, qu'il n'y avait aucune raison pour qu'il n'y en ait que pour les deux amoureux là-bas, dans le salon. Elle sourit, l'entoura de ses bras d'une maigreur extrême:

- Tu m'y emmèneras, et On trouvera un bel endroit pour vous installer, et préparer la suite.

Une saison, deux tableaux : dans le métro, deux jeunes gens minaudent ; visiblement, elle lui fait visiter Lyon, il est Black, très bel homme, élégant, elle pose sa main sur son bras quand il se moque d’elle parce qu’elle a lâché, parlant de cinéma : « ça doit être moins cher en province qu’à Lyon ». Ils rient, ils sont quoi, correspondants, étudiants en échange, je pressens qu’ils seront amants mais que je n’en saurai rien, puisqu’ils descendent. Et dans le bus qui suit, cette jeune femme, rousse, aux belles tâches de rousseur et à la coiffure impeccable, au beau chemisier lilas, elle parle avec cet homme qui regarde ailleurs, ne lui accorde qu’un regard toutes les fins de phrases. Elle en perd presque l’équilibre, quand le bus tressaute, se raccroche à la barre, un rien ridicule. Qu’il cautionne par son absence de réaction, cette ponctuation mécanique de leur discussion par l’assurance, furtive, qu’elle est encore là à lui parler. Ils descendent, je n’en saurai rien non plus, mais il ne la mérite pas.

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24/03/2015 | Lien permanent

Ground Countrol to Major Tom - 9

De mes dix ans, paradoxe à part, je garde moins de souvenirs que de la décennie qui précède. J’ai quelques visions, bien sûr, notamment une, marquante : écrire 2000, l’année, sans imaginer que je pusse y arriver un jour. Me rappeler le calcul mental des 32 ans que j’aurais, à ce moment-là, me demander si la vie se passerait dans l’espace, comme dans « Cosmos 1999 » : nous en avions déjà les cols roulés en lycra… Je me souviens du jour où j’ai écrit 2000 et où toute cette métaphysique m’est tombée dessus ; avant que je tombe moi-même du muret séparant la cour supérieure de celle des petits, à St Denis. Une peur bleue, un bon réflexe de protection et au final, un bras cassé. Mais une barrière de protection installée, depuis. Depuis quarante ans, à la louche. Quel individu peut prétendre laisser une telle trace, indélébile, dans l’établissement qu’il a fréquenté ?

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12/12/2018 | Lien permanent

Le roman d'Aurelia (89-19 7/15)

autograph.jpgJ’ai suffisamment parlé de cet homme, artiste essentiel, pour en rajouter, mais s’il devait y avoir un trait d’union entre ce qui n’était qu’un projet mal parti et la réalité qu’on va toucher du doigt dans quelques jours, c’est bien lui qu’il faudra évoquer. Et dire que la permanence, sur cette ère de 30 ans, c’est lui qui l’a assurée. D’abord en faisant la deuxième voix de mon groupe fétiche pour ouvrir devant le dernier groupe soviétique ou pour les 24h de l’INSA, s’appropriant « les jardins d’Ellington », juste après que les Kakous ont enchanté le public avec leur « Comme un orang-outan »; ensuite en ramenant sur scène la session rythmique d’Aurelia Kreit en inversant les rôles : Tito, qui ne voulait plus tenir les lead vocals, ferait les chœurs, mais ça importait peu: l’essentiel, c’étaient ces deux voix réunies. Oh, l’aimant, l’aimant que c’était, dirait l’autre. La première fois que je suis allé voir « The Boys in the Band », premier nom du groupe, c’était à la Croix-Rousse, pas loin de là où mes grands-mères avaient vécu, dans les rues que j’ai fait traverser à Gérard dans « Tébessa », que j’ai traversées moi-même, enfant. Pour moi qui suis sensible à la mécanique des places, ça ne pouvait que m’émouvoir. Quand on m’a présenté, après toutes ces années, le chanteur d’Aurelia Kreit, j’ai tout fait pour cacher mes rougeurs de midinette. J’aurais pu prendre mal sa relative indifférence, mais je saurai plus tard que cet homme-là est, disons, peu porté sur le manifeste. Ce soir-là, dans le bar, j’ai vécu, à ce sujet, ma première réminiscence, quand je l’ai entendu chanter (en anglais). J’ai été, pour la première fois, confronté à cette énigme : pourquoi me souviens-je de tout et pas des concerts d’Aurelia ? Sans doute parce que je les ai tellement écoutés, par la suite, que seul le son est resté. L’essentiel, sans doute, mais le phénomène est curieux. Les garçons dans le groupe ont vite pris le patronyme, connu, de Nellie Olson, et en 2015, sur un mode post-punk, ont décidé d’enchaîner prise de son en studio, en quasi-live, mixage rock’n’roll et sortie d’un CD, préfinancé par une plateforme connue de crowdfunding. Il faut dire que, de mémoire, pour 50€, on avait droit au disque, à deux entrées de concert et à l’apéro-VIP sur la péniche-concert, à Lyon. Il manquait plus que son poids en M&M’s mais le chanteur a un problème avec le produit : allergique au vert, il est obligé de trier les cacahouètes. Cette soirée dantesque, je la raconte ICI, mais je n’oublierai pas que tous, sauf Tito – pour les raisons énoncées ci-dessus – sont venus me voir pour savoir qui était l’énergumène qui travaillait sur le sujet. Je souris tristement en relisant que j’évoque Philippe Pascal pour parler de Didier, le guitariste. Et j’aimerais que Tito retrouve sa casquette chinoise du concert du CCO de Villeurbanne, qu’il la remette le 28 ; ça compensera de la perte de la basse, laissée à Jérôme, un invité de la reformation, mais un des premiers à m’avoir dit que tout cela, la réunion des deux Aurelia, n’était pas aussi impossible qu’il en paraissait. Et comme il y a trente ans, quand Aurelia, le groupe, sera parti, c’est le Voyage de Noz version Vaisseau Public qui prendra le relais. Comme si rien n’avait changé, je vous dis.

Ces chroniques racontent la genèse et l’édition du roman « Aurelia Kreit », paru aux Editions Le Réalgar.

Présentation du roman le 28 septembre à 14h30 à la librairie du Tramway et à 20h à la MJC Ô Totem de Rilllieux, pour la reformation sur scène du groupe (couplée aux 30 ans du Voyage de Noz).

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20/09/2019 | Lien permanent

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