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10/10/2015

Quelqu'un d'autre.

IMG_4397.JPGC’est avec curiosité et sans – encore – avoir lu un de ses livres que je suis allé écouter Olivier Martinelli, ce matin, à la Médiathèque André Malraux, en plein cœur de la Cité, vers l’étang de Thau. Ma première sortie sétoise pour un auteur du cru, ce qui ne veut rien dire, j’en conviens : j’ai suffisamment faussé les pistes en m’aventurant dans le Berry, le Béarn ou d’autres contrées pour qu’on abandonne l’appellation auteur lyonnais pour ne pas l’infliger, sous d’autres formes, à quelqu’un d’autre, mais je sais aussi à quel point, même ici, être de quelque part vous détermine. Mais enfin : Martinelli, donc, dont Daniel Damart, du Réalgar, m’a parlé le premier, avec lequel j’étais entré en contact, déjà, mais que j’ai vu pour la première fois lire des extraits de son dernier roman, « Quelqu’un à tuer », accompagné à la guitare par Luc Panel, des airs de René Belletto, qui vit de son art dans la grande ville voisine. Un de plus, que je rencontre, et croiserai peut-être aux Internationales du même instrument, la semaine prochaine, quand j’irai voir Vicente Amigo me conforter (ou pas) dans la justesse de mon prochain roman… Olivier Martinelli a 47 ans, enseigne dans le lycée au bout de ma rue, aime tellement la musique que, par respect pour elle, a arrêté d’en faire, a écrit un roman remarqué ayant pour fond la guerre d’Algérie et ancre son dernier dans le contexte de la Guerre d’Espagne… Il a décroché un Prix au nez et à la barbe d’une auteure connue, qui s’est vengée sur le Goncourt, et se demande, à chaque rencontre, s’il faut encore en parler tellement on la connaît elle et tellement on le connaît peu… Pour ceux, qui suivent, et qui pensent que je me suis (encore) inventé un double, je vous assure, ce n’est pas de moi dont je parle, mais bel et bien d’un auteur dont la musique (des mots) est supérieure au genre que la couverture revendique, quelqu’un dont l’écriture est affinée, mélange de psychologie et d’histoire, quelqu’un qui a appris des auteurs américains, John Fante et Salinger en tête, que l’écriture vient des tripes et non pas des diplômes. Un auteur qui explore les tréfonds des âmes tout en revendiquant une douceur d’être, une vie tranquille, sans les affres de la création, preuve, du coup, que ce n’est pas moi. Son ami Luc l’accompagne à la guitare, les rythmes sont flamencos, doux, faussement primesautiers. Je ne peux m’empêcher, en fin de rencontre, de contredire gentiment une dame qui pense que la musique allège un peu le propos, dur, des mots : ça n’est pas ça, le flamenco, c’est aussi une façon, festive, d’aller chercher ce qu’il y a de plus sombre en soi. Les deux faisaient donc, aujourd’hui, le même boulot. L’homme est avenant, cultivé, il a exploré tous les genres alternatifs de l’édition, allant, c’est osé, jusqu’à créer, avec des amis, sa propre maison, il avoue, du coup, avoir coulé les trois quarts de celles qui l’ont édité, il a un regard sur l’édition nationale, se rappelle de ce que lui a dit René Fregni (vieux souvenir d’une interview que j’ai menée pour « Jules & Jim »…), que tant qu’il resterait petit prof de province, il pourrait toujours attendre. Pour pousser le mimétisme, s’il el fallait, l’homme revendique une relation avec son éditeur, a franchi, déjà, les premiers échelons de l’édition blanche, jamais les derniers, s’appuie sur son succès d’estime et la reconnaissance d’un réseau qu’il s’est construit par la force du poignet. De quoi donner envie de le suivre, ce qui est déjà le cas, si j’en juge le public d’une rencontre matutinale en Médiathèque. Puisqu’on ne s’est pas – encore – croisé en Salon, sans doute nous échangerons-nous nos livres, sur la place du village. Nos expériences d’édition. Des contacts, aussi, que je puisse venir présenter mon quatuor « Littérature & Musique » et mes romans dans une ville qui ne me connaît pas. Quelques disques enfin, vraisemblablement : dommage que je n’aie plus le matériel idoine, je lui aurais volontiers refait une K7 de « Echo & The Bunnymen », tiens.

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